Les vestiges d’une Chine qui disparait : Pingyao (平遥)

Sous ce titre éminemment pompeux, je profite surtout de l’occasion pour vous présenter l’une des mes villes préférée en Chine. Il s’agit de Pingyao (平遥 Ping Yao), petite ville nichée dans la région du Shanxi (山西 – Shanxi), région attenante à celle où je réside….le Shaanxi (陕西). Vous ne voyez toujours pas ?

A l’occasion de la venue de ma mère et de deux amies en Chine, courant mai 2014, j’ai fortement orienté le planning des visites afin que nous fassions une excursion d’un jour dans cette cité médiévale où le temps semble s’être suspendu depuis plusieurs centaines d’années ( 400 ans, au bas mots), notamment dans la vieille ville.

Étant donné que nous étions à Pékin (北京- Beijing) à ce moment là, il m’a paru pertinent de rejoindre Xi’an par voie ferrée, en faisant une étape à Pingyao (平遥 – Ping Yao) puisque c’est sur le chemin. Allez zou, on prend le train de nuit, histoire d’arriver le lendemain très tôt le matin à Pingyao.

10h après (moi j’ai bien dormi, comme d’hab, pour ce qui est des autres….^^), nous y sommes! Une consigne officielle se trouve à votre gauche, directement en sortant de la gare. Très pratique sauf pour les horaires de fermeture…17h ! Quand tu reprends le train pour Xi’an (西安 – Xian) le soir même à 21h, ça fait un peu…comment dire…CHIER! Mais bon, ça ne coûte pas plus de 10Y (1,2€) par bagage et le personnel est sympathique (bien qu’empoté). Direction la vieille ville!!!

Info : en sortant de la gare, dos à celle-ci, dirigez vous sur l’artère principale à votre gauche puis engagez-y-vous sur environ 300-400 mètres. Ensuite, prenez l’artère sur votre droite qui longe directement les douves (asséchées) de la vieille ville (sur votre gauche). Continuez 200 mètres, et l’une des porte principale (La Porte Ouest – Fengyi) est sur votre gauche.

La vieille ville de Pingyao (平遥), une image d’Épinal à elle-seule.

Pour sûr, on en a pour ses yeux. Si je me souviens bien (ou plutôt, si je lis bien dans Wikipedia….désolé…), la ville n’a pas été modifiée depuis la fin de la Dynastie Ming, soit depuis 1644. La vieille ville est en effet encerclée par un mur d’enceinte quasiment intact, couplé à de nombreuses tours de garde. Comme à Xi’an, il est tout à fait possible de s’y promener et d’en faire le tour….contre la modique somme de 120Y ( 8€)! Hé oui, c’est aussi ça la Chine : l’art de te faire cracher au bassinet la visite d’un site touristique quand bien même celui-ci est une ville entière. Donc 120Y (demi-tarifs pour les grabataires de plus de 65 ans) pour crapahuter sur les remparts, mais pas seulement. Ce ticket d’entrée vous donne accès aussi aux différents bâtiments officiels : poste, bureau de douane, centre de la monnaie… . Autant d’endroits bourrés d’histoire et qui valent vraiment le coups d’être visités, tant par la beauté de l’architecture intérieure que par l’importance historique qu’ils revêtent malgré la modestie de cette ville : c’était un véritable carrefour commercial incontournable et le plus important centre bancaire de toute la Chine au XIX siècle.

Remparts vus de l'intérieur de la ville

Remparts vus de l’intérieur de la ville

Véritable bijou historique, la vieille ville a entièrement été classée Patrimoine de l’UNESCO en 1997. Le plaisir principal étant donc d’y déambuler et 2 jours de visites ne seront vraiment pas de trop pour explorer les petites ruelles, tellement typiques. On se croirait presque dans « Tigres & Dragons« .

DSC07317Mais Pingyao (平遥) n’est pas une simple ville musée puisque de nombreuses familles y vivent, et vivent du commerce touristique particulièrement développé (voire à l’écœurement). Il n’est donc pas rare de tomber sur ces petites « scènes » du quotidien donc je raffole particulièrement.

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Une école primaire (小学 – Xiao Xue)

Les personnes rencontrées dans les petites ruelles, notamment des personnes âgées, étaient très chaleureuse bien qu’habituées à croiser de nombreux touristes tout au long de l’année. Mon seul regret est que je pense que cette ville va continuer à se transformer jusqu’à devenir un véritable « Disney Land » à ciel ouvert, comparable à Lijiang (丽江) dans le Yunnan (mais nous y reviendrons). Quoi qu’il en soit, j’ai eu le plaisir de converser avec un vendeur de chaussures qui baragouinait un français de cuisine, fort drôle à l’écoute. Nous sommes même tombés sur un théâtre tenu par des personnes de petites tailles qui proposaient un spectacle de marionnettes en ombres chinoises (皮影 – Pi Ying). Ticket d’entrée 80Y (ou 40Y, je ne sais plus, désolé).

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La viande de bœuf, spécialité culinaire de 平遥 (Pingyao)

Je ne pouvais pas ne pas vous parler des spécialités locales. Étant dans la région du Shanxi (山西), les nouilles sont effectivement fameuses. Mais une spécialité culinaire caractérise un peu plus Pingyao (平遥) : les tranches de viandes de bœuf froides arrosées de vinaigre de soja. Comment dire : un pure délice et puis c’est tout! Les restaurants locaux ne s’y sont pas trompés, et vous trouverez cette spécialité sur toute les cartes. N’ayez craintes sur le fait que la viande soit « froide », il s’agit ni plus ni moins que de tranches de rôti.

MIAAAAAAAAMMM!

MIAAAAAAAAMMM!

Enfin, pour ce qui est des spécialités artisanales, je citerais les boites laquées mais là encore, je pense que vous serez obligés de vous laisser un peu « attraper » car je ne saurais me prononcer sur la qualité de la laque employée. Mais ma mère en a acheté une, et semble pleinement satisfaite de son nouveau coffret à bijoux ^^.

Alors n’hésitez vraiment pas à passer à Pingyao (平遥), culturellement et historiquement parlant, cette ville est un pur trésor. Vous trouverez 2-3 auberges de jeunesses très propres et confortables, avec un personnel parlant un anglais très correct. Vous pourrez dormir sur des literies aux contours d’époques (je ne parle pas du sommier, patate -_-!), le tout dans des chambres donnant directement sur les courettes intérieures, typiques des 四合院 (Si He Yuan).  Et si vous n’êtes toujours pas convaincus, j’en connais un qui ne pense pas comme vous:

"J'ai faim!"

« J’ai faim! »

Le quartier des calligraphes à Xi’an (南门儿)

En prévision de la reprise prochaine des cours, notamment celui de calligraphie, je me suis dit qu’il serait peut être temps de renouveler un peu son matériel. Dans mon cas, changer de pinceau et acheter un nouveau pot à encre, lestement « explosé » le semestre dernier en voulant faire du rangement. Allez hop, direction la Porte Sud des remparts de la ville, communément appelée  » 南门儿 » (Nan Men – Sud Porte –  en ajoutant un « eure » trainant, dans la plus pure tradition de l’accent du Nord de la Chine).

Accessible facilement en métro ou en bus (de très nombreuses lignes), la Porte Sud accueille le quartier des « calligraphes » et autres commerces y afférant.

L'accueil par une pagode

L’accueil par une pagode

Au pied des remparts s’alignent donc une successions de petites échoppes vendant aussi bien des pinceaux de toutes sortes et de tous poils ( nan, pas en poil de….) que des supports de calligraphies, des bijoux etc…. . Un vrai repère à touristes en devenir. Car même si on les voit trainer dans les parages, ils sont souvent attirés par la possibilité de se balader sur les remparts, juste au dessus. Ne me considérant pas comme un touriste (sisi, j’assume), je suis parti à la quête de mon matériel en bon professionnel de la calligraphie (mais si!).

Oh putain y'a du choix!

Oh putain y’a du choix!

Je ne résiste pas à flâner la truffe au vent , tout en faisant semblant d’ignorer la surprise sur le visage de certains vieux chinois. Par ici, certains jouent au Mahjong ‘麻将 », par là, certains font des démonstrations de calligraphie aux badauds curieux, aussi bien chinois qu’étrangers. En longeant la porte, direction Est, sur votre droite vous pourrez trouver un grande cours qui semble occupée par de « vrais » calligraphes qui vivent de leur art. Il reproduisent notamment des textes de penseurs et poètes chinois. Parfois en gros caractères, parfois en pattes de mouches. Un travail d’une minutie inimaginable en conservant une forme d’esthétisme épurée qui l’est tout autant. Mais surtout et malgré les apparences, ce petit quartier respire une forme de tranquillité « relative » et bienvenue après le brouhaha ambiant de 西安 (Xi’an)

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Je reviens à mes moutons et procède à mes achats auprès d’un des nombreux commerces à qui j’arrive à négocier un petit rabais de 5Y sur le pot d’encre, sous pretexte que c’est un modèle d’exposition. Pinceau + pot = 30Y soit   3€70 (il est bien évident que j’aurais certainement pu m’en tirer pour moins cher si : 1. j’étais chinois ; 2. je parlais le dialecte local, le 陕西话).

Mais après une balade d’une bonne demi-heure, je décide de redescendre vers le quartier animé de la Tour de la Cloche (钟楼 – Zhong Lou), en plein samedi (pour ainsi dire, un pure suicide puisque cela équivaut pour un même jour au quartier des Halles à Paris MAIS multiplié par 10)!

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Reste à savoir comment rentrer chez moi pour la fin de la balade : bus ou métro…je vous laisse deviner

C'est pas gagné!

C’est pas gagné!

Xi’an & Fête Nationale

Pour les habitués du blog, il ne vous aura pas échappé que j’ai récemment fait allusion à la fête nationale chinoise. Autant vous renvoyer directement à la page Wikipedia, largement plus instructive qu’une pale tentative d’explication de ma part. Pour faire court, cette période de congés est consécutive à l’anniversaire de la proclamation de la République Populaire de Chine par Mao Zedong les 1er et 2 octobre 1949.

En pratique, c’est l’une des 2 périodes de l’année (avec le nouvel an) où toute la Chine décide de partir en vacance en retournant auprès de la famille. Généralement 3 jours sont donnés en plus de 1/2 jours fériés, permettant ainsi de faire un « pont » d’une semaine complète. Je vous laisse imaginer le mouvement de foule.

J’habiterais dans une ville lambda, ça se verrait quasiment pas…mais j’habite Xi’an, qui est l’une des villes avec l’un des plus haut potentiel touristique. En vrac : L’armée de terre cuite enterrée de l’empereur Qin, la Grande et la Petite Pagode de l’Oie Sauvage, les remparts de la Ville, le plus grands mont Taoiste (la Montagne Hua), le Temple Famen, le musée historique du Shaanxi…bref, une grosse partie de la Chine se rue sur Xi’an.

Une chose est sure, c’est qu’il ne faut pas être agoraphobe dans cette situation. Encore une fois, c’est ce qui fait toujours le charme de la Chine même si je conçois que cela puisse rendre passablement nerveux. Toutefois, je me suis dit que c’était aussi un bon moment pour « communier » avec tout ce monde, en visitant un peu les coins plus « classiques » de la ville. Car oui, Xi’an n’est pas une ville simplement touristique. Elle présente toutes les stigmates de la ville chinoise par excellence : quadriée, poussiéreuse avec une architecture urbaine similaire à toutes les autres villes que j’ai pu visiter, que ce soit Zhengzhou ou encore Beijing. Tout est bien « harmonisé », rien ne dépasse pour que Xi’an soit si différente de n’importe quel autre faubourg.

Malgré la cohue, la rythme de la vie reste le même, et même à 16h00 il est tout à fait normal de déguster des nouilles froides épicées en guise de « gouter ».

Sans oublier le petit pain à la viande

Nan, vraiment il y’a un art de vivre à la chinoise au quotidien! On prend ou on ne prend pas le plie. Je ne considère par l’avoir tout à fait pris mais je m’en approche car très sincèrement, j’aime ça.

Un petit coucou de la Tour de la Cloche (中楼)