Comment…j’ai décidé d’abandonner un visa de travail pour un visa étudiant chinois (1er partie)

Fort de mon retour à Xi’an (西安), je pensais reprendre le cours de mon existence sur place, sans aléas ni la moindre anicroche. Fou que j’ai été de le croire, j’avais oublié le sacro saint principe : je suis en Chine, rien ne se passe comme prévu! Accrochez vos ceintures.

« On cherche un professeur de français »

 

En mai 2014, un ami me parle d’une école qui semble avoir pignon sur rue (International House) et qui recherche un professeur de français pour l’année scolaire suivante, avec à la clé : un visa de travail chinois, sésame des plus inaccessible pour celui qui ne dispose pas de solides compétences ou diplômes dans un domaine où la main d’œuvre chinoise fait défaut. L’enseignement des langues étrangères est l »un de ces domaines. Je saute donc sur l’occasion (trop belle…) pour me porter candidat. Étant le seul professeur de français, ayant le français comme langue native, nul sélection nécessaire, candidature acceptée.

Un mois avant mon départ pour la France (où je devrais faire ma demande de visa de travail temporaire), je transmets les premiers éléments à l’école pour établir le visa en amont. Le deal ? 4000 元 (soit 514 € au taux du 2 octobre 2014) par mois, plus logement (j’en veux pas), une indemnité d’installation, un billet d’avion pour la France en fin de contrat et prime de fin de contrat pour ….

5 jours avant mon retour en Chine, je reçois ENFIN [sic] les documents nécessaires à ma demande de visa à l’ambassade de Chine en France, que je devrais faire en procédure express (+ 80€ donc!!) pour ne pas rater mon vol quelques jours après. Me voilà Xi’an, j’arrive avec mon visa de travail temporaire…que je croyais

L’une des composantes du deal était d’être professeur de français, à titre principal, et de donner quelques cours d’anglais à des enfants, pour « dépanner« …tu parles…! Je vais vite comprendre que les chinois ont un sens subtil de l’équilibre en affaire. Arrivé à Xi’an (西安), je déménage pour un appartement plus spacieux et plus central, toujours avec mon coloc, et prend rapidement contact avec l’école pour préparer la « rentrée ».

 

« En fait, on voulait dire qu’on cherche surtout un professeur d’anglais. »

Rendez-vous est pris à l’école et je dois participer à une formation d’anglais …pour les enfants, enfin de m’habituer aux différents supports pédagogiques. Ne comprenant pas bien pourquoi on aborde immédiatement l’enseignement de l’anglais sachant que mon activité principale est censée être l’enseignement du français. Mais je ne moufte pas malgré une formation particulièrement…disons…infantilisante (c’est de rigueur vue le public, vous me direz)! Le professeur-formateur est effectivement excellent dans son domaine et semble avoir pas mal d’années de bouteille dans le domaine, et d’y prendre toujours autant de plaisir. Formation donc, mais surtout impossibilité d’apporter à la pédagogie sa petite touche personnelle ou quoi d’autre : interdit de prononcer le moindre mot en chinois (le traducteur est là pour ça), s’amuser avec les enfants (au-dessus de mes forces), parler un anglais parfait (hahahah…les cons…demander ça à un français…j’en pleure encore de rire!). Et cerise sur le gâteaux : je capte une conversation indiscrète ente l’interprète et le formateur: j’ai été désigné comme professeur titulaire et remplaçant du dit formateur à temps plein, qui quitte l’école pour retourner en Pologne. Et me voilà piégé!!!

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Dégouté par cette heure de formation, je prends rapidement contact avec l’ami qui m’a mis en relation avec cette école, et pour laquelle il a travaillé 1 an. Et au fil de la conversation, le masque tombe : 25 heures de travail par semaine (c’est de l’enseignement je précise), parfois aucun cours de français, des annulations/inscriptions de cours à la dernière minute, faiblesse du matériel pédagogique… . Je m’effondre complètement car j’ai au fond de moi compris qu’il me serait impossible de bosser dans ces conditions.

Après de longues discussions avec mon coloc, son oncle et mes amis sur place, je cherche à m’extirper de ce traquenard. La semaine suivante, on me demande à nouveaux de participer à cette formation pour ensuite m’évaluer à l’enseignement en condition réelle. C’est juste au dessus de mes forces, je ne peux pas et je les plante sans vergogne. J’avais d’autant moins de scrupule que premier planning qu’ils m’avaient communiqués prévoyait pour la semaine, 13h de cours, compilées entre le vendredi et le dimanche, sans la moindre mention d’un quelconque cours de français : que des cours d’anglais!

La semaine d’après, rebelote : 15h de cours concentrées sur le week end dont la moitié en anglais. J’ai cru m’étrangler en lisant ce planning. Curieux tout de même, je me rends à mon premier cours de français, histoire de tâter le terrain. En arrivant, l’une des secrétaires me tend 3 feuilles en m’expliquant que c’est la présentation des mes élèves. Le temps d’une minute je ravale mes préjugés, considérant qu’ils avaient fait un petit effort jusqu’à ce qu’à la lecture, je me rends compte qu’il s’agissait de mes jeunes élèves (5-7 ans) …en anglais!!! ARGGHHHHH! Je rends les papiers en disant que je n’en veux pas et demande à la secrétaire où est donc la présentation de mes élèves de français : j’ai compris dans son regard que je m’étais fait « baiser« , mais avec un petit raffinement : verre pilé et gravillons! Je lui indique donc que je ne donnerais aucun cours d’anglais car j’ai été recruté pour enseigner le français et non pas la langue de Shakespeare, quoiqu’ils en pensent. Je lui demande de communiquer instamment ma position à la responsable pédagogique (chose qu’elle ne fera pas…je m’en doutais presque)

3 jours après, à deux heures du « cours d’anglais » prévu au planning, la responsable m’informe par messagerie instantanée que le cours est décalé d’une heure. Comme je m’y attendais, l’information n’ayant pas été communiquée, je lui indique que je ne donnerai pas de cours d’anglais car on s’était suffisamment foutu de ma gueule ainsi. S’instaure un dialogue de sourd (typique des chinois qui font semblant de ne pas vouloir comprendre pour mieux tente de satisfaire leurs exigences) qui finit par m’énerver et donc je mets fin rapidement. Quelques heures passent, et c’est le numéro 2 de l’école qui m’appelle pour s’enquérir de la situation. Je luis indique à nouveaux que contrairement à ce que j’ai pu leur dit auparavant, je refuse donc d’enseigner l’anglais. Pourquoi ? Parce que c’est en train de devenir la langue d’enseignement principale au détriment du français et que faute pour eux de me trouver de nouveaux élèves de français, ils ne me paieront pas à ne rien foutre et donc me forceront à enseigner l’anglais à temps plein en attendant. Chose que je refuse. Après quelques palabres, il finit par comprendre ma situation et moi je me rends compte finalement que le principal sujet dont nous discutons depuis ce jour, c’est les cours d’anglais alors que c’était censé n’être qu’un enseignement très secondaire. Lui faisant part de mon constat, je décide couper court en lui laissant le choix de dire au directeur de l’école ma position, sans fioriture : 100% cours de français ou je me casse.

A vrai dire, ma décision était déjà prise car je ne pouvais me résoudre à travailler dans une ambiance potentiellement explosive. Quelques heures après, je lui indique que je rentre en France pour raison personnelle et que je ne resterai pas en Chine. Pourquoi ? Parce que je ne voulais pas qu’en partant en douceur, ils essaient de me faire payer les démarches engagées pour l’obtention de mon visa de travail temporaire, ils en auraient été capables. Un départ brutal ne laissant place à aucune contestation, c’est finalement ce qu’il y avait de plus propre.

 

Finalement, je vais reprendre mes études

En apparence, rien de plus simple. Une longue discussion avec Sarah m’a permis de me remémorer la motivation première de ma venue en Chine : apprendre le chinois, et je suis loin d’en avoir fini avec Confucius. Par conséquent, j’ai décidé de reprendre mes études à l’Université Normal du Shaanxi (陕西师范大学 – Shaanxi Shi Fan Da Xue) et de donner mes propres cours de français en parallèle.

Mais souvenez-vous : je suis rentré en Chine avec un visa de travail temporaire et il est impossible de suivre un cursus universitaire en Chine, sans le bon visa, à savoir le visa étudiant. Il va donc falloir que je change de visa le plus vite possible…et ça ne va pas être une partie de plaisir, loin de là…

 

A suivre ^^ (paie ton suspens….)

Tu le sens, mon suspens ??

Tu le sens, mon suspens ??

Petites digressions sur l’étude du chinois en Chine et au quotidien

Voilà plus d’un an que je suis à 西安 (Xi’an) en Chine, pour étudier le chinois (original…) et y poursuivre ma simple existence. L’apprentissage de la langue est donc ma préoccupation majeure quotidienne : elle ne me quitte et est une réalité de tous les instants. En Chine, seule la langue chinoise compte et rares sont les interlocuteurs capables de tenir une conversation en anglais (je ne vous parle même pas du français…) tout en étant intéressant et intellectuellement stimulant. On en revient toujours à parler chinois. Mais voilà, brisons immédiatement un tabou : après 1 d’apprentissage sérieux, je suis très très loin de maitriser la langue de Confucius aussi frustrant que cela puisse paraître.

En disant cela, j’en étonnerais quelques uns, persuadés qu’en restant dans un pays étranger, à parler la langue du « peuple » 24h/24h, on devient forcément bilingue. Je serais tenté de dire que cela marche surement avec des langues proches de notre langue maternelle (et encore) tel l’espagnol, l’italien, l’anglais etc. Mais pour le chinois (et ça vaut aussi pour le coréen, l’arabe, le japonais…), c’est loin d’être le cas, tant les différences de structuration du langage sont énormes.

Bien sur, après 1 an d’apprentissage du chinois, si je fais la comparaison avec mon arrivée en août 2012, c’est le jour et la nuit en terme d’aptitude à communiquer en chinois. Mais voilà, le chinois fait parti de ces langues (comme tant d’autres je suppose) qui provoquent une forme d’insatisfaction permanente quand à notre aptitude à le parler, à la comprendre, à le lire. Et le temps passé à en assimiler toutes les arcanes est gigantesques pour des progrès qui nous paraissent tellement minimes, voire négligeables. On se croirait confronté au tonneau des Danaïdes

Me concernant, j’ai listé les 3 principaux « obstacles » qui me donnent cette impression permanente que je ne maitriserais jamais (je mets au conditionnel, histoire de ne pas passer pour un désespéré^^) la langue chinoise. Car maitriser une langue étrangère, c’est aussi comprendre sa construction, ses ressorts sémantiques, sa logique grammaticale ou lexicale, les raisons de la formation de tel ou tel mot, voire expression. Et c’est d’autant plus complexe dans une langue aussi différente que le chinois.

Langue parlée, langue écrite, langue ancienne : 口语 书面语 古代汉语 (Kou Yu – Shu Mian Yu – Gu Dai Han Yu)

Comment toutes les langues, le chinois distingue savamment les formes du langage dit « parlé » (utilisé dans 70%-80% des situations), du langage « écrit » (que l’on retrouve dans les journaux, les textes en tout genre, mais aussi dans le cas de conversations plus « relevées ») et du langage « ancien » (en comparaison, le « vieux français »).

  • Le 口语 ou le langage de tous les jours

Pour ce qui est d’appréhender le langage du quotidien, le langage du « peuple » (老百姓 – Lao Bai Xing – « les cent vieux noms »), pas de problème : c’est l’utilisation au quotidien du chinois, avec les professeurs, les commerçants, les camarades de classe, l’administration. Cette capacité à utiliser le langage parlé s’accroit au fur et à mesure que l’on converse avec les autochtones et que l’on apprend les interminables listes de vocabulaire. Là où ça se corse, c’est quand les autochtones en question tombent dans leur travers préféré : l’utilisation du chinois dialectal.

En effet, la Chine regorge de multiples dialectes locaux plus ou moins (plutôt moins que plus parfois) proches du 普通话 (Pu Tong Hua), le chinois officiel. Et il s’avère que les locaux ont une tendance assez automatique à utiliser leur propre dialecte pour entamer une conversation, voire la continuer, même si vous êtes un 老外 (Lao Wai – étranger). Ça peut s’avérer rageant, dans ces circonstances, d’essayer d’imposer votre chinois bien policé, quand votre interlocuteur ne semble pas faire l’effort de s’y plier. D’un autre côté, parfois cela vous permet d’être confronté à des situations « indirectement » gratifiantes. Par exemple, la semaine dernière je suis allé acheter 2-3 petites choses dans l’échoppe en face de mon immeuble. Le vendeur m’a complimenté sur mon chinois en me disant que mon chinois officiel était bien meilleur que le sien. Ça ne mange pas de pain, mais ce genre de petites gratifications fait beaucoup de bien au moral.

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  • Le 书面语 ou langage « des livres »

Voilà une facette du chinois qui m’interpelle pas mal de fois quand je suis en classe. En effet, plus que le français, il y’ a bien un chinois « littéral » voire « littéraire » que je n’ai pas l’impression de distinguer aussi nettement en français. Bien sur, nous parlons en France de langage « soutenu » avec son lexique adapté mais la frontière entre les 2 types de facette linguistique me parait bien plus floue (surement dû au fait que le français est ma langue maternelle). Mais je reste étonné par la propension qu’ont nos professeurs à nous indiquer si tel ou tel mot est du « 口语 » ou du « 书面语 » . Si bien que lorsque vous tentez d’utiliser à l’oral certaines tournures dites « littéraires », vous êtes repris par votre professeur. Comme si chaque mot avait nécessairement son pendant littéraire et son pendant oral ; chose que je n’ai pas l’impression de retrouver en français (mais je me trompe surement aux yeux des linguistes).

Ajoutez à cela une multitude de synonymes dont les subtilités sont parfois aussi improbables qu’obscures, et vous vous retrouvez dans une sacrée mayonnaise au moment de vous adresser à votre interlocuteur, faisant tournoyez en symphonie de mots, tout votre vocabulaire, à la recherche du terme le plus approprié.

La subtilité dans la distinction de chaque synonyme se trouve aussi dans la qualité de votre interlocuteur, l’effet caste sociale se ressentant très clairement. Certains mots sont en ce sens utilisés strictement dans le cadre de relations verticales (subordonnant-subordonné). Par exemple: le mot 容许 (Rong Xu) signifie « permettre, autoriser, donner son accord pour » quelque soient les circonstances. Par contre, votre chef utilisera le terme 允许 (Yun Xu), qui veut dire strictement la même chose, mais dans cette fois-ci dans un cadre de hiérarchie descendante. Et ce mot sera plus catégorisé dans l’aspect 书面语 que le langage « parlé » stricto-sensu .

  • Le 古代汉语 ou chinois ancien

Je suis moins expert dans ce domaine vu que mes cours en la matière ne débuteront que le semestre prochain. Grâce aux explications de mon amie Sarah, j’ai pu en tirer quelques enseignements qui n’annoncent rien de bon quant à la facilité de cette option au semestre prochain.

En « vieux chinois », l’expression orale se faisait notamment par des mots mono-syllabiques, là où le chinois moderne tend vers un vocabulaire à doubles syllabes. De plus, certains mots ont évolué quand à leur sens premier et qui en chinois moderne, signifient totalement autre chose. Par exemple, le terme 温 (Wen) avait pour signification première « réviser, revoir » et été utilisé comme tel par Confucius (孔子 – Kong Zi). Désormais ce mot veut dire « doux, chaud » et est employé pour former les mots tels que 温度 (wen Du – température), 温顺 (Wen Shun – doux, docile), 温柔 (Wen Rou – tendre, doux).

Enfin, le vieux chinois a la fâcheuse manie d’économiser l’emploi de mots, de sinogrammes tout en maximisant leur sens, leur signification. Si bien qu’avec 4 sinogrammes, en traduction, cela vous donne carrément une phrase entière. Ce qui me permet de faire la transition avec les expressions chinoises, 2e obstacle.

成语 (Cheng Yu) 俗语 (Su Yu) et 谚语 (Yan Yu) : quand le chinois est véhiculé par ses expressions populaires

Voilà ce que j’appellerais mon cauchemars à proprement parlé et cela ne va pas s’arranger avec la difficulté croissante des textes que j’étudie, promptes à employer expressions, dictons et autres sagesses populaires à tour de bras.

Malgré une relative pauvreté en terme de phonèmes et diphtongues , le chinois se veut une langue très poétique quand il s’agit d’illustrer un propos, une situation ou un état de fait. Là où la beauté d’un discours en français peut se révéler au travers de la richesse musicale, de la sonorité du phrasé, la langue chinoise privilégie une certaine harmonie, un certain équilibre dans la phrase et surtout, l’emploi d’expressions pléthoriques. Ce qui me donne une réelle impression d’être confronté en permanence à d’innombrables expressions dont je ne saisis pas bien le sens notamment en l’absence d’une réelle traduction tant en français qu’en anglais (parfois même traduction erronée).

Car comprendre et assimiler les expressions en chinois revient à devoir se pencher sur l’historique de leurs formations et mais aussi à comprendre les ressorts culturels et historiques qui animent l’expression. Et ça, je n’y arrive tout simplement pas étant donné que je n’arrive pas à traduire « correctement » 80% des expressions auxquelles je suis confrontés. Le mieux est encore de se le faire expliquer en chinois, mais même sur ce point, on a l’automatisme de vouloir à tout prix mettre une traduction nette et sans bavure pour assimiler la dite expression…ce qui s’avère 9 fois sur 10 être un fiasco.

Prenons un exemple facile et typique dans sa structure (4 sinogrammes) : 入乡随俗 (Ru Xiang Sui Su), ou « A Rome fait comme les Romains« . Il s’agit de mon expression favorite tant par sa facilité d’assimilation, que par son actualité. En effet, c’est bien la 1er leçon à suivre quand on arrive en Chine, « faire comme les chinois » quitte à pousser à l’extrême ce raisonnement, en reproduisant consciemment leurs travers dans la vie quotidienne ; ce que je ne me gène absolument pas de faire (exemple : jouer des coudes pour rentrer dans un bus, ne pas faire la queue à un guichet, parler fort, fumer n’importe où etc…).

Classe!

Classe!

Mais d’autres expressions, tant par les sinogrammes qui la composent, que par le sens profonds qu’elles revêtent , rendent l’exercice de compréhension ET DONC d’utilisation beaucoup ardu. Et pourtant, il est assez impératif de savoir utiliser ces expressions et autres adages tans les chinois en usent (et en abusent!), aussi bien les jeunes que les vieux chinois. Combien de fois je me suis entendu dire par mes amis chinois, demander à leur interlocuteur de reformuler leur phrase pour cause d’utilisation excessive de 成语, car ils savaient pertinemment qu’ils m’avaient perdu en pleine conversation.

Ma difficulté à appréhender cette typologie de discours, revient aussi au fait que je n’ai pas l’impression que nous utilisons autant d’expressions en français. Nous utilisons en effet beaucoup de 俗语 (Su Yu) comme « Pas de quoi fouetter un chat » ou encore « Parler l’anglais comme une vache espagnole« , mais pas autant qu’en chinois à mon sens. Je vous avouerai que ce n’est pas tous les jours que je dis « pierre qui roule n’amasse pas mousse« …eh bien les chinois si! Si bien que je me suis braqué et la présence dans un texte du moindre 成语 (Cheng Yu – expression) suffit à me faire décrocher quand bien même celui-ci serait aisé à comprendre ; c’est devenu psychologique.

Autre difficulté à la lecture d’une expression en chinois, il s’agit de l’assemblage des caractères qui la composent. Pris individuellement, ils sont faciles, courants et compréhensibles. Mais vous devinez immédiatement la présence d’un 成语 car leur addition ne suppose pas un résultat « évident » en terme de compréhension. Par exemple : 六亲不认 (Liu Qin Bu Ren) littéralement « 6 proches que je ne connais pas« . Mais la signification exacte est « le fait de refuser d’accorder quelques chose à l’un de ses proches, de ne pas faire de faveur à un proche« . Autre exemple, plus poétique: 死去活来 (Si Qu Huo Lao) littéralement « La mort va, la vie vient« . Mais le sens exact est plutôt « avoir une syncope et revenir à soi » ; cette expression est souvent associée à un verbe pour préciser l’intensité extrême de l’action.

Heu...

Heu…

Entendre, écouter, se tromper : de la difficulté de progresser en 听力

Voici le 3e obstacle qui me prend à la gorge tous les jours et qui s’avère être la source de mon mécontentement permanent sur mon niveau de chinois : la compréhension auditive ou en chinois 听力 (Ting Li).

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Depuis le début de mon apprentissage du chinois, c’est bien le domaine qui me pose le plus de problème. Comme un sentiment de frustration permanente au point que la semaine dernière j’ai quitté un cours de 听力 pendant la pause, fou de rage de ne pas avoir compris un traitre mot du texte à l’étude et sur lequel le professeur venait de m’interroger. Trop de rage de ne pas comprendre 100% des phrases de mon interlocuteur, trop de colère de ne pas comprendre l’entièreté de son propos et de tenter d’en deviner une partie au travers d’autres indices. Combien de fois n’ai-je pas dit « 我明白了 » (Wo Ming Bai Le – J’ai compris) alors que c’était tout l’inverse, afin de ne pas me ridiculiser devant mon interlocuteur ? Mon progrès le plus significatif est de ne plus avoir peur d’écouter mon interlocuteur parler même si je suis à peu près convaincu du résultat final, c’est déjà ça de pris.

La passion que j’ai pour cette langue ne faiblit pas, au contraire et c’est bien ce qui m’aide à tenir au quotidien même si parfois, la fatigue, le stress, l’instabilité provoquent un peu le découragement.

Le fait est qu’à mes yeux, le 听力 (Ting Li – l’écoute) est plus complexe à « entretenir », à développer par rapport aux autres facettes de la langue.

Améliorer sa compréhension écrite ? Il suffit de lire textes sur textes et d’assimiler au fur et à mesure le vocabulaire, les progrès sont visibles rapidement.

Améliorer sa capacité à écrire en chinois ? Dictées à gogo et rédactions à la chaine, y’a pas mieux et ça se ressent vite.

Améliorer ses capacités orales ? Converser sans cesse avec les chinois qui attisés par la curiosité, se feront un plaisir d’être votre interlocuteur.

Améliorer son écoute ? Écouter la musique chinoise (que j’exècre), aller au karaoké (que j’abhorre), écouter la radio, regarder la TV…mais quand vous n’y comprenez rien, c’est vraiment difficile d’y trouver un aspect ludique. Et inévitablement, le niveau stagne, avec cette impression que ça ne peut qu’empirer.

Une des grande difficulté du chinois pour les européens est la faiblesse des phonèmes et l’aspect tonal de cette langue. Si bien que l’on a l’impression que le propos en chinois n’a que peu de richesse sonore, peu de variations, donnant la perception que notre interlocuteur dit la même chose en boucle, le fameux « Tching Tchang Tchong » (avec la bouche pleine!)

Hélas pour cet aspect, pas de solution miracle. Apprendre en continue du nouveau vocabulaire, l’utiliser au maximum et assimiler les idiomes, reste à mes yeux la meilleure technique. Et bien évidemment, regarder la TV et je m’astreins donc à regarder une sitcom un peu daté qui s’appelle 家有儿女 => http://www.verycd.com/entries/505803/ .

Mais comme dirait les autres en France « on ne lâche rien », et je continue un peu comme un chemin de croix à essayer de mieux comprendre ce que l’on me dit même si c’est le parcours du combattant au quotidien. Mais la Chine et le chinois seraient ils si mystérieux s’ils révélaient aussi facilement leurs secrets ? Pas si sur finalement…

Dédicace pour mon père, me reprochant qu’il n’y a pas assez de « fille » sur mon blog…

Comment…j’apprends le chinois au quotidien ?

Si j’étais une personne qui a dans l’idée de venir étudier en Chine, c’est bien l’une des questions majeures que je me poserais. Je me suis moi même posé cette question et ai trouvé quelques réponses de parts et d’autres.  Mais après presque 3 mois d’expérience sur le sujet, je pense pouvoir raisonnablement  faire un petit topo sur la question (ouais je me la joue!). Sachant qu’en réalité, je suis d’avis de dire que cette méthode s’applique à toute situation d’immersion dans un pays étranger.

Avant tout je distinguerais 2 méthodes qui se complètent et fusionnent, l’une pouvant même être perçue comme le pendant pratique ou la conséquence de l’autre : la méthode scolaire et la méthode « para-scolaire ».

Méthode d’apprentissage scolaire

Les cours à l’Université

C’est un peu la « marque de fabrique » du projet dans lequel je m’investis au quotidien : des cours de chinois dispensés quotidiennement dans un cadre universitaire et avec des professeurs compétents en la matière. Mes outils principaux sont donc les cours en classe ainsi que les supports de cours : livres et feuilles d’exercices divers données en classe. 4 cours différents afin de focaliser notre attention sur un élément particulier de la langue : cours d’écoute, cours d’écriture, cours de conversation et cours de « lecture intensive » (qui fait surtout une synthèse de tous autres cours).

Le livre de « lecture intensive »

Cours de conversation

Écriture & Ecoute

Les conversations entre étudiants étrangers

J’assimile également cet élément à l’apprentissage strictement scolaire dans la mesure où nous nous contentons avant tout d’essayer de recracher et d’utiliser les nouvelles tournures de phrases et vocabulaire fraichement appris. Parfois cela peut virer au ridicule car certaines tournures de phrases se révèlent assez peu usitées ou encore parce que (parfois) nous ne faisons que deviner ce que l’autre essaye de dire au regard du contexte dans lequel s’inscrit la conversation : on devine plus que l’on ne comprend. Néanmoins à mes yeux, cela reste un excellent entrainement, un échauffement bienvenu pour un peu « débriefer » du cours avant de tenter quoique ce soit en direct avec les chinois. Et puis quel moment agréable que de pouvoir avoir l’impression d’être compris alors que l’on vient de formuler une phrase avec 3 fautes consécutives de grammaire ^^.

Le bachotage à la Bibliothèque

Le Saint Graal…euh…

Là aussi, grande classique pour étudiant sérieux et consciencieux, la « B.U ». Bâtiment très important à mes yeux puisqu’il me permet d’y travailler sereinement, sans la tentation de « l’internet à la maison ». Grandes salles de lectures avec leurs rangées de tables et de chaises moyennement confortables, j’y passe globalement 10 heures par semaine. Le grand jeu étant d’y trouver une place de libre ; libre s’entend comme une place où un petit malin n’a pas laissé négligemment ses livres de cours, histoire de « chauffer » le lieu. Combien de fois je suis resté sur une place « réservée » et de ne voir personne y prendre place durant les 3h où je suis resté. Et quand il n’y a plus de place, je nettoie par le vide, en dégageant les livres que le propriétaire viendra certainement récupérer ….dans 4h si ce n’est plus. Je ne vais quand même pas me priver de cet outil à cause de ces chtites manigances de bas étages!

Genre ça bosse!

Méthode d’apprentissage extra-scolaire

L’utilisation des médias traditionnels (développement de l’écoute)

Me concernant je vais surtout vous parler de la radio vu qu’il s’agit de mon média « traditionnel » de prédilection. Sans images ou autres sources de déconcentrations, la radio permet de se focaliser sur la diction, le parlé quotidien, l’accent, l’intonation (souvent bien différente de celle que l’on apprend, mais j’y reviendrais). Tous les matins, j’allume donc « Emilio », le poste de radio, pour me farcir pendant presque 45 minutes, l’équivalent de nos « antennes-libres » en chinois. On se rend vite compte que l’on ne comprend rien à l’essentielle de la conversation mais rien que le fait que de reconnaitre quelques bribes est très encourageant! Maintenant j’arrive à comprendre quand on me balance les chiffres en chinois et à 100km/h, c’est déjà ça de pris grâce à la pub (à défaut de comprendre si Monsieur Wang a réussi bander pendant sa nuit de noce…hé oui, dès 7h du mat, certains ne reculent devant rien!)

Mon avis :

Très honnêtement, je ne sais pas si cette écoute régulière à un réel effet à court, moyen ou long terme, mais j’aime à le penser. Au moins cela ne fait pas de mal et permet de travailler son chinois sans en avoir trop l’impression. Je pense que c’est la même chose pour la TV. Mais je reconnais cette qualité à la radio de forcer le cerveau à se focaliser sur le son plutôt que sur les images qui deviennent vite une béquille indispensable en Chine, surtout à ce stade de l’apprentissage.

« Bandour, c’est Emilio, le casse burnes du matin »!

L’utilisation des médias 2.0 (développement de l’écoute & de la lecture)

C’est le quart d’heure « cirons les pompes à l’Internet et le ouebdeupoingzerro« . Mine de rien (et de crayon…deux fois!) c’est surement l’une des plus grande mine d’or en terme d’apprentissage…à condition de savoir s’en servir évidemment. Maintenant Papy vieux con a fait son laïus sur la « Oueb Technoulougie« , j’attaque plus précisément le sujet.

Sites internet

Après avoir fait quelques courtes recherches, j’ai finalement conservé que les sites les plus simples d’utilisation et les plus courants. En réalité il n’y a pas de miracle : le mieux est encore de regarder séries ou films en chinois…sous titrés chinois, c’est encore mieux. L’avantage, c’est que l’on peut se raccrocher aux images faute de réellement comprendre ce qui se dit. Toutefois quelques séries se distingues par leur « relative » facilité d’accès.

  • Le classique du genre étant le clone de Youtube => Youku : aussi fourni que son mentor…mais dans un style chinois^^. A ma grande surprise il permet également de visionner les dernières séries américaines à la mode avec les sous titres…en anglais gnark!gnark (bah quoi? On a bien le droit de se détendre un peu bordel!). Si vous voulez accéder à l’onglet des séries, c’est par là!
  • Le clone => Tudou (« Pomme de terre » ou « patate », hé ouais, ça ne s’improvise pas…). Même contenu que sur Youku mais c’est sur ce site que je me regarde le « Caméra Café » chinois ^^, assez accessible également
  • Enfin, un site comparable aux 2 autres, en plus lisible : www.verycd.com (merci Hua). Pareil donc, une encyclopédies de vidéos en streaming, avec notation en sus.

Mon avis

Sur ces sites y’a à boire et à manger, c’est indéniable! Plus accessibles que leurs homologues européens s’il ont s’en tient à l’apprentissage du chinois (à savoir : mater des séries plus ou moins tolérables, le tout en chinois et gratuitement), c’est une mine d’or à explorer sans hésitation. Je dirais même que c’est à utiliser très régulièrement.

Les blogs

J’en retiendrais deux qui, hélas, ne sont pas francophones mais qui sont particulièrement bien élaborés pour l’apprentissage du chinois ou encore pour appréhender la démarche de l’apprentissage du chinois au quotidien ou sur le long terme.

  • Le site du suédois Olli Linge « Hacking Chinese« . Ce blog a le mérite de poser les bonnes questions et surtout d’y apporter les réponses que l’on attend. Pas avare en conseil, la lecture de ses post est très éclairante. Chaudement recommandé! Il est également présent sur Twitter @HackingChinese
  • Le blog de l’Italien Furio « Sapore Di Cina » . plus dans le ressenti et dans l’expérience personnelle, ce blog s’agrémente aussi de belles photos de voyage en Chine et dans des endroits relativement peu fréquentés. Excellentes explications et lecture très agréable des articles. Je le recommande tout autant. Egalement sur Twitter @saporedicina

Les logiciels

Ok c’est pas du Web 2.0, mais c’est ce dernier qui m’a permis de les trouver, et toc! J’en recommande là aussi 2, mais à usage différents :

  • Le logiciel de visionnage de vidéos et séries en streaming PPTV : il s’agit ni plus ni moins que d’un usage identique qu’un visionnage via Youku ou Tudou. Toutefois, je trouve le logiciel très pratique à utiliser même si tout est en chinois (pfiouu!)
  • Le logiciel Anki : logiciel qui permet de se confectionner des « jeux » de cartes de mémorisation (un peu comme un Memory) avec affichage aléatoires de celles-ci en fonction de nombre d’erreurs, du temps pour reconnaitre chaque carte… Ce logiciel est totalement paramétrable et vous pouvez aisément faire votre propre « paquet ». C’est ce que je fais et tous les mots nouveaux appris sont donc intégrés à ma base de donnée. Chaque jour, pendant 15 minutes, je révise donc des cartes aléatoirement choisies par le logiciel en fonction de mes précédentes erreurs. Le choix ainsi effectué permet de consolider l’apprentissage des caractères chinois ainsi que leurs prononciations. Le plus rébarbatifs étant d’entrer dans la base de donner un par un, chaque sinogramme mais libre à vous de télécharger sur le site les paquets de cartes constitués par d’autres utilisateurs, c’est totalement gratuit! Mais au moins avec mon paquet je sais qu’après presque 2 mois et demi d’apprentissage j’en suis à 600 mots nouveaux, ouch! C’est un outil est hautement recommandé ^^

Exemple de carte

Mon avis

J’utilise quasi-quotidiennement Anki et honnêtement j’en suis très satisfait. Il m’a permis de mémoriser bien des caractères que j’aurais rapidement oublié si Anki n’avait pas détecté ceux qui me donnaient le plus de mal. Il me permet également de savoir à combien de caractères nouveaux je suis depuis le commencement des cours : à savoir, 600 à aujourd’hui!! Après je ne suis pas un fanatique de cet outil qui sert à la mémorisation avant tout et non à la pratique réelle du chinois. Un bon adjuvant donc mais insuffisant en lui-même.

Le partenaire de langue (développement de l’écoute & de la conversation)

Voici une (ou des) personne(s) qui peut jouer un rôle déterminant dans l’apprentissage de la langue chinoise, celle de tous les jours et non celle des livres. Voici une personne qui va « vivifier » votre vocabulaire, votre manière de parler. Voici une personne qui va vous donner quelques expressions typiques, potentiellement utilisables tous les jours ou pour frimer auprès de vieux chinois convaincus que vous ne savez pas dire autre chose que « 你好 ». Voici une personne qui va vous faire aimer différemment la langue chinoise (mais cela vaut pour toutes les autres langues en réalité). Enfin, voici une personne avec qui vous allez confronter la diction du professeur avec la sienne (souvent plus « authentique »), confronter la pertinence de certains mots appris par rapport à d’autres non encore appris.

Cette personne peut être aussi bien votre petit(e) ami/ami(e) ou un étudiant ou autre mais la règle première est que cette personne soit chinoise. Même si vous trouvez un occidental quasiment bilingue, c’est pas bon! Peu importe la relation que vous entretenez avec : camarade de café, de bibliothèque, de cantine, de sortie, de lit etc…, gratuit ou payant (non, j’ai dit « pas les putes »!),

J’ai dit « Pas les…. »

L’importance étant que vous passez un bon moment en sa compagnie et surtout…QUE VOUS PARLIEZ CHINOIS SANS ETRE (TROP) TERRORISE PAR LA PEUR DE VOUS TROMPER!

Cette peur est logique et compréhensible. Mais si vous avez trouvé le bon partenaire celui-ci vous aidera à surmonter vos erreurs en vous corrigeant et en vous expliquant le pourquoi du comment. C’est ainsi que vous comprendrez que vous avez trouvé un bon partenaire de langue. En Chine, je dois reconnaitre que ce n’est pas bien compliqué : les étudiants, notamment, sont très accueillants et particulièrement curieux auprès des occidentaux, surtout dans une ville plus rurale comme Xi’an par rapport à la cosmopolite Shanghai ou l’historique Beijing. Nombreux sont vraiment prêts à vous aider sur ce point et c’est rassurant. D’ailleurs en début de mois de novembre 2012, un « chinese language corner » avait été organisé par les étudiants chinois. Le principe est simple : vous vous pointez pour venir parler chinois avec des étudiants chinois, et c’est tout.

Voici, à mes yeux, quelques impératifs à respecter pour avoir un bon partenaire de langue :

  • S’assurer que c’est une vraie bille en anglais/français : vous serez sûr que vous n’aurez pas de solution de replie « facile » à la moindre difficulté de conversation ;
  • Prenez un partenaire ayant à peu près le même âge : le décalage générationnel en Chine peut être assez hallucinant par rapport aux pays occidentaux. A l’incompréhension linguistique, il n’est peut être pas utile d’y ajouter un choc culturel en sus (oui, en sus) ;
  • Parlez de sujets basiques : ne jouez pas la provocation en abordant les sujets « sensibles » => généralement on n’a pas le bagou linguistique pour défendre convenablement nos assertions et ça évite de trop gros mal-entendus. Merde, on est aussi là pour se faire des potes quoi!
  • Jouez « simple » : n’essayez pas d’en foutre plein la vue en essayant de placer la dernière structure grammaticale fraichement apprise en cours => ça sert à rien, vous avez 80% de chances de vous viandez et d’avoir comme réponse un « blanc ». Le but est de discuter de manière plus ou moins fluide, par de faire une démonstration de vos acquis. La conversation n’en sera que plus agréable pour tout le monde. Et je sais de quoi je parle…

De mon côté je ne sens pas de progrès particulièrement fulgurant mais je sens que j’ai passé une nouvelle étape : je n’ai plus trop peur d’engager une conversation avec l’appréhension de ne pas comprendre ce que l’on va me répondre. La première étape ayant été de ne plus avoir peur de parler en chinois, malgré les fautes, tout en ayant toujours peur de comment mon interlocuteur allez répondre. Maintenant, a pu peur!

« Mais qu’est ce qu’il dit…le tambour?? »

Méthode d’apprentissage façon « Guigui »

Je ne vais pas inventer la poudre ni m’étendre trop longtemps, l’essentiel a déjà été dit. A mes yeux, rien de remplacera la formule suivante : shaker + Pastis + Glaçons…mais je ne suis pas sur que cela plaise à tout le monde. Voici donc mes ultimes conseils en la matières :

  • Munissez vous toujours d’un cahier et d’un stylo chaque fois que vous vous baladez ou que vous vous déplacez. Chaque mot nouveau et qui vous parait utile pourra ainsi être noté à l’intérieur et être appris par la suite. Cela me paraît plus qu’indispensable. Me concernant, j’en suis presque à 150 mots non appris dans les livres, c’est vous dire. Juste par le biais de conversations ou de mots entendus à la radio ;

Bob, le partenaire indispensable

  • Ne vous laissez pas « bercer » par les dictionnaires électroniques : parfois un mot ou une expression en chinois sont difficilement traduisibles ou font souvent l’objet d’une mauvaise traduction. Laissez vous porter par le contexte et essayer de comprendre pourquoi ce mot a été utiliser ainsi sans chercher à tout prix à en connaitre le sens profond. Le Chinois est une langue de « contexte » alors ne l’oubliez pas ;

Je veux ça pour Noël!!

  • Fumez! Sans déconner, c’est un véritable facilitateur de lien social et de conversation. Vous rencontrez quelqu’un (souvent plus âgé), ne sachant pas comment vous aborder, il va souvent vous tendre une cigarette et hop, la conversation (fusse-t-elle brève) s’engage. Pas obligé de fumer à plein poumon mais comparativement aux pays occidentaux, la cigarette n’est pas encore (trop) diabolisée…pourvu que ça dure ^^ (et merde aux oreilles chastes et/ou bien pensantes hygiénico-maniaques) ;

Toi aussi, fait comme Mao!! Si fumer, ç’est pas être patriote faut qu’on m’explique là!

  • Potasser un peu la géographie chinoise : les régions et leur ville principale. Cela vous permettra de vous démarquer un peu du « Pékin » de base et surtout de comprendre certaines différences d’accents, de mentalités etc… En sachant (grosso-modo hein?!!) d’où vient votre interlocuteur, vous verrez sa joie s’étaler sur son visage ; et ça, ça n’a pas de prix.

LA!

  • N’hésite pas à …ne pas étudier constamment de chinois. Plutôt que d’apprendre jusqu’à l’écœurement et de se décourager, autant s’accorder des plages de détente bien à soi et déconnectées de la Chine et du chinois. Rien de mieux pour recharger un peu les batteries et de reprendre l’apprentissage par la suite, avec un enthousiasme conservé, si ce n’est décuplé.

Film conseillé pour oublier même que l’on a un cerveau…Merci Michel Caputo!

Et je terminerais en citant mon amie belge Sarah concernant l’apprentissage du chinois. Il peut se passer 2, 3 voire 4 mois pendant lesquels on a l’impression de stagner, de ne pas progresser malgré les efforts déployés. Mais il ne faut surtout pas se décourager car l’apprentissage du chinois est ainsi : des progrès rapides et fulgurant puis de longues phases de stagnation successivement entrecoupées de progrès…que nous jugerons toujours trop « maigres ». Mais c’est ainsi : il ne faut pas s’attendre un bon jour, au saut du lit, à être bilingue. C’est long, fastidieux et parfois décourageant mais quel bel apprentissage que la langue chinoise. On n’apprend plus qu’une langue : un schéma de pensée, une civilisation.

Premier bilan après 1 mois en immersion à Xi’an (Chine)

Je me lance dans l’art délicat du « premier » bilan, après seulement 1 mois de pure immersion. Immersion, je vous le rappelle, qui a pour but de me rendre totalement bilingue en Espéranto (sic)… . Première expérience pour moi dans la mesure où je n’ai pas eu le plaisir de partager les joies de « Erasmus » durant mes années d’Université et de surcroit, après avoir gouté aux joies du monde du travail. Loin de la famille, de mes amis, de mes habitudes, de ma langue maternelle, de ma nourriture préférée…bref, loin de TOUT! Arrivé le 23 août 2012 à Xi’an, je vais donc tenter de faire un petit bilan, provisoire, avec des tops et forcément des flops mais aussi les choses qui ne m’ont en rien étonnées.

          1. « Honnêtement, je suis DE-GOU-TAAAYY! »

C’est pô juste!

  • Je ne progresse pas assez vite en chinois….mais je sens tout de même que les choses avancent. Je rêve de temps en temps en chinois (bon signe, surtout quand on rêve que l’on commande à manger, comme ce que je fais tous les jours, no comment!), je me mets à parler automatiquement en chinois avec mes coreligionnaires, s’entrechoquant avec l’anglais voire le français. L’étude intensive devrait porter ses fruits mais ne remplace en rien une écoute permanente du chinois et des débats enflammés avec les locaux
  • J’ai toujours pas pris une seule douche chaude….mais il parait que c’est prévu pour octobre-novembre. En attendant, tous les matins, c’est douche glacée et je sens que la température est en train de doucement diminuer jours après jours. Il fait encore 20°C facile l’après midi avec un beau ciel bleu, mais quand le brouillard et la pluie s’en mêlent cela devient vite moins drôle. Même en allant à la piscine hier, il n’y avait plus d’eau chaude dans les douches ; maudit que je suis! Y’a plus qu’à prier Saint Leblanc (mais si, de « ELM Leblanc »…nul, je sais!)
  • Revenir d’un lieu touristique par les transports « publics » relève toujours autant du tour de force….mais c’est souvent l’occasion d’expérimenter la débrouille « made in China », même si le confort et la sureté sont à revoir.
  • J’ai expérimenté toutes les souffrances pathologiques qu’un touriste lambda endure en arrivant et pendant plus de 3 semaines (aphtes géant, tourista, et plus…si nécessité)…mais je me dis que maintenant je suis globalement immunisé et que tout ce bordel ne devrait pas revenir de si tôt.
  • Les tensions palpables entre Chine et Japon à l’approche de la fête nationale (caillassage de bagnoles nippones, molestages…)…. mais cela a permis aussi de souligner la véritable unité qui se dégage de tout un peuple quand bien même celui-ci sait se montrer (à raison) très critiques contre certaines dérives politiques (inévitables dans tout gouvernement à vrai dire)

          2. « Ca ne m’étonne même plus. »

  • Les gamins de moins de 3 ans avec le pantalon fendu jusqu’à la raie (notez le champ lexical plein de subtilités : raie, fendue, pantalon…) et qui s’arrêtent devant toi ou sur un bord de trottoir pour se soulager…si seulement je pouvais faire pareil (le manque de souplesse surement).

Ah ben bravo la pudeur….

  • Le « Tofu fermenté » ou 臭豆腐  (chòu dòufu). Petite douceur chinoise qui consiste en du tofu longuement fermenté puis frit et qui dégage une odeur à la croisée de la fausse sceptique et de la bouse d’éléphant (et non de Munster comme ose le dire Wikipedia)

Ouah la vache, ça schmouke!

  • Les toilettes chinoises, toujours aussi ragoutantes avec leur camaïeu de couleurs et d’odeurs de toutes sortes…on en oublierait presque parfois que ce sont des toilettes…

A taaaaable!

           3. « Putain que c’est BOOON! »

  • L’apprentissage du chinois avec enfin des cours réguliers et un professeur devant soi. Même si j’ai eu le droit à quelques cours (de très bonne qualité, soit dit en passant) via l’Institut Japonais (hééé ouais, ça ne s’improvise pas non plus…la cohérence), là j’y ai le droit tous les matins, 5 fois par semaine. Les objectifs sont différents et vous obligent à user des différents ressorts de la langue : écoute intensive, conversation etc. Un cadre universitaire comme je les aime vu que que je ne le perçois pas comme une contrainte mais comme un support inégalé à l’assimilation du langage. Rares sont les mots prononcés en anglais, tout n’est que chinois et chinoiseries. Et même si parfois l’on rit jaune (hahaha, ça fait ton sur ton => je suis sorti!), le plaisir d’apprendre est là.
  • Les chinois sont d’une chaleur humaine et d’une cordialité qui en ferait palir plus d’un. C’est sur, le côté  » je suis étranger » joue indubitablement et on ne va pas cracher dessus tellement ce ressort est un formidable atout pour lier de nouvelles relations et de nouvelles amitiés. J’ai eu le plaisir de rencontrer plus d’une dizaine de nouvelles personnes et je passe à chaque fois des moments inoubliables. Les chinois ont un vrai sens de l’accueil et de la réception. Se faire inviter à manger par des étudiants infortunés, ça n’a pas de prix! Mais au delà de la blague, cela démontre encore à quel point ils ont plaisir à converser avec des étrangers…voire plus si affinités (on se détend!). Moi je suis tout simplement FAN (comme dirait Obispo…-_-)

Puisque je vous dis que c’est possible!

  • Les paysages en Chine (hors de la ville, encore que à Xi’an) sont tous simplement magnifiques et largement méconnus. Et que l’on arrête de me parler simplement de la Grande Muraille et du Palais d’Eté à Beijing. Je peux vous garantir qu’il y’a plus beau à voir et à contempler dans toutes autres régions de Chine que ce soit au Sichuan, en Mongolie Intérieure, dans le Henan ou encore dans le Hubei. Pour peu que la curiosité aiguise votre appétit, vous aurez tôt fait de tomber sur de véritables paysages de Cocagne et qui n’usurperaient par un classement au Patrimoine de l’Unesco. Et je compte bien profiter de mon séjour pour visiter ces endroits dont certains ne sont signalés dans aucun guide. Laissez vous porter!

Feng Huang ( 凤凰县)

  • Ce voyage me permet aussi de me redécouvrir, de changer, d’apprendre à évoluer dans un environnement totalement différent. Même aidé par de nombreux amis, ce n’est pas toujours évident mais quel super défi que la victoire sur ses démons et la quête de soi! Là aussi, je ne suis pas déçu et reviendrais indubitablement changé de ce voyage…qui ne sera pas le dernier, loin s’en faut! C’était la minute « ma gueule »!

Bondour!!

  • Et puis que serait ce voyage sans l’émerveillement culinaire. Même si je savais que j’allais adorer, je ne pensais pas découvrir de nouvelles saveurs aussi variées, quand bien même le régime de base est la nouille (je parle des pâtes de blés….) : toujours faites main, les nouilles sont tantôt frites, sautées, bouillies, accompagnées de légumes ou encore de viandes diverses, de piment etc.. il y en a pour tous les goûts et essaierais de vous les faire partager au travers du blog! D’ailleurs, c’est l’heure de manger!

Zoubi!

J’en profite pour vous remercier pour l’ensemble de vos commentaires. Quelques qu’ils soient, ils sont toujours un plaisir à lire voir à y répondre. N »hésitez pas à communiquer l’adresse de mon blog à toutes les personnes qui seraient intéressées de prés ou de loin par la Chine. En espérant pouvoir les aider (ainsi que vous même) à concevoir et à percevoir la Chine et les Chinois différents que ce que l’on veut bien nous faire croire. Merci public!!!

Je vais quand même pas mettre une légende sur un message aussi évident…oh wait!

PS: quand je pense que j’ai des lecteurs des USA, du Cambodge…. dénoncez vous, ça m’intéresse ^^