Reprenons!

Près d’un mois sans mention de vie, et pourtant, la vie a continué inexorablement. Malgré un atterrissage réel à la mi-septembre, il subsiste cette sensation de hors-sol. Le déconfinement de la mi-octobre n’est qu’un lointain souvenir tant il a fallu agir contre le poids des tâches à venir. On ressent le besoin de reprendre pied dans un torrent plus profond que la sensation qui s’en dégage. Les réflexes reviennent, un peu rouillés. On tente d’imposer son tempo et cela cahote un peu contre les impératifs relationnels et professionnels. Certains sont du matin quand d’autres semblent vivent à rebours et privilégient une vie nocturne. Les tourments de cette confrontation sont nombreux et on s’en extirpe rapidement au risque de briser certains liens nouvellement noués.

L’attente pour certains a dû être un piège imprévisible. Attendre le fantasme d’une délivrance relationnelle va emporter celle qui semble m’avoir espéré durant ces mois derniers. Attendre ce que l’on a inventé, la confrontation au réel fait mal et pourtant, aucune pitié de ma part ne s’en dégage. Revenir a été un acte de responsabilité, de résilience aussi mais un acte en accord avec mes aspirations de l’instant. Aucune trahison personnelle, au risque de donner le sentiment contraire à ceux qui auraient imaginé l’oasis. Un mirage ne se reproche pas à lui-même d’être ce qu’il est, il a cette vocation de tromper celui qui croit aveuglément, qui croit par pur désir égotique, qui fantasme une vie par procuration. Le mirage n’est coupable de rien, pas plus que je ne le suis au fond.

La reprise des cours en présentielle est une délivrance! La joie m’a possédé un mardi soir à 18h30, je pouvais tout, j’étais capable de tout! Les étudiants ne s’y sont pas trompés et je me souviendrai de cette énergie folle qui a submergé la salle de classe. Je planais littéralement! Je retrouvais la raison première de mon retour : enseigner face à face, transmettre les yeux dans les yeux, faire rebondir ma voix dans les caboches avides de France. Le phénomène se reproduira quand je prendrais place dans le programme de coopération avec l’université des sciences électroniques de Xi’an. 100 élèves en 3 brigades de 3 niveaux différents! On redécouvre l’envie d’insuffler la passion et l’envie de faire comprendre, de faire partager son univers. Certains élèves boudent déjà le français mais certains se prennent au jeu et le cours devient un nouveau terrain de jeu de toutes les pitreries pédagogiques que les limites (françaises) permettent. Le cours tranche certainement avec celui de mes collègues, sans être supérieur pour autant. Le ressenti est ailleurs, il devient plus personnel.

On commence à reprendre une routine, et pourtant, les pieds ne touchent pas encore tout à fait le sol. Je me pose la question des modalités d’installation de la routine, le sens que je veux lui donner. La psychose de la maladie rend l’ambiance épidermique à la moindre poussée de fièvre sur le territoire. Tout change du jour au lendemain, privilégiant l’irrationnel à la raison. On s’en plaint mais jamais directement, jamais frontalement. Je croyais être le seul à ronchonner, je me rends compte que les Chinois partagent silencieusement ce sentiment ; mais le quotidien doit reprendre sa place de quotidien et les supputations repoussées aux calendes. On regrette de ne pouvoir voyager sans crainte hors de la région, voire hors du pays mais la résilience prend le dessus sur l’envie de se plaindre. On vit! Alors, faisons ainsi et vivons à notre tour. La cage est faussement dorée mais comme tout en Chine, cela fait illusion. On sait qu’elle est là et on fait semblant de se rafraichir à cette source factice. Les rôles sont bien distribués, la scène est bien jouée. Tout le monde sait que l’autre à un masque mais la pièce doit se dérouler ainsi. Remettons le masque, je dois monter sur les planches à mon tour.

La visite du village de 袁家村 (Yuan Jia Cun)

Une fois n’est pas coutume, l’Université a organisé il y’ a 15 jours, une sortie qui sort un peu des sentiers battus. J’entends par là : nous ne sommes pas allés visiter l’armée de soldats en terre cuite (兵马俑 – Bing Ma Yong) pour la énième fois ou encore les remparts de la ville. Non, cette fois-ci, nous sommes allez visiter un village qui se situe non loin de Xi’an (西安), à une soixantaine de kilomètres à l’Ouest et communément appelé, la « Lijiang (丽江) » du Shaanxi (陕西) (en référence à la vieille ville de Lijiang dans le Yunnan, classée à elle seule Patrimoine de l’Unesco).

Bon, autant vous dire tout de suite que c’est tout de même un cran au dessus, ne serait-ce que par ce village est classé par le ministère du tourisme chinois « AAA » et que le classement Unesco équivaut à « AAAAA ». Néanmoins, le village est loin d’être dénué de charmes et recoins pittoresques, c’est peu de le dire.

Le village de 袁家村 : paradis des gourmets

Après une bonne heure de car, nous arrivons aux portes du village de 袁家村 (Yuan Jia Cun) et ses 400 âmes.

Entrée du village

Entrée du village

Évidemment, comme tout site touristique chinois, celui-ci porte les stigmates de la « reconstruction » et autre modernisations en tout genre. Conscient de l’attrait touristique de ce petit bourg, on se croirait presque dans un mini Disney Land et les habitants ne font rien pour dissiper l’illusion. Mais bon, on s’y fait et le charme rustique est toujours vivace. Preuve en est, je tombe avec surprise nez à nez avec la boutique d’un apothicaire chinois ; les traditions demeurent.

Herboristerie traditionnelle chinoise

Herboristerie traditionnelle chinoise.

Le tour du village se fait en moins d’une bonne demi-heure et se résume en une successions d’échoppes, toutes dédiées aux spécialités locales. Là, des pieds de cochons en saumure, ici, des pâtes de sarrasin en bouillon vinaigré, là-bas des yaourts faits maison, par ici, des scorpions séchés. Bref, un paradis pour le gastronome que je suis, n’hésitant pas à prendre un deuxième petit déjeuner à 10h du matin avec une de mes professeur de chinois.

DSC07569Même si l’illusion fausse de modernité joue le rôle de verni, ce dernier craque vite au contact de la population et des savoirs faire ancestraux avec lesquels les différents mets son confectionnés. J’en veux pour preuve le séchage de pâtes de blé ainsi que la confection de pâte de riz.

"Chérie, je pose les pâtes là"

« Chérie, je pose les pâtes là »

Le tour du village bouclé, direction un site qui nous permettra d’observer le paysage depuis les hauteurs du bourg ou 县(Xian).

Le tombeau de 昭陵 (Zhao Ling)

Comme de nombreux tombeaux d’Empereurs chinois, celui-ci est dit « ouvert » et est à flanc de colline. Zhao ling était le 2nd Empereur durant la Dynastie Tang, une des plus rayonnantes et des plus puissantes en terme culturel notamment (618-907 après JC). Cet Empereur est aussi communément appelé Tai Zong. L’entrée du site est payante et il me semble que le ticket était de 20Y (2€60 au 18/11/2014)…gracieusement à notre charge (manquerait plus que l’Université paye pour nous en plus….).

Entrée du tombeau

Entrée du tombeau

Rien à dire de plus, si ce n’est que ce site vaut avant tout le détour si l’on souhaite crapahuter sur la petite colline derrière et qui donne accès à une vue panoramique de la vallée. Spectacle assez plaisant au demeurant, bien que l’on aperçoive  très facilement l’anneau de pollution qui enserre complètement la région, et son contraste avec le ciel bleu de la journée est particulièrement édifiant. Néanmoins, cela n’enlève rien au charme du site, et en fin octobre on se serait presque cru en début de période estivale en catalogne française. Rien que pour ça, je ne regrettais pas mon déplacement.

"La ceinture empoisonnée"

« La ceinture empoisonnée »

Le musée de 昭陵

Dernière étape de notre escapade scolaire, le musée entièrement dédié au dit Empereur. Qui dit culture et musée dit forcément moins de visiteurs, et nous étions donc les seuls à visiter ce musée en apparence à l’abandon. Là aussi, un ticket d’entrée vous sera réclamé pour la modique somme de 25Y (2€8).

Le musée en soi ne paye pas de mine mais il présente certaines sculptures, d’animaux notamment, dont la qualité de conservation laisse pantois…à moins que cela soit des reproductions (on m’aurait menti ?). Là aussi, je ne saurais quoi dire, car c’est typiquement le genre de musée dont vous ne profiterez pas des richesses si vous n’êtes pas accompagné d’un guide compétent.

DSC07604Je précise compétent, car nous avons effectivement bénéficié des services d’un guide mais qui nous a fait la visite « à la chinoise« ; c’est à dire : au pas de course, en criant dans un haut parleur miniature et sans nous laisser le temps d’admirer les différentes collections. Mes camarades Kazakhs et autres Tadjiks ne s’étaient même pas donnés la peine de venir écouter, et le peu qui comme moi essayaient de comprendre, étaient littéralement noyés dans le flots des références culturelles et historiques complètement absconses pour les non initiés. Rajoutez à cela que malgré mes 2 années d’étude de chinois intensif, j’ai du comprendre pour à peine 10% de son blabla, j’étais un peu énervé sur la fin. Mais bon, le plaisir des yeux était dominant.

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Xi’an, le RETOUR!…et autres digressions

Pas simple de tirer son épingle du jeu au regard de la myriade de blog plus ou moins dédiés à la Chine, et je ne parle pas de ceux de très grande qualité, malheureux en anglais. Je vais donc rester moi-même dans le fond et la forme en général, tout en essayant de donner à mes publications un verni parfois plus « net », plus « pro ». Parce qu’après tout y’en a peut être qui en ont un peu marre des articles du style: « Aujourd’hui j’ai fait caca dans des toilettes du restaurant d’un village chinois: sans papier, sans eau, sans portes, sans cuvettes…sans trou au sol !« …quoique….!

Évolution de ma vie en Chine

Moi, moi, moi toujours moi! Faut dire que c’est au travers de mon prisme que vous pouvez apercevoir quelques pans de la Chine. Et qui dit évolution de ma situation, dit forcément évolution de ce prisme (pffiu, c’est chiadé comme raisonnement…). Arrivé en Chine en août 2012 (congé sabbatique), je suis venu pour apprendre le Chinois et tâter le terrain.

Moi, à l'université...

Moi, à l’université…

Et le virus de la Chine m’a immédiatement emporté, ce que ma mère et trois autres amis peuvent désormais comprendre, m’ayant rendu visite cette année. Pour moi, il fallait persévérer dans l’apprentissage de la langue, de la culture mais surtout le folklore populaire afin de toujours mieux comprendre la Chine. En ce sens, j’ai persévéré une année de plus en mâtinant l’année 2013/2014 d’une composante initialement inconnue pour moi : l’enseignement du français langue étrangère (FLE). Improvisé professeur particulier de Chinois à mi-temps, j’ai eu jusqu’à 3 élèves par semaine. Cette expérience m’a aussi permis de mieux comprendre la façon dont les chinois apprennent quelque chose, comment ils perçoivent la France et sa culture (de manière extrêmement caricaturale à vrai dire…-_-). Une année de pur échange culturel s’ajoutant à l’apprentissage quotidien du chinois.

Et aujourd’hui ? Ayant également été pris par le virus de l’enseignement et après quelques recherches (et surtout contacts), j’ai fait une demande de poste d’enseignant en FLE auprès d’une petite structure privée spécialisée dans l’enseignement (http://ihxian.com/) : International House. Poste que j’ai obtenu ce mois-ci, me permettant de bénéficier du très précieux visa de travail. Me voilà donc en voie de reconversion professionnelle (partielle), prêt à attaquer un nouvel angle de vue sur la Chine au quotidien.

Moi, enseignant le français ^^

Moi, enseignant le français ^^

 

Évolution des éléments de mon blog

  • Les Chroniques du quotidien

Peu de changements à prévoir si ce n’est le merveilleux et l’inédit qui semblent s’estomper avec le temps. Il faut bien reconnaitre qu’après 2 ans de vie en Chine, et plus particulièrement à 西安 (Xi’an), l’effet de surprise diminue. Néanmoins j’ai confiance en la Chine et ses « petits cadeaux » du quotidien, promptes à nourrir cette rubrique. Comme je le dis souvent à ma chère Sarah « Avec les Chinois, on n’est jamais déçu! »

 

  • « Qu’est ce qu’on mange »

Je ne suis pas peu fier de cette rubrique qui semble avoir fédérée de nombreux ventres à pattes qui s’ignoraient. Je prends clairement le parti du prisme culinaire pour faire découvrir la Chine aux sceptiques. J’adore tout simplement manger tout ce qui est issu de la gastronomie chinoise tant elle est variée et riche en saveurs, couleurs… . Ma mère ne me contredira pas sur ce point, je crois qu’elle a été convaincu des 17 jours passés en Chine cette année (et sans tourista s’il vous plait!). Ma préférence ira toujours vers les immenses bols typiques du 陕西 (Shaanxi), regorgeant de nouilles de toutes formes et assaisonnées de tant de façons. Oui, la nourriture permet de comprendre pourquoi l’on mange si piquant dans le 四川 (Sichuan), pourquoi les champignons du 云南 (Yunnan) sont tellement prisés du reste de la Chine, pourquoi les meilleures nouilles viennent de régions telles que le 陕西(Shaanxi) ou encore le 山西 (Shanxi). Manger en Chine, c’est comme partout : découvrir une histoire, un folklore, une tradition. C’est bluffer son auditoire en commandant des plats typiques et savoureux mais rarement connus des étrangers réellement intéressés à la gastronomie locale (les pauvres hères…).

Alors oui, là aussi et comme la précédente rubrique, j’écris moins car j’ai fait le tour de nombreux plats locaux/nationaux. Car je cherche avant tout à présenter des plats avec une particularité, une histoire, un lien avec la région, le pourquoi du comment de ce plat, et non pas un pauvre plat de brocolis sautés à la sauce soja (un régal en bouche soit dit en passant, la marmaille occidentale en mangerait plus s’ils étaient préparés ainsi).

Je continuerais donc plus que jamais cette chronique culinaire en essayant d’aiguiser vos estomacs à distance mais aussi vos esprits (JE CONTRÔLE VOS AAAAAAMMMMMEEEES….*pardon* (SIC) »

Nouilles froides (凉皮) et petit pain à la viande hachée (肉夹馍)

Nouilles froides (凉皮) et petit pain à la viande hachée (肉夹馍)

  • La revue de presse

Ça, c’est un peu le truc dont tout le monde se fout, j’en ai bien l’impression…. Erreur de votre part (soyez damnés!), j’en ai bien peur. Je me sers de cette revue de presse pour agréger, via mon micro blog http://seenthis.net/people/guillem , des infos qui me tiennent à cœur, tant pour comprendre l’actualité globale de la Chine que vous entrevoir comment les chinois perçoivent l’actualité. Et c’est sur ce point que j’ai vais essayer d’accentuer mon actualité, quitte à relayer les médias strictement policés. Je tenterais également de faire une « traduction » sommaire de certaines actualités relatifs à Xi’an (et souvent propres aux locaux) afin de comprendre les enjeux du quotidien. Un nouveau défi en somme!

 

Conclusion & Remerciements

Peu de choses mais surtout un grand merci à ceux qui me lisent régulièrement ou non, qui apprécient ou non (et m’en font la remarque). Les commentaires sont toujours grandement appréciés et permettent d’établir un échange plus que bienvenu. Merci aussi à ceux qui m’ont encouragé à persévérer avec mon blog, et plus particulièrement mon ancien chef et toujours ami, Arnaud, mais aussi Stéphane Lagarde : ancien correspondant permanent en Chine pour Radio France Internationale (RFI) et dont le blog est à dévorer. Ses encouragements et sa rencontre à Paris m’ont été d’un grand secours afin de continuer dans mon cheminement tant personnel que professionnel en Chine. Un grand merci et je te souhaite le meilleur également pour ta famille et ton affectation future Stéphane 🙂

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1 an et demi à étudier le chinois, et ce n’est pas fini…

Depuis septembre 2012, l’étude du chinois accapare pour ainsi dire 100% de mon temps. Vivre en Chine, c’est vivre la langue  chinoise, la seule capable de véhiculer la richesse de la culture et des traditions chinoises. C’est aussi la seule dans laquelle les chinois daignent s’exprimer quand ce n’est pas pour se réfugier derrière leur patois local : exit l’anglais et autres langues « internationales », ça ne vous sera qu’une d’un très faible utilité, mais ça, je l’ai déjà expliqué plus d’une fois ici et ici.

Je reste toujours aussi interdit quand je rencontre des expatriés, notamment à 西安 (Xi’an), qui après certaines années sur place ne pètent toujours pas un mot de chinois. Quel gâchis! Je m’interroge vraiment sur la motivation de ces personnes qui débarquent en Chine soit en ayant l’intention d’apprendre le chinois (mais abandonnent au bout d’un mois, face à l’ampleur de la tâche), soit qui ne s’y consacrent même pas, si ce n’est pour apprendre à dire « Bonjour » et « Au revoir ».

L’apprentissage du chinois est une histoire de méthode, et chacun a forcément la sienne…à condition encore d’y travailler. S’il est vrai que l’on peut rapidement se retrouver confronté à un mur, tant le chinois est une langue sans le moindre point commun avec nos langues indo-européennes (encore que…), votre volonté à vouloir demeurer dans ce pays et à chercher à comprendre ses habitants, ses us et coutumes, son histoire, déterminera votre aptitude à progresser en chinois. Et je mets de côté les expatriés qui côtoient les chinois plus ou moins anglophones : la langue de Shakespeare ne permet pas de comprendre toute la symbolique et les raffinements du chinois. De plus, ce sont souvent des chinois trop heureux de chercher à se faire des amis européens et qui auront rarement le réflexe de vous parler de la Chine dans ses aspects les plus « basiques« , les plus « pittoresque« , par peur de provoquer le désintérêt de certains expatriés clairement hypnotisés par l’exotisme « clean » chinois.

Mais revenons en à l’étude du chinois.

 

Sonnez le tocsin, c’est la rentrée du 2nd semestre

Comme à chaque début de semestre, nous prenons connaissances de l’emploi du temps. Sachant que j’ai commencé au niveau 2 (sur 8), me voilà propulsé au niveau 5 (五班 – Wu Ban) après 1 an et demi de cours intensifs. Et ce semestre s’annonce plein de changement par rapport aux précédentes rentrées.

On passe désormais de 20h à 24h de cours par semaine dont 4 heures sont dispensées en après midi. La part des cours de pure langue diminue une nouvelle fois pour faire place à des cours culturels ou plus « élaborés ». Par exemple : exit le cours de 听力 (Ting Li – Ecoute intensive). Maintenant, on estime que le niveau atteint en chinois est suffisant pour se passer clairement d’un cours strictement dédié à l’écoute.

Le cours de 精读 (Jing Du – Lecture intensive / Cours de synthèse) reste à 6h par semaine et reste le cours le plus important et qui permet de vraiment bien progresser en chinois. A compter du niveau 5, la grammaire n’est que très peu abordée en raison de son poids bien moindre dans la langue chinoise qu’elle ne l’est en français. Tout est question d’enrichissement de vocabulaire et de son utilisation.

Le cours de 口语 (Kou Yu – Oral) reste à 4h comme le semestre dernier et le cours de 写作 (Xie Zuo – Écriture) reste à 2h semaines (et c’est toujours aussi soporifique d’ailleurs).

Bref, rien de bien passionnant à première vue. Mais il reste donc 12h de cours qui ne sont pas plus en rapport direct avec la langue chinoise (en comparaison aux rentrées dernières)…vraiment aucun rapport ?

 

Le chinois comme les étudiants chinois et en chinois …tu étudieras.

La particularité de notre institut de langue chinoise est qu’il sert également de centre de formation pour les étudiants chinois cherchant à devenir professeurs de chinois à leur tour. Professeur de chinois s’entend aussi bien comme un prof de chinois pour les chinois (comme nos professeurs de français au collège, lycée) que pour les étrangers (l’équivalent de la matière Français Langue Etrangère – FLE). C’est aussi pour cela que j’avais choisi cette université, car elle est réputée pour son centre de formation des professeurs à l’enseignement du chinois sous tous ses aspects… Et les aspects sont forts nombreux comme le dévoile le planning de ce semestre.

 

Cours de lecture intensive de journaux (报刊阅读 – Bao Kan Yue Du) – 2h/semaine

L’intitulé parle de lui-même : cours de lecture de coupures de presse avec analyse du vocabulaire dédié et de certaines tournures grammaticales récurrentes. La semaine dernière, le professeur a préféré perdre mettre à profit les 2 premières heures de cours afin que nous nous présentions tous mutuellement…alors que nous nous connaissons déjà tous pour la plupart…je sens que le professeur me gonfle déjà…. . C’est d’ailleurs assez dommage étant donné que le contenu de l’ouvrage semble vraiment très intéressant et utile. Nous verrons bien demain.

 

Le cours de chinois moderne (现代汉语 – Xian Dai Han Yu) 2h/semaine

Voilà le cours que je ne vais pas aimer! Après déjà 4h à essayer de comprendre le but ultime du cours, je pense avoir déjà laissé tomber. Il s’agit en fait d’un cours à la croisée de la phonétique et de la linguistique pure. Les timbres, les sons, la structure des syllabes. Parfaitement indigeste, même si cela avait été enseigné en français d’ailleurs! Je me rendrais toujours en cours mais honnêtement, en tant qu’auditeur passif. Dommage car les 2 premières heures laissaient entrevoir un contenu plus intéressant et moins aride, vu que le professeur nous avait présenté les différentes sonorités des dialectes chinois.

Cours d’histoire ancienne de Chine (中国古代历史 – Zhong Guo Gu Dai Li Shi) 2h/semaine

Cours dispensé par notre professeur d’histoire de l’année dernière. Sauf que là, le cours est en chinois et l’on commence au temps de la préhistoire chinoise jusqu’en 1840. Le professeur a au moins le mérite d’avoir une locution claire et compréhensible et d’ étayer son cours avec une rétroprojection, ce qui rend la compréhension bien moins difficile. Un de mes cours préféré.

Le cours de « Écoute, observation et conversation » (高级视听说 – Gao Ji Shi Ting Shuo) 2h/semaine

Petit aperçu de ce cours avait été fait au semestre dernier. La trame de base est la suivante : visionnage d’un dessin animé ou d’un passage de film puis on discute de ce que l’on a vu avec la classe. D’apparence trivial, le semestre dernier, cette matière s’est révélée être un pur calvaire : professeur démotivant et idiot, dessins animés intéressants mais tous muets, vocabulaire étudié extrêmement compliqué et inutilisable au quotidien et enfin, un livre pourri! Donc ma participation à ce cours pour ce semestre était pleine de préjugés. Vite envolés avec un professeur dynamique, un livre bien ficelé avec des rappels grammaticaux et surtout une approche « utilisable au quotidien » des structures et du lexique. C’est également un de mes cours préféré. Les dessins animés en question ont été élaborés expressément pour les apprenants en chinois et permettent donc également de comprendre certains pan de la culture populaire chinoise. Également un de mes cours préférés.

Le cours de culture des caractères chinois (汉字文化 – Han Zi Wen Hua) 2h/semaine

Voici mon cours préféré et certainement le plus compliqué. Intéressant parce que grâce à ce cours, on retrace l’histoire de l’écriture et de l’élaboration de chaque sinogramme (par famille). Formes évoluant au travers des siècles, voire des millénaires, avec des changements de styles aux noms bien particuliers (chez nous on parlerait de l’écriture gothique etc…). Être attentif à ce cours, c’est aussi comprendre tout le cheminement de pensée de la langue chinoise mais aussi la culture chinoise. Ce cours illustre parfaitement bien mon propos qu’en à l’apprentissage de cette langue. Comprendre la Chine c’est d’abord apprendre à la parler et ainsi en découvrir les secrets historiques et culturels ; pourquoi passer à côté d’une telle aventure ?

Ce cours est aussi le plus difficile car il nous confronte à un pan culturel qui n’est pas évident pour les occidentaux. Ajoutez à cela que le cours est enseigné dans un chinois plutôt académique. Au moins le professeur est motivé et tente d’être le plus pédagogique possible même si ce n’est pas évident.

Le cours de géographie (中国地理 – Zhong Guo Di Li) 2h/semaine

Tout est dans l’intitulé du cours, j’aurais du mal à digresser dessus hormis le fait que ce cours recoupe également quelques éléments de culture chinoise. Le professeur est de bonne volonté mais relativement soporifique et se contente de nous faire lire le livre dont la structure éditoriale me paraît très bizarre : on prend les 23 régions chinoises et autres districts autonomes puis pour chacun, on lui dédit un chapitre qui résume son histoire, sa géographie, ses lieux remarquables, ses spécialités culinaires et le tempérament de ses habitants….un catalogue de banalités plus qu’un vrai livre d’étude géographique…Bref, je n’exclus pas pour autant d’y apprendre quelque chose mais j’aurais plus vite fait en lisant l’ouvrage par moi même.

Voilà donc mon programme (fort chargé) pour ce semestre….mais je m’en sortirai ^^

Danse avec les Shanghaïens : l’Université des retraités (上海)

Les fêtes de fin d’année n’ont pas été si malheureuse que je l’eusse imaginé, dans la mesure où j’ai été une nouvelle fois invité à réveillonner à 上海 (Shanghai). Il est vrai que pour une ville que j’apprécie très moyennement, j’y passe pas mal de temps. Mais je me débrouille à chaque fois y découvrir un nouveau quartier ou une nouvelle curiosité sortant des sentiers battus, c’est important à mes yeux. Sinon, je n’irai pas.

Cette fois-ci mon passage sur 上海 (Shanghai) a été placé sous le signe de la DANSE. Hé oui, j’ai bien écris « danse ». Alors afin que vous vous détendiez immédiatement, je n’ai pas effectué le moindre pas de danse. Par contre, étant invité par des amis dont l’un est professeur de danse, j’en ai donc profité pour l’accompagner à ses différents cours. L’occasion pour moi d’observer un peu, une partie de l’enseignement culturel eu égard à l’importance de cette discipline pour les Chinois. En effet, il est très courant de croiser le soir, des personnes (plus ou moins âgées) s’adonner à des pas de danse en guise d’exercice de digestion ou bien encore pour s’assouplir etc. Chez les enfants, la danse (un peu comme chez nous durant les « Trente Glorieuses ») est synonyme de grâce et d’élégance, et nombreuses sont les petites filles à prendre part à de tels cours. Certains élèves ont même choisi d’en faire leur métier, en gravissant les différents grades prompts à les faire intégrer les troupes de danseurs et danseuses. Le Bolchoï chinois en somme. Mon ami danseur, répondant au doux nom de 盼盼 (Pan Pan… NON, pas comme le lapin dans Bambi!!!!), a intégré jusqu’à l’année, une troupe officiel de danseurs et danseuses d’Opéra chinois

Pour ce premier cours, rendez à l’Université de Shanghai pour retraités  (si si…) 上海市退休职工大学 , en compagnie de mon ami danseur. Comme vous l’aurez deviné, notre public sera constitué de personnes d’un âge certain mais qui regorgent d’une énergie et d’une joie de vivre typique des chinois (活着 – Huo Zhe).

Allez, à l'échauffement mesdemoiselles!

Allez, à l’échauffement mesdemoiselles!

Pour ce qui est de la suite de la séance, un cours de danse somme toute assez classique (du moins, je le suppose, vu que c’est le premier auquel j’assiste). Répétition de chorégraphies et mise en place. Mais ce que j’ai trouvé touchant, c’est bien cette tendresse à l’égard du professeur, de 40 ans leur cadet (minimum), qui lui même ose à peine affirmer son autorité, eu égard à la tradition de la piété filiale (孝顺 – Xiao Shun) ; tradition très forte et toujours ancrée solidement dans l’esprit de la jeune génération. L’ambiance est particulièrement studieuse, et les mouvements sont répétés consciencieusement (parfois avec maladresse!).

Pas mal pour des "mamies" ^^

Pas mal pour des « mamies » ^^

Et en cadeau, une petite vidéo de la chorégraphie définitive.

 

En sortant de l’université, au 7é et 8eme étage d’un immeuble, je contemple enfin le petit quartier adjacent ,et je me dis que  la Shanghai moderne ne s’est pas encore débarrassée de tous ce qui risque de faire d’elle, une ville à l’urbanisme démesurée et gonflé d’orgueil déshumanisante …et c’est tant mieux. 🙂

Les 农村, beau pieds de nez à une modernité parfois sans visage ;)

Les 农村, beau pieds de nez à une modernité parfois sans visage 😉

Prochaine étape : un cours de danse avec des petits n’enfants chinois huhuhuh!

L’art du renoncement ou le courage des professeurs

Et voici le premier coups de gueule de l’année et rédigé depuis mon téléphone portable tant qu’à faire.

Le semaine prochaine, c’est la fête nationale (国庆日-Guo Qing Ri) (Fondation de la République Communiste etc…), 1er octobre. À ce titre, toute la Chine profite d’une semaine de vacances durant laquelle une très grande partie des Chinois voyagent. On pourrait presque dire que c’est un avant goût des vacances du nouvel an chinois (春节-Chun Jie- Fête du Printemps): énormément de monde sur les routes, les rails, dans l’air etc…je vous laisse imaginer le boxon!

Mais le Gouvernement n’est pas fou: il convient de rattraper quelques jours « gracieusement » donnés en travaillant le Week end. Cette année cela s’articule ainsi: le dimanche 30 septembre permet de rattraper la journée du vendredi 4 octobre et le samedi 12 octobre permet de rattraper le lundi 7 octobre.

En ce sens, ce dimanche était prévu donc ma journée de cours du vendredi 4 octobre. Sauf qu’aujourd’hui la majeur partie des élèves de la classe ont indiqué au prof d’écoute (听力) leur intention de ne pas venir en cours ce dimanche quand bien même cette journée est considérée comme une une journée « normale » de classe. La prof, surement trop heureuse de l’occasion, à mollement demandé à mes camarades de confirmer leur intention de ne pas venir: manquait qu’a les prier!

Et ni une ni deux, elle décrète donc qu’il n’y aura pas cours de 8h à 10h. Position confirmée par la venue d’une responsable de la scolarité qui a redemandé confirmation de « notre intention de ne pas venir »! Belle preuve de courage et de renoncement vu le sourire complice qu’elle semblait avoir avec mes camarades Kazhaks (un ramassis de branleurs pour 90% d’entre eux) en quittant notre salle de classe.

J’étais à 2 doigts d’exploser de rage de voir un tel manque de professionnalisme et de conscience professionnelle. Mais aussi quel manque de respect à l’égard de ceux qui comme moi ont payé plus de 2 000€ leur année de scolarité et sans le bénéfice d’une bourse quelconque (pas comme les Kazkaks ou Coréens qui peuplent ma classe)

Bien sur j’aurais pu faire part de mon insatisfaction en le disant haut et fort devant tout le monde: « NON IL Y’AURA COURS! ». Car oui, en tant que « délégué de classe » (班长-Ban Zhang) mon avis compte pas mal (spécificité chinoise).

Mais pour quel résultat?
– J’aurais perdu la face en criant devant tout le monde;
– J’aurais été le seul con à venir en cours;
– Au regard de la situation, la prof aurait annulé le cours ou bien obligé à étudier pour la énième fois une chanson « pop » chinoise (suscitant en moi une expulsion de tous les liquides corporels par tous les orifices dans les 5 minutes).

Alors voilà, merci encore donc à toute l’organisation pédagogique de mon université pour son professionnalisme et son respect à l’egard tant d’eux même que des élèves. Car quand on prouve en 2 minutes que l’on se fait retourner par les élèves aussi facilement, c’est que l’on doit avoir une sacrée dose de respect pour soi…ou pas.

Et pour info, du 1er au 7 octobre je serais à 上海 (Shanghai) pour visiter les villes avoisinantes avec des amis.

Bisous quand même