Épisode dont je me serais largement passé tant cela en a embarrassé plus d’un. Bénéficiant de l’office d’un professeur remplaçant pendant une semaine, certains de mes « camarades » de classes n »ont rien trouvé de mieux que de lui montrer très clairement leurs désintérêts pour la matière.
Petite précision de contexte général : Toute d’abord il convient de rappeler la présence en force de ressortissants d’anciennes républiques soviétiques (notamment Kazakhstan, Ouzbékistan, Tadjikistan….), dont de nombreux partenariats ont été tissés avec les universités de Xi’an. Ainsi on se retrouve avec des classes à moitié peuplées de personnes issues de ces pays. Le problème étant qu’en fait ces jeunes sont souvent envoyés ici » à marche forcée » par leurs universités, qui leur défraient quasiment l’ensemble de leurs frais. Pour certains, c’est leur 1er année d’université et ils la passent à l’étranger, en Chine. Certains ont à peine 17 ans! N’hésitant pas ainsi à se comporter comme de « petits rois », pour une bonne moitié d’entre-eux on se demande ce qu’ils font là…et eux aussi je crois. Si bien que l’assiduité, le comportement en classe peut parfois s’en ressentir avec un « je-m’en-foutisme » ambiant par moment. Ma classe est relativement préservée par cet état de fait qui touche avant tout les classes de « débutants ». Et enfin, à leurs décharges, cette fois-ci ils n’y sont pour rien. Parenthèse fermée.
Notre professeure constatant que la moitié de la classe n’avait pas fait ses devoirs s’empourpre et rompt subitement avec le flegme de la titulaire (en déplacement pendant cette semaine). Commence alors, et à raison je dois l’avouer, un discours moralisateur sur le pourquoi nous sommes venu ici, qu’il y’a un temps pour jouer et un temps pour étudier et que ces temps sont très distinctement délimités pour qu’aucune confusion ne soit permise (hors mauvaise fois!). Et vas-y pendant qu’elle parle un de mes camarades (indonésien) se lève et se casse, sans aucune autre forme de procès, faignant de ne pas comprendre la prof’ qui lui demande la raison de ce départ soudain. Immédiatement suivi par un autre (indien cette foi-ci), principal agitateur sous ses airs décontracte-cool-istrillon (un connard quoi, faut le dire!). Ne reculant devant aucune provocation, il prétexte ne pas se sentir bien alors que la prof’ lui défend de sortir à 3 reprises…suivi de près par une arménienne qui prétexte la même chose, après avoir passé 2 heures sur son ordinateur portable. Forcément ça à de quoi vous faire dégoupiller! La prof termine son speech en arrosant au passage le comportement des occidentaux vis à vis des professeurs…classe! Et les larmes aux yeux, quitte subitement la classe, nous laissant en carafe pendant 15 bonnes minutes!
Mal être généralisé, puisque nous étions globalement tous en accord avec son discours mais ne sachant pas comment réagir face, nous lui avons offert notre meilleur visage à son retour. Participation tonitruante pour les 10 dernières minutes de cours, lui redonnant même le sourire. A la fin du cours, elle avait toujours les larmes aux yeux mais je n’ai pas manqué de lui expliquer brièvement que les occidentaux respectaient également les professeurs…et puis que bon, l’Indonésie et l’Inde, c’est l’Asie quoi! Et on ne va pas généraliser à une population le comportement de malheureux goujats! J’en ai profité pour lui dire qu’elle n’en demeurait pas moins bon professeur (hop, un coup de langue, c’est gratuit et ça fait pas de mal^^).
Et pour la Guigui Touch : j’ai proposé à tout le monde de cotiser pour acheter un petit bouquet de fleurs en guise de remerciement et de plates excuses. Parce que c’est ça aussi ça de montrer à un professeur que l’on apprécie son dévouement à nous apprendre une langue relativement difficile. Elle a su nous remettre un peu les idées en place et nous rappeler des efforts à déployer pour parler chinois. Et ça, même si je m’en doutais déjà, il est toujours bon de se l’entendre dire par le professeur. Lèche cul ? Non, je bénie chaque jour de m’avoir permis d’accélérer mon apprentissage du chinois en Chine et ce, notamment grâce à la présence de professeurs; même si cela peut parfois être rasoir, je sais pourquoi je suis là et ne me laisserai pas gâcher mon plaisir par des gougnafiers de bas étages!
C’était la minute « petit coup de gueule »!