Comment…j’ai survécu à une soirée dans un bar gay à 西安

Un peu de détente et de fantaisie, voilà bien des choses que j’ai rarement pu rencontrer au quotidien à 西安 (Xi’an). N’étant pas un grand grand amateur du terrain nocturne, hormis les pubs, je me demandais encore comment passer un bon moment en ville sans se retrouver cerné par l’ensemble des expatriés de la ville. Car il faut bien reconnaitre que 西安 n’est pas aussi internationale et développée qu’on aimerait le croire. Le choix peut être vite limité pour animer ses week end : soit une sortie au karaoké (KTV), soit une soirée dans un bar « huppé » (traduction = nid à expatriés et à chinois parvenus qui pensent que côtoyer des expatriés, même fauchés, est gage de réussite sociale). Perso ça revient à choisir entre la peste et le choléra…que faire ?

5 lignes sur l’homosexualité en Chine

En Chine l’homosexualité, bien que « juridiquement » acceptée, a bien du mal à percer le poids des traditions. Les chinois sont donc particulièrement discrets sur le sujet et très rares sont ceux qui assument leur penchant en public ; c’est plutôt de l’ordre de celui qui le dissimulera le mieux. De la à croire que l’homosexualité est réprimée, je tiens à rassurer mes fans lecteurs : il n’en n’est rien. Par contre, une perte de « face » sociale est à prévoir en cas de sortie du placard. Si bien que les chinois ont appris à jouer une véritable double vie :

  • Soit en se mariant avec des femmes ignorant leur véritable identité sexuelle. L’honneur de la famille étant préservé, plus rien d’autre ne compte ;
  • Soit en se mariant « entre homosexuels », s’entend par : les gays se marient avec des lesbiennes. Le mariage ainsi consommé, chacun vit de son côté avec son partenaire  » de vie ». Quelques gages sont ainsi donnés aux familles respectives (ignorantes du stratagème); là aussi, l’honneur est respecté.

Mais je m’égare un peu… Bref, venu de rien, j’entends donc parler de l’existence de « boites » gay qui s’avèrent plutôt être des « boites-cabarets-dansants ». Avec un ami de mon coloc nous nous rendons le weekend dernier à celui qui répond au nom de 月宫 (Yue Gong – Palais de la Lune…je vois déjà les jeux de mots! ). Ce bar se trouve dans une petite ruelle perpendiculaire à 和平门 (He Ping Men – la Porte de la Paix) à l’intérieur des remparts : 东七道巷 (Dong Qi Dao Xiang).

Bienvenu à 天月宫

Pour ce qui est de l’endroit, il s’avère à première vue être un grand bar, avec une salle relativement spacieuse. Celle ci accueille un grand nombre de tables et fait à une scène/piste de danse. Le fond de la scène est constituée d’un écran géant et d’un escalier descendant sur scène. Jusque là, rien d’anormal si ce n’est une certaine ambiance un peu « glauque » du fait d’être les seuls clients à 20h. On est placé près de la scène et nous commandons 6 bouteilles de 60cl de Carlsberg pour la modique somme de 120Y. Chaque table dispose d’un bol de graines de tournesol, rechargeable à souhait.

Après interrogations des serveurs, on apprend donc que le spectacle commence à 22h30, d’où l’absence de client à cette heure-ci. Mais la salle va vite se remplir au fur et à mesure ; à 22h30 le bar est plein comme un œuf. Je vous passerai la scène du mec qui vient nous tenir la jambe pendant 1 heure pour parler et nous poser les questions plus indélicates les unes que les autres. J’oubliais de préciser que 2 barres de « lap-danse » étaient disposées de part et d’autre du bar…et c’est là que tout commence, car je me demandais encore à quoi nous allions avoir affaire… depuis 30 minutes qu’ils testaient la machine à fumée.

Défilés de dragqueen (Drama Queen) et chorégraphie de boy’s band périmés

A 22h35 on est en plein dedans. 2 mecs viennent se positionner sur chaque bar de « Lap Danse » et une belle « demoiselle » fait son apparition sur le podium. Et c’est partie pour 5 minutes de déhanché sur une musique mi-techno mi-dubstep (pas désagréable). Pour ce qui est de la morphologie et le style des « danseurs » on est loin du sulfureux européen : fin de puberté, filiforme et certainement pas dénudé ; on est en Chine bordel! Ce qui me donne l’impression que l’on est loin d’une ambiance style « bar à putes de Pataya » ou les Bains-Douches à Paris un samedi soir. C’est à peine soft, c’est amusant et plaisant, rien d’agressif ni de subversif.

"Papa, toi qui voulait voir de belles filles en photo, te voilà servi"!

« Papa, toi qui voulait voir de belles filles en photo, te voilà servi »!

Les chorégraphies sont kitchissimes, peu habitées. Les costumes sont fournis et nombreux, mais parfois troués et ça reste très « amateur » même si ont sent que les danseurs et danseuses veulent bien faire. C’est très touchant sans être pathétique…mais PUTAIN QUE C’EST KITCH!

Celle là c'est pour toi papa!!

Celle là c’est pour toi papa!!

Nous enchainons sur un chanteur qui viendra nous chanter 2 chansons chinoises Pop en vogue…mais avec une voix de castra, limite opéra de Pekin. Ajoutez à ça un micro mal réglé, une sono trop forte et un chant trop près du micro et vous obtiendrez -15db à chaque oreille.

Hum...

Hum…

S’en suit une chorégraphie en play-back désastreux (pire que pendant les émissions Dance Machine sur M6), façon boy’s band niaiseux…admirez les micro non branchés et les costumes à l’avenant (il y’a aussi un « Point Moustache »)!

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La minute « Le Plus Grand Cabaret du Monde »

Eh oui, nous avons eu à ce moment où tu te dis que cela te rappelle une vague émission sur France 2. Ca commence avec cette scène de vaudeville chinois, où 4 mecs très mal maquillés (à dessein) entrent sur scène pour te jouer une petite scénette d’hystérie. Rigolo ma foi même si je n’ai pas très bien compris ce qu’ils disaient.

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Ca sentait bon l’improvisation et les acteurs se bidonnaient eux-mêmes. Forcément communicatif…jusqu’à ce que mon pote me signale qu’il a vu 2 « enfants », de pas plus de 10 ans, près du bar. N’étant pas sur de bien comprendre, je laisse couler en me disant que ce n’était pas possible…erreur!

Car oui, ils ont quand même fait la prouesse d’inviter une petite troupe de 3 enfants acrobates, dont 2 ne doivent pas avoir plus de 10 ans, chaperonnés par un « grand frère » dont l’âge ne doit pas excéder les 16 ans. Alors je vois déjà les cris d’orfraie de certains :  » des enfants dans une boite gay!!!!« . Je me suis posé la même question et je comprends que cela dérange, finalement ce n’est pas leur place. Encore moins d’intégrer une troupe d’acrobates. Finalement en France, rien que ça, ça serait interdit…on préfère toujours quand ça vient des autres pays, c’est plus acceptable à nos yeux d’occidentaux (je m’égare). Je tiens à repréciser que dans ce bar, on est plus proche d’un cabaret type « Michou » en plus soft (eh oui c’est possible) que d’un bar à partouze. Donc une fois passée cette impression, savourons ce spectacle d’acrobaties assez dingue, et même plus impressionnant que lorsque j’ai visité le temple de Shaolin.

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La touche ethnique n’est jamais bien loin du spectacle

En effet parmi les tableaux successifs nous avons eu le droit à :

Ambiance "Mongolie Intérieure" sur fond de musique chevaleresque

Ambiance « Mongolie Intérieure » sur fond de musique chevaleresque

Ambiance "Xinjiang" avec ses mélodies arabisantes

Ambiance « Xinjiang » avec ses mélodies arabisantes

Bref, on en prend plein les oreilles (très fort) et plein les yeux (selon les amateurs du genre). Je tiens à noter qu’il y’a quelques « demoiselles » fort élégantes et voire même dotée d’une beauté naturelle assez insoupçonnée (surement les 3 kg de maquillages en cause…). Mais je laisse mon père se faire une idée. ^^

Le spectacle a duré en tout et pour tout 2h et à 00h30, la piste se transforme en dance-floor géant, où tout le monde peut prendre part, accompagné de quelques danseurs de la troupe. Personnellement en y repensant, je me suis drôlement bien amusé et je pense y retourner de temps en temps. L’équation spectacle extravagant + bière  + possibilité de fumer comme un pompier sans devoir sortir = SOIREE REUSSIE!

Cadeau Papa, je t'aime!

Cadeau Papa, je t’aime!

Qu’est ce qu’on mange

Cela un petit bout de temps que je ne vous avais pas fait part de mes expériences culinaires. Non pas qu’elles étaient sans intérêt mais plutôt qu’elle se distinguaient pas vraiment les unes des autres. Et je n’ai pas trop envie de vous ressortir du réchauffé. Je vais donc en profiter pour vous présenter 1 plat assez présent dans le 陕西. Par le même occasion, je vous montrerai ce que l’on entend par boui-boui ou gargote en Chine.

 

Mais au fait, c’est quoi un « boui-boui » en Chine ?

Pour caricaturer, c’est le genre d’endroit dans lequel aucun occidental n’aurait envie de mettre les pieds…dans son propre pays ; je m’explique. En France, l’un des qualificatifs récurrents à propos des restaurants Kebab/donner/grec c’est bien le manque d’hygiène apparent ET sous-jacent. Mais, on y va quand même (parfois). Et bien en Chine, c’est pareil sauf qu’en comparaison, les restaurants de kebbab sont des modèles d’hygiène et de propreté. Quand on voit les cuisines ou les alentours, c’est une incitation à la diète. Les inspecteurs de l’hygiène français en feraient une attaque cérébrale. Pas de tout à l’égout, les fonds de bols (souvent avec beaucoup de jus) sont versés dans un grand fut en plastique. Ce dernier est récupéré par un espèce d’éboueur spécialisé que l’on croise très régulièrement en ville. L’eau de vaisselle…j’en suis à me demander si elle est changée plus de 2 fois par jour etc. C’est bien simple, je n’ai jamais vu l’un de nos professeurs se rendre dans pareils endroits pourtant prisés par les étrangers et les « paysans » : trop sale, qualité douteuse des produits, fraicheur et chaîne du froid non respectées.

Mais pourquoi y aller ? Je vous donne les 3 raisons qui m’y incitent (mais peut être que d’autres en ont d’autres) :

  • Le prix : imbattable ! On ne dépasse jamais les 15Y par personne (normalement constituée) et c’est plus souvent 10Y le bol ou le plat. Ca ne lésine pas sur les doses!
  • Le goût : c’est simple, les plats chinois les plus goutus, c’est dans une gargote que je les ai mangés. Goût prononcé, avec une vraie « patte » du cuistot, loin des plats globalement insipides des grands restaurants.
  • L’authenticité : y’ a pas mieux! On mange en chinois, avec les chinois du « terroir » qui s’étonnent de votre présence à chaque instant. On vit à la chinoise en mangeant dans ces endroits, c’est indéniable! C’est souvent une cantine pour le midi ou pour sorties de bureau tardives.

 

Pour reconnaitre un bon boui-boui, voici les éléments indispensables :

Tout d’abord, un intérieur peu avenant, relativement crado et donc le souci de décoration …est bien le dernier souci du patron! Des tables avec des tabourets (de pic-nique, souvent) bien luisantes d’avoir été nettoyées avec la même serpillière poisseuse et sans savon. Il est fortement recommandé de ne pas poser plus que ses coudes ou ses poignets sur la table. On évite absolument également de récupérer la nourriture que l’on fait tomber de son bol sur la table : ça fait « mendiant » et c’est vraiment pas recommandé (rapport à la serpillière). On reconnait aussi le bouibui à ses bouteilles d’eau minérale réutilisées en flacon à vinaigre ainsi que le rouleau de papier toilette qui fait office de mouchoir. Enfin, une petite corbeille à papier git sur le côté de chaque table afin de recueillir papiers et autres mollards…

Les murs décrépis et relativement poisseux s’ajoutent au décor, et ça donne :

Alors?

Alors?

Les chinois sont réputés « pragmatiques ». Ainsi, avant de rentrer dans un boui-boui, il est important de savoir ce qu’il propose et à quel tarif. Là encore, la grille tarifaire consiste généralement en un panneau en tissu ou en plastique lavable, négligemment accroché au mur. Les prix et la disponibilité des plats étant modifiés à la mano :

Au menu ce soaaaareee...

Au menu ce soaaaareee…

Le boui-boui chinois c’est aussi avoir l’impression que la salle de « restauration » est intimement mêlée à la pièce à vivre du patron et de sa famille, comme si c’était l’extension de leur salon ou de leur cuisine. Ce n’est pas le cas dans toutes les gargotes mais ça n’a rien d’étonnant non plus d’entreposer les denrées sur le bureau d’ordinateur.

Salle internet option poireaux!

Salle internet option poireaux!

Enfin le boui-boui chinois c’est son fameux bol de gousses d’ail et son pot à piment à disposition du client qui pourra agrémenter à loisir son bol de nouilles, si de saveur il manque. Car oui, les habitants de 西安 (Xi’an) et ceux du 陕西 (Shaanxi, la région administrative dont Xi’an est la préfecture) aiment manger pimenté, aillé…et vinaigré!

Gloups!

Gloups!

 

Bon, mais alors…qu’est ce qu’on mange au fait ?

On y vient, hein?! Poussez pas! Le temps se rafraichit progressivement et les pluies récentes incitent à commander des plats plus roboratifs et faisant la part belle aux spécialités en bouillon. J’ai donc eu le plaisir de gouter ce que l’on appelle un 砂锅 (Sha Guo – litteralement : une cocotte en « sable », en terre cuite). Il s’agit donc d’une petite cocote de terre cuite, posée à même le feu et dans lequel est incorporé un bouillon (de viande, semblerait-il…on ne le saura jamais dans ce genre d’endroit), auquel on ajoute divers lanières de tofu, des « lianes » d’algue sèche, des biscuits torsadés (typiques de 天津, Tianjin, Sud-Est de Pekin), 1 ou 2 boules de viande, des oeufs de caille et de la saucisse en morceau. Ensuite, selon les variétés de 砂锅 (Sha Guo) vous pouvez avoir en sus : des fines pâtes de riz (米线 – Mi Xian), du 麻食 ou 麻什(Ma Shi – sorte de petites pâtes en forme d’oreille, typique du 陕西 et du 甘肃 – Gansu), des tranches de pomme de terre (土豆片 – Tu Dou Pian) ou encore des pâtes instantanées (方便面 – Fang Bian Mian). Le tout pour 7Y (même pas 1€). Ca tient au corps et le petit plus est encore d’accompagner cela d’un bon 肉夹馍 (Rou Jia Mo – petite sandwich de viande). J’ai opté pour le 砂锅麻食. On en redemanderait presque. Bon ap!

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« Vis ma vie » pendant la Golden Week en Chine (Part IV) : Le Memorial du Massacre de Nankin (南京)

Dernière journée à 南京 (Nanjing ou « Nankin » pour les plus francophones d’entre nous). Cette fois-ci la journée de visite sera concentrée sur 1 seul monument et pas des moindres (avec un train à 16h et la superficie particulièrement étendue des villes chinoises en général, on n’a pas trop le choix vu le temps gaspillé en transferts de sites touristiques) : le Mémorial du Massacre de Nankin.

Plutôt rebuté à l’idée d’aller voir ce « type » de monuments, j’ai cédé aux conseils de ma « Môman » et me suis dit que cette institution (somme toute récente, puisque datant de 1985) reste incontournable. A l’origine, je ne goute guère ce genre de visites qui me paraissent un peu un poil « indécente » : c’est comme si on allait dans un grand cimetière en groupe indiscipliné pour aller prendre des stèles funéraires en photo (je caricature…un peu!). De plus, les mémoriaux abritent une atmosphère particulièrement « lourde », pleine de commisération tendance exhibitionniste. Enfin, en pleine période de vacances en mode  » je déconnecte« , me plonger dans une telle atmosphère ne m’enchantait guerre. Mais bon, si j’y suis allé, ET je n’ai pas regretté! (eh toc! Pour ceux qui commençaient déjà à me casser du sucre sur le dos sur mon manque de « charité chrétienne »).

Le Mémorial a été érigé pour les personnes tuées durant le massacre de Nankin perpétré par les armées japonaises à Nankin et dans ses environs, après la chute de la ville le 13 décembre 1937. Pour le reste, je vous laisse le soin de vous informer de l’essentiel des faits ici et . Le mieux est encore de le visiter (eh, re-toc!)

Pour y accéder nous avons une nouvelle fois pris le taxi depuis notre hôtel mais le site est accessible par métro, à la station 莫愁湖 (Mo Chou Hu), ligne 2 (rouge), à l’Ouest de la ville. L’adresse du site est la suivante : 南京市水西门大街418号 (418.Shuiximen Street Nanjing China). L’accès au site est de plus gratuit.

Quoi qu’il en soit nous n’étions pas les seuls à avoir eu la même idée (il fallait s’y attendre)…

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Moins impressionnant que cela en a l’air, nous avons fait là queue sous le soleil « seulement » 15 minutes, avant d’accéder au jardin principal tapissé de graviers. Et comme je m’y attendais, l’atmosphère est « lourde » malgré la frénésie habituelle des touristes chinois. On sent bien que l’on vient de pénétrer dans un « sanctuaire » plein de sens aux yeux des chinois (moins à ceux des occidentaux, vu que l’on n’en parle pour ainsi dire jamais dans nos manuels d’histoire). Nous faisons à nouveau la queue pour accéder au musée principal.

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Je vous épargnerai les photos que j’ai prises dans le musée, cela n’a que peu d’intérêt pour quiconque n’a pas visité le monument. Le plus frappant est la présence du nombre « 300 000 » placardé un peu partout dans et hors du musée en question. Il vient nous rappeler le nombre de morts totalisé sur la période allant de décembre 1937 à janvier 1938 : 150 000 à 200 000 civils tués en raison du seul massacre de 南京 et plus de 100 000 civils et soldats tués pour « fait de guerre ». Là encore les estimations varient et je serais bien mal placé pour intervenir dans ce genre de débat. En tout cas, les autorités chinoises retiennent avant le chiffre de 300 000.

Pour ne pas oublier

Pour ne pas oublier

De salles en salles, on peut apercevoir les portraits des principaux protagonistes chinois (dont certains hauts gradés ont même étudié à Saint Cyr) et Japonais. La mise en scène est particulièrement violente à mon goût et on a du mal à sortir de là sans un sentiment de haine contre les japonais, tant la visite paraît « orientée ». Certains mots me paraissent employés un peu à tort au bénéfice d’une rhétorique complètement partisane (ex : « fascistes » pour parler des Japonais…). Là encore peut se poser la question du degré d’objectivité sur la scénarisation du mausolée : les images de victimes de viols, de violences ou encore de cadavres et autres ossements (réels!) sont abondamment exposés. Mon compagnon de voyage allant jusqu’à me souffler que seuls les japonais étaient capables de ça. Je n’ai pas voulu insister en évoquant le cas du génocide rwandais, arménien ou encore juif, je crois que l’on ne se saurait pas compris.

Quoiqu’il en soit cela permet de prendre une certaine distance par rapport à notre propre histoire européenne et de découvrir que l’Histoire ne tourne pas autour du nombril de l’Europe ; ce qui peut expliquer un relatif détachement (voire total détachement) des chinois, des asiatiques en général, à l’égard des massacres ayant eu lieu sur notre territoire. Au point d’y croiser des éléments incongrus qui auraient fait hurler les non avertis. Par exemple la présence de la Société internationale du Svastika rouge, dont la graphie peut être confondue avec l’insigne Nazi (j’ose préciser qu’il n’y a strictement AUCUN LIEN ENTRE LES 2 ENTITÉS…). Mais quand on ne connait pas l’existence de cette société humanitaire, les clichés peuvent choquer (encore que…).

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Une fois sorti, il y’a la possibilité de visiter quelques petits sanctuaires entre autres lieux directement établis sur les récentes exhumations de fosses communes. Là encore, les ossements ont été maintenus tels quels. Et là aussi, je vous épargne les clichés morbides.

En fin de visite nous nous rendons à l’ultime lieu de commémoration où une flamme perpétuelle est entretenue. Ensuite vient l’accès à la statue symbolisant la liberté.

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En tout cas cette visite aura eu le mérite de m’ouvrir les yeux sur un moment important dans l’histoire de Chine au 20e siècle, tragédie quasiment insoupçonnée en Europe et pas pour autant moins grave que d’autres. Je conseille donc très vivement d’aller visiter ce mausolée en cas de passage sur 南京 (Nanjing), histoire de reprendre une petite dose d’humilité (ça ne fait pas de mal).

« Vis ma vie » pendant la Golden Week en Chine (Part III) : La Montagne Pourpre (南京)

Et nous voici le 2e jour à 南京 (Nanjing), après la visite la veille du temple de Confucius et du lac Xuanwei. Debout très tôt dans la matinée, nous appelons donc le taxi qui nous a conduit la veille à l’hôtel pour venir nous chercher. En effet, je vous rappelle que la veille nous avons du trouver un hôtel en catastrophe en raison d’une annulation de dernière minute. Nous nous sommes retrouvés dans le quartier de 高新路 (Gao Xin Lu), quartier accueillant l’ensemble des entreprises dites « haute technologie » : à part des sièges sociaux aux alentours…rien d’autre.

En taxi Simone, direction donc la gare centrale histoire de récupérer une station de métro.

Sacrée gare, on dirait presque un aéroport

Sacrée gare, on dirait presque un aéroport

Nous avons décidé de visiter le grand parc national de la Montagne Pourpre (南京钟山风景名胜区 – Nanjing Zhong Shan Feng Jing Ming Sheng Qu). Véritable parc proche du concept de « parc forestier« , sa structure est très proche de celle que j’ai rencontré en allant à 庐山 (Lu Shan) dans le 江西 (Jiang Xi), en juin dernier. Là où je pensais seulement visiter le Mausolée de Sun Ya Tsen, je me suis en fait retrouvé dans un véritable site à « spot » touristiques. Comprendre : plusieurs « petits » sites touristiques concentrés sur un seul site global qu’est la Montagne Pourpre (钟山 – Zhong Shan). Le truc, c’est qu’une fois compris, il est trop tard pour faire demi tour (pour acheter des victuailles entre autres choses).

Comment visiter la Montagne Pourpre ?

Même en y passant la journée, il faut faire des choix car tout n’est pas visitable en 1 journée au regard de l’étendue du site, à moins de le faire en courant et de prendre l’ensemble des petites voiturettes / trains permettant de faire le transfert entre chaque site. Et encore, en période de vacances nationales, ça serait occulter les longues files d’attente pour accéder à ce confort, fort inutile à mes yeux.

Après une petite montée de quelques centaines de mètres depuis l’entrée principale, nous arrivons au guichet avec les tarifs suivants :

  • Billet plein tarif : 115Y pour un ticket global, permettant d’accéder à tous les sites ;
  • Tarif réduit : 57,50Y sur présentation d’une carte étudiant chinoise ;
  • Billet unitaire : occille entre 15Y et 30Y par entrée
  • Billet de « petit train » : 10Y et il permet d’accéder à l’entrée du Mausolée de Sun Ya Tsen

Nous arrivons très vite au pied du Mausolée, inondé de touristes, une marée humaine affublée de drapeaux (3Y) et d’autocollants (1Y) aux couleurs du Parti Communiste Chinois dont c’est l’anniversaire (à quelques jours pres). Une fois ça fait, je pourrais vraiment dire « j’ai voyagé avec les Chinois pendant les Vacances Nationales« …

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Pour le coups, aussi bien vu d’en haut que d’en bas, la foule est impressionnante! Zou, on court faire la queue afin d’apercevoir le fameux Mausolée. Il nous est bien évidemment prié de « garder nos vêtements »…

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Voici la statue du fondateur de la République chinoise

Voici la statue du fondateur de la République chinoise

Une fois visité, nous ne perdons pas de temps et descendons rapidement la volée d’escaliers afin d’accéder au site suivant ; et ce ne sera pas le dernier. Direction le site du Tombeau des Ming (classé patrimoine de l’Unesco).

Et là, nous découvrons enfin la carte complète du site de la Montagne Pourpre

Mais on est où la...?

Mais on est où la…?

La visite de cette partie du site a été expéditive pour 2 raisons principales inhérentes au site ( gigantesque) et à la période choisie (toute la Chine en vacance, merci la promiscuité!). Toutefois le site est réellement magnifique et mérite à n’en pas douter, le coups d’œil. De véritables bâtisses gigantesque sortent des arbres.

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Cela ressemble presque à un chateau fort, avec fortifications tout autour du tombeau. A l’Est , il est possible d’accéder à plusieurs chemins donc certains mènent jusqu’à l’Observatoire astronomique de la Montagne Pourpre (service de téléphérique entre aperçu) ou au Lac Zixia (紫霞湖). Nous choisissons ce chemin-ci, faute de temps pour atteindre l’Observatoire.

L’accès au Lac est gratuit et se fait en traversant une petite forêt ombragée, bien éloignée du tumulte des autres sites touristiques. Je dois reconnaitre que c’est particulièrement agréable, surtout que l’ombre apporte une petite fraicheur fort bienvenue en plein cagnard!

Le lac apparaît très vite sous nos yeux, dans les creux de la Montagne Pourpre, presque un havre de paix.

J'ai regretté de ne pas avoir pris mon maillot de bain, car certains ne se sont pas gênés.

J’ai regretté de ne pas avoir pris mon maillot de bain, car certains ne se sont pas gênés.

Là aussi, la visite s’avère expresse : le temps de faire le tour du lac et nous rejoignons vite l’entrée du Tombeau Ming pour accéder aux jardins, aperçu dans le bas de la carte prise en photo plus haut.

Pendant que mon acolyte se repose, j’emprunte donc l’un des chemins qui bifurque à l’accès du Tombeau pour rejoindre un sentier dallé lui même cernés de statues tantôt représentant des guerriers, tantôt d’animaux (surement sacrés). Ça et là, je prends le temps de m’égarer un peu pour sortir des sentiers battus (peu existants, mais à tout le moins peu fréquentés). J’ai le plaisir de traverser ce qui semble être (mais qui n’est pas!) une garrigue ; on se croirait presque en plein Sud Ouest, bluffant. Garrigue qui fini par donner sur un superbe édifice surplombant une petite colline. Peu de touristes, le calme, un soleil déclinants, c’est beau!

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La ballade touche à sa fin. Nous rejoignons un voiturette (10Y)qui nous amène devant la station de métro la plus proche, à l’opposée de l’entrée principale, sans toutefois manquer de  visiter un petit jardin de style « nippon », sobrement nommé « Le Jardin de Sakura » (樱花苑 – Ying Hua Yuan)…très agréable là aussi mais assez bizarre en Chine, eu égard au site fortement imprégné d’histoire chinoise. Jardin construit en 1995, un peu à l’écart du site principal du Tombeau Ming, il a au moins le mérite d’offrir un peu de quiétude dans une atmosphère résolument…zen.

Pour ce qui est du mot de la fin (de cette journée), je la laisse à …

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