Comment…j’ai appris à confectionner des 麻食 (麻什 – Ma Shi)

Je vous avais parlé récemment d’un type de pâtes que l’on retrouve surtout en Chine du Nord, les 麻食 ou 麻什 (Ma Shi), aussi appelées 面鱼儿 (Mian Yu Er) dans les autres contrées de l’Empire du Milieu. Pas plus tard que la semaine dernière, il m’a été donné l’occasion de participer à la confection de ces pâtes, au détour de l’apéritif, comme ça, mine de rien genre « Tiens, on va faire des 麻食 » (en chinois dans le texte ^^).

Plus facile à dire qu’à faire ? Par certain dans la mesure où les ingrédients sont limités à portion congrue : de la farine de blé et de l’eau. Point d’œufs dans la recette, c’est les pâtes du pauvre. Et j’en profite donc pour faire une parenthèse en lien avec le niveau de vie en France : je reste halluciné par le prix des pâtes fraîches en France (surement le même prix en Europe) aussi bien en grande distribution que dans les restaurants spécialisés. Je veux dire, après cette expérience de confection en direct de pâtes (certes sans oeufs), je ne comprends toujours pas pourquoi 250G de pâtes fraiches dégueulasses Lustucru (faîtes en usine) vont couter presque 3€ (25Y), là où un gros bol de 麻食, confectionnés sur place et devant moi, ne dépassera pas les 7-8Y (1€) ? Au delà du prix de la main d’œuvre et des matières premières, je trouve finalement honteux que des produits aussi simples et évidents, t’obligent à te couper la moitié d’un bras pour bouffer un pauvre plat de pâtes bolognaises dans un restaurant pour presque 9€…on se fout de la gueule de qui là ? Fermons la parenthèse…

Revenons en aux 麻食 en question :

De la farine et de l'eau donc

De la farine et de l’eau donc

Ne me demandez pas la quantité de tel ou tel ingrédient, on a fait ça au à la chinoise pif, en versant progressivement de l’eau avec un bol, tout en touillant la préparation à l’aide de baguettes. Le but et de donner progressivement une texture plus ou moins épaisse à la préparation.

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A force d’ajouter de l’eau, on finit par obtenir la consistance d’une véritable pâte à pain (et cela s’avère être le cas finalement puisque l’on se contente que d’eau et de farine). Le pétrissage se termine à la main, afin de rendre le tout bien homogène et tout en continuant de discuter avec mes camarades de classes et nos hôtes chinois, mine de rien (et de crayon), je te fais des pâtes sur un coin de table à la volée, en sirotant un petit pastis par trop noyé…

Ca prend forme

Ça prend forme

Vraiment rien de plus simple à confectionner, je crois que c’est encore le coups de main qui fait la différence dans ce genre de recettes ultra simple mais tellement faciles à rater. On laisse reposer le tout un bon quart d’heure avant de s’attaquer vraiment à la confection des dits 麻食 (Ma Shi).

On coupe la pâte en grosses tranches avec un couteau, puis l’on fait un long serpentin avec.

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Ensuite, on prend une petite portion entre le pouce et l’index. Sur une surface farinée, on écrase (sans trop forcer) le morceau de pâte tout en le faisant rouler sous le pouce. Cette action permettra d’étaler un peu la pâte tout en la faisant se recroqueviller sur elle-même, lui donnant cette forme particulière de « petite oreille » (comme on peut le voir plus haut).

Tout est dans le coups de main!

Tout est dans le coups de main!

Et voilà, c’est fini! Reste plus qu’à passer à l’eau bouillante pendant 5 minutes et d’y agrémenter les légumes et assaisonnements désirés. Il est aussi possible de faire sauter légèrement les 麻食(Ma Shi) après les avoir fait bouillir, c’est au choix. Je trouve que cela change du fameux atelier de confection des raviolis chinois (饺子 – Jiao Zi), tant prisée par les étrangers qui débarquent en Chine.

Bon, pour cette soirée finalement, on ne les a pas mangé car nous avions cuisiné déjà trop de plats, mais cela nous a bien occupé et cela nous donc permis d’apprendre à faire des pâtes typiquement chinoises, et que l’on ne retrouve pas en Europe (et c’est bien dommage). Bon’ap!

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Qu’est ce qu’on mange : l’univers des 小吃城 (Food court)

Sans être une particularité de la Chine, les Food court ou 小吃城 (Xiao Chi Cheng) sont des lieux où l’on peut encore confronter son émerveillement culinaire à faible coût. Pour les allergiques à l’anglais, un « Food court » est un lieu où l’on trouve une véritable succession de vendeurs de plats préparés devant vous, de snacks en tout genre. La disposition générale est la suivante : le food court est souvent configuré dans un carré ou un rectangle avec au centre, des tables et des tabourets/bancs, cernés de chaque côté de la structure, d’échoppes ou d’étales cuisinant devant vous.

Vous désirez ?

« Vous désirez ? »

Le principe des food-court me paraît très répandu en Asie puisque j’en ai croisé pas mal à Hong Kong, il y’en a un dans la gare ferroviaire de Bangkok et c’est même quasiment une institution à Singapour. Selon le niveau et la qualité du food court ou 小吃城 (Xiao Chi Cheng – « Village de snacks »), il faut parfois passer par une caisse centrale qui vous délivrera une carte de paiement dédiée (contre un petit dépôt rendu à la restitution de la carte) qui vous permettra de régler tous vos repas dans le food-court. Dans les 小吃城 plus modestes, on paie directement au comptoir désiré.

IMG_4230Autre avantage du « food court », c’est le lieu par excellence si vous ne savez pas quoi manger et à moindre coût (c’est important!). Il y en a pour tous les goûts. Par exemple, à Xi’an notamment, vous trouverez facilement les spécialités locales type 肉夹馍 (Rou Jia Mo), 凉皮 (Liang Pi), le coin avec toutes sortes de nouilles (三合一 油泼面 « Biang Biang »面…), le coin avec les nouilles et le riz sauté. Enfin, le dernier coin avec les différents 砂锅 (Sha Guo) et autres 麻辣烫 (Ma La Tang). Difficile donc de ne pas trouver chaussure à son pied…et ça failli m’arriver. Bref, si vous voulez dégustez les fameux 小吃 (Xiao Chi – Snacks ou « petites bouchées ») typiques de Xi’an, c’est The place to be.

EUREKA...j'ai trouvé quoi manger!

EUREKA…j’ai trouvé quoi manger!

Je suis tombé sur une manière de préparer un plat que j’avais déjà mangé et que l’on appelle le 麻食 (Ma Shi) ou 麻什 (Ma Shi) à Xi’an, mais l’appellation nationale semble être 面鱼儿 (Mian Yu Er). Il s’agit tout simplement de pâtes sans œufs, confectionnées afin de leur donner la forme de petites oreilles. J’écrirai un post sur le sujet prochainement, je n’en dis pas plus. Bref, je me suis laissé tenté par une version « sautée », là où normalement le 麻食 est plutôt servi en ragout avec des tomates et des oeufs. Et le tout pour 8Y (1€), que demande le peuple ?!

Voici 香酱炒麻食 (Xiang Jiang Chao Ma Shi)

Voici 香酱炒麻食 (Xiang Jiang Chao Ma Shi)

La rengaine du jour : « 12 Black Rainbows » par Type O Negative

Pour plus de lisibilité, j’annonce désormais dans le titre de mon post dédié à la musique, le groupe et la chanson en question. Et pour ceux encore qui trouveraient à redire sur la pertinence de cette catégorie dans un blog qui traite à 99% de la Chine, je prépare un petit billet « d’humeur » en ce sens, et toc!

Revenons en à la musique, que dis-je la « Musique »! Attention là on attaque un gros morceau musical et une figure trop disparue dans l’univers de la musique métal. Il s’agit du groupe de metal/gothic/doom/psyché Type O Negative. « Connais pas!« , me répondrez vous et c’est normal, je pars sur la base de votre ignorance en la matière. Les connaisseurs par contre ne pourraient me blamer de mentionner une telle référence musicale. Veritable OVNI musical temps par la musicalité empruntée (gothic metal, ca fait un peu « rock sombre à minettes » genre Him etc..mais avec Type O Negative on est à l’opposé de ça), par le son des instruments ( c’est bien simple, tous les instruments sont passés à la pédale « fuzz » rendant le son trainant et dégueulasse) que par la personnalité de son frontman, le géant de plus de 2 mètres Peter Steele. Personnalité très tourmentée mais doté d’un sens de l’autodérision sans nuls égal et d’un humour particulièrement corrosif qui se se ressent dans énormément de compositions du groupe. Hélas trop tôt parti (décédé en 2010 d’une crise cardiaque), la voix baritone de Peter Steele me fait même dire que c’est encore un des seul groupe de metal où tu peux te permettre quelques activités nocturnes en binôme, sans avoir l’air de casser l’ambiance (ok, c’est lourd!). Bon, stop le blabla, on attaque avec un morceau bien méconnu mais très révélateur du style du groupe.

Qui : Type O Negative

Titre : 12 Black Rainbows

Album: Everything Dies (Single 1999)

Cette chanson n’apparaît en réalité sur aucun album et ne fait pas parti non plus des morceaux « typiques » du groupe. Néanmoins, la recette Type O negative est là : des samples caverneux et profonds (c’est pareil, non ?), une voix de stentor tantôt lancinante, tantôt enlevée, une basse et une guitare sur-saturées et une batterie simple mais efficace avec elle aussi, une sonorisation bien « synthétique ». On surfe entre l’indus-rock-gothique, un blougibulga qui n’est pas vraiment là pour donner le sourire mais qui révèle la profondeur de la chanson qui se terminent en apothéose avec des barrissements d’éléphants (si! si!)…malsain, dites-vous ?

BONUS:

Un classique du genre façon Type O Negative (mais écoutez aussi « Black n°1 » ou « Christian Woman », de véritables bijoux), voici « Too Late : frozen » (Too Late: Frozen – Album : Bloody Kisses – 1993). Morceau bien plus énergique et qui fait son effet en live, sa structure est divisée en 3 parties (la dernière étant la reprise de la 1er partie, vous me suivez ?). Cela ressemble à un petit medley, et sur scène on peut ainsi constater toute l’expression scénique de Peter Steele (génie?).

Nouveaux quartiers en Chine ou l’effet « Disney » urbain : exemple à 西安 (quartier 曲江新区)

Dans son accroissement permanent et le gigantisme toujours plus assumé de ses villes, la Chine a une drôle de tendance à rénover voire à créer certains quartiers (majoritairement résidentiels) en de véritables temples de la modernité…quitte à vite déraper dans le « too much« . Je m’explique : de mon point de vue (qui me semble toutefois plus que partagé par de nombreux expatriés), toutes les villes se ressemblent. Cela se vérifie globalement au regard de l’habitat urbain, mais aussi de l’agencement des voies de circulations, des tronçons routiers etc.

Toutefois, dans cet élan de modernité, la Chine semble vouloir imprimer sa « patte » en démontrant la rapidité mais aussi la modernité des ouvrages entrepris ; je m’explique encore. Si la tendance à l’architecture façon « soviétique » semble disparaitre petit à petit, c’est pour laisser la place à une architecture plus…dirons nous…. baroque! Baroque en soi (les dimensions, les formes, les couleurs, le nom des immeubles) mais aussi baroque par rapport à l’architecture environnante qui semble rester figée dans les années 70s. Mais au travers de ces constructions tendances « post-moderne », le gouvernement chinois souhaite clairement démontrer que la Chine est plus que tout un pays développée, moderne et surtout, prompt à attirer les habitants à fort pouvoir d’achat, voire quelques expatriés tant qu’à faire (et je n’en fait pas parti).

Juste derrière mon université, on peut dont trouver l’un de ces quartier complètement rénové dans un style architectural prompt à vous faire oublier que vous êtes en Chine (à quelques détails près) : le quartier de 曲江新区 (Qu Jiang Xin Qu).

Premier constat, les maisons. On est bien loin des tours de 30 étages (j’habite au 11e), mais on se croirait plutôt dans un quartier pavillonnaire européen : petites maisons de 2-3 étages maximum, avec petit balcon agréable etc… je vous laisse juger, c’est assez étonnant quand on connait un peu 西安 (Xi’an).

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Si si, on est bien à Xi’an

Mais vous allez me dire: « On s’en fout, c’est pas la Chine ça!« . Mais si justement, là où ça détonne, c’est que l’on retrouve encore des mobiliers urbains typiquement chinois et qui, selon moi, sont complètement en décalage avec ce souhait de modernité affiché. Car juste devant cette maison, vous trouverez de multiples portiques & mobiles pour faire de l’exercice, des étirements etc… Ce mobilier urbain est présent dans tous les quartiers résidentiels puisque les chinois sont adeptes de ces exercices d’étirements, de musculation, dictés notamment par la médecine traditionnelle chinoise. Rien d’étonnant donc de voir mamie se faire les ischio jambiers en plein milieu de la journée.

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Autre détail de poids, la présence saugrenue d’une architecture type « ancienne Chine » mais toute aussi récemment installée à côté de ces maisons au style plutôt occidental. Et là c’est sur, on est bien en Chine.

Bienvenu en Chine...euh...

Bienvenu en Chine…euh…

Vous comprenez maintenant la dichotomie architecturale (je l’ai placé!) ? Nous sommes donc toujours à 西安 (Xi’an), dans ce nouveau quartier à l’urbanisme un peu zarbi mais bon… . Dans une volonté de donner aussi à cet endroit un peu désert et déshumanisé, une touche culturelle, les architectes n’ont rien trouvé de mieux que d’ériger une immense structure censée représenter la brillante civilisation chinoise au travers de la Dynastie Tang, dont le rayonnement prenait sa source à 西安 (Xi’an), anciennement appelée 长安 (Chang An – Longue Paix). Et je puis vous assurer que cette représentation culturelle/historique est symptomatique de cette espèce de schizophrénie politique chinoise : tirer les conséquences désastreuses de la « Révolution Culturelle » sans désavouer le grand Timonier (Mao) ET tout en remettant au goût du jour les « 4 vieilleries » : vieille culture, vieilles habitudes, vieilles idées, vieilles coutumes. Du grand art, si je puis dire :

Quel constraste!

Quel contraste!

A ceci, veuillez ajouter un peu de « propagande » qui véhicule, là aussi, une véritable schizophrénie : vieille tradition sur la forme, idée plus « communiste » sur le fond. Mais c’est drôlement bien fait, car au début j’ai cru à des affichages relatifs à une prochaine exposition de vieilles peintures et autres broderies anciennes. Mais il s’agit en réalité d’un grand plan de propagande lancé depuis l’arrivée de 习近平 (Xi Jin Ping) au pouvoir : « La Chine, mon rêve« . Et cela est décliné en d’innombrables affiches dans la même veine éditoriale.

"La Chine réalise le bonheur de tous" (à peu près)

« La Chine réalise le bonheur de tous » (à peu près)

Je reconnais que cela laisse « rêveur » (même champ lexical que le machin de propagande plus haut, pas mal hein ?……laissez tomber -__-).

Alors, je récapitule : nous avons, un habitat moderne, des reliques du passé mais modernisées, du culturel en plastique, de la propagande…hum… c’est qu’il manque encore un élément fondamental pour attirer les chinois avec un peu d’argent : un centre commercial, afin d’y exercer leur sport favori, le SHOPPING! Aussitôt dit, aussitôt fait, et dans la plus pure tradition de l’architecture rococo, voici le centre commercial 大唐不夜城 (Da Tang Bu Ye Cheng). Avec son Starbuck Coffee, son magasin Häagen Dazs, son Pizza Hut, son Wall Mart etc… brefs, tous les symboles de l’Amérique triomphante au service d’une future société de consommation bercée dans un anti-américanisme politique limite feint… La schizophrénie est surement ce qui caractérise le plus certains aspects de la vie chinoise, et c’est surement ce qui la rend aussi insaisissable…

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Bref, la Chine n’est donc pas épargnée par cette frénésie de modernité, quitte à prendre le risque de dévisager une fois de plus son architecture ; c’est bien dommage alors que la Chine est, à mes yeux, à un tournant lui permettant de créer son propre modèle de développement économique/culturel/sociologique, sans reproduire les désastreuses erreurs d’une certaine forme de société de consommation à l’occidental. Je souhaiterais que le futur me fasse mentir, mais c’est bien mal parti tant le Gouvernement semble, par le biais de la satisfaction des « petits besoins immédiats », avoir trouvé une nouvelle forme d’opium…

Heureusement, ces désastres architecturaux ne sont pas généralisés mais il est vrai que l’on tend vers ce modèle de modernisation urbaine. Sur certains aspects c’est effectivement dommageable, mais heureusement là aussi, la propagande est là pour nous galvauder…et nous rassurer ? Pas si sur.

"Les grandioses ancêtres de la Nation"

« Les grandioses ancêtres de la Nation »