Comprendre la Chine par les cartes : « les dessous de la Chine »

Au delà du jeu de mot à tendance graveleuse qui pourrait murir dans les cerveaux des plus dérangés d’entre vous (mes amis, en somme), je me suis longuement interrogé sur la façon la plus simple d’essayer de faire comprendre à l’ensemble de mes lecteurs (oui, c’est les MIENS!!! MES PRECIEEEEEUUUUX!), ce qu’est la Chine.

Je me suis remémoré l’excellente émission, longtemps diffusée sur Arte, qui se prénomme « Le dessous des cartes« . Cette émission a le mérite d’expliquer un certain nombre d’éléments tant géographiques que culturels, économiques, stratégiques, politiques etc par la seule utilisation de cartes dynamiques, éclairées par les commentaire de son présentateur Jean Christophe Victor. Ce dernier est lui même géographe et diplômé en langues chinoises à l’Institut des Langues Etrangères (INALCO).

Après visionnage de nombreuses vidéos ayant trait à la Chine, j’en ai sélectionné 4 qui me paraissent encore jouir d’une certaine actualité, même si certaines dates de 2004, soit 10 ans en arrière. Cela permet justement de se rendre compte de l’évolution particulièrement dynamique de l’Empire du Milieu. Mais surtout de la réalité des problèmes et situations auxquels est confrontée la Chine, là où ces derniers étaient à peine esquissés dans les années 2000.

Chaque vidéo dure environ 10 minutes et balaye assez largement le contexte de la Chine. Soyez bien attentif car cela explique bien des situations actuelles et dont l’actualité est particulièrement éclairante.

 

Ethnologie, géographie,migrations : un bref résumé de ce qu’est la Chine « physique » aujourd’hui

 

Une vidéo vaut mieux que 3 paragraphes d’explication =>

Une vidéo d’introduction assez brève et synthétique. Elle se focalise notamment sur la géographie du territoire chinois et qui permet ainsi de comprendre au mieux les migrations internes et le développement des zones côtières au détriment de l’intérieur du territoire. Mais aujourd’hui, ce mouvement semble « légèrement » s’inverser, et le gouvernement chinois a ,depuis, lancé de nombreuses politiques pour inciter les habitants à revenir dans les terres et développer ainsi les villes de l’intérieur comme 西安 (Xi’an), 武汉 (Wuhan), 成都 (Chengdu) ou 重庆 (Chongqing).

 

L’histoire et la conception géographique du peuple chinois de son propre pays : une actualité des enjeux géostratégiques modernes

Ou comment l’histoire d’une civilisation vieille de plus de 4 000 ans, permet d’expliquer encore bien des choses en 2014, notamment sur l’idée de « Pays sous le Ciel » ou « Empire du Milieu » et ses frontières. Ainsi, la course à l’extension territoriale vers la zone ouest (la mer), permet de comprendre les enjeux et (en partie) la raison d’une telle fermeté du gouvernement chinois à l’égard des conflits insulaires avec le Japon (Iles Diaoyu), avec les Philippines (Iles Pratas) ou avec le Vietnam (Iles Paracels). Cette vidéo est très instructive.

 

Démographie : les enjeux casse-tête de la population chinoise

Une problématique aux multiples enjeux donc certains insoupçonnés : géostratégie, urbanisation, vieillissement de la population, ressources naturelles ; l’importante population chinoise serait-elle sont propre problème ? Une vidéo très éclairante.

 

Les matières premières : enjeu premier de la vision mondiale de la Chine

Pourquoi la Chine est-elle en Afrique ? Comment la Chine diversifie-t-elle ses ressources énergétiques ? Comment se comporte-t-elle face à la pression et à la concurrence des autres nations, gourmandes en ressources, notamment le pétrole? Réponses dans cette vidéo.

 

Alors oui, je ne dis pas grand chose et me contente de poster des vidéos. Mais voilà, parfois quelques vidéos de qualité valent bien mieux qu’un long discours, d’autant plus si ce discours est donné par quelqu’un (votre serviteur) qui est loin d’être connu ( et reconnu!) comme un expert académique de la Chine. Je vous laisse vous faire votre idée sur ce pays époustouflant, son comportement et sa politique actuels, éminemment motivés par son histoire mais aussi sa survie et sa philosophie. Loin du monstre que certains médias semblent se complaire à dépeindre, la Chine joue toutes les cartes en sa possession…comme le feraient sans plus de vergognes les « vertueux » pays tels que les Etats-Unis, la France ou encore l’Allemagne. Hélas, la réalité ne souffre que de ses caricature.

Bon week-end

Revue de Presse sur la Chine de la semaine du 24.03.14 – Special visite officielle de 习近平 Xi Jinping

La revue de presse hebdomadaire sur la Chine, c’est maintenant et c’est ici. Cette semaine, elle sera essentiellement consacrée à la 1ere visite officielle du Président de la République Populaire de Chine: 习近平 (Xi Jin Ping) => http://seenthis.net/pe :)

1 an et demi à étudier le chinois, et ce n’est pas fini…

Depuis septembre 2012, l’étude du chinois accapare pour ainsi dire 100% de mon temps. Vivre en Chine, c’est vivre la langue  chinoise, la seule capable de véhiculer la richesse de la culture et des traditions chinoises. C’est aussi la seule dans laquelle les chinois daignent s’exprimer quand ce n’est pas pour se réfugier derrière leur patois local : exit l’anglais et autres langues « internationales », ça ne vous sera qu’une d’un très faible utilité, mais ça, je l’ai déjà expliqué plus d’une fois ici et ici.

Je reste toujours aussi interdit quand je rencontre des expatriés, notamment à 西安 (Xi’an), qui après certaines années sur place ne pètent toujours pas un mot de chinois. Quel gâchis! Je m’interroge vraiment sur la motivation de ces personnes qui débarquent en Chine soit en ayant l’intention d’apprendre le chinois (mais abandonnent au bout d’un mois, face à l’ampleur de la tâche), soit qui ne s’y consacrent même pas, si ce n’est pour apprendre à dire « Bonjour » et « Au revoir ».

L’apprentissage du chinois est une histoire de méthode, et chacun a forcément la sienne…à condition encore d’y travailler. S’il est vrai que l’on peut rapidement se retrouver confronté à un mur, tant le chinois est une langue sans le moindre point commun avec nos langues indo-européennes (encore que…), votre volonté à vouloir demeurer dans ce pays et à chercher à comprendre ses habitants, ses us et coutumes, son histoire, déterminera votre aptitude à progresser en chinois. Et je mets de côté les expatriés qui côtoient les chinois plus ou moins anglophones : la langue de Shakespeare ne permet pas de comprendre toute la symbolique et les raffinements du chinois. De plus, ce sont souvent des chinois trop heureux de chercher à se faire des amis européens et qui auront rarement le réflexe de vous parler de la Chine dans ses aspects les plus « basiques« , les plus « pittoresque« , par peur de provoquer le désintérêt de certains expatriés clairement hypnotisés par l’exotisme « clean » chinois.

Mais revenons en à l’étude du chinois.

 

Sonnez le tocsin, c’est la rentrée du 2nd semestre

Comme à chaque début de semestre, nous prenons connaissances de l’emploi du temps. Sachant que j’ai commencé au niveau 2 (sur 8), me voilà propulsé au niveau 5 (五班 – Wu Ban) après 1 an et demi de cours intensifs. Et ce semestre s’annonce plein de changement par rapport aux précédentes rentrées.

On passe désormais de 20h à 24h de cours par semaine dont 4 heures sont dispensées en après midi. La part des cours de pure langue diminue une nouvelle fois pour faire place à des cours culturels ou plus « élaborés ». Par exemple : exit le cours de 听力 (Ting Li – Ecoute intensive). Maintenant, on estime que le niveau atteint en chinois est suffisant pour se passer clairement d’un cours strictement dédié à l’écoute.

Le cours de 精读 (Jing Du – Lecture intensive / Cours de synthèse) reste à 6h par semaine et reste le cours le plus important et qui permet de vraiment bien progresser en chinois. A compter du niveau 5, la grammaire n’est que très peu abordée en raison de son poids bien moindre dans la langue chinoise qu’elle ne l’est en français. Tout est question d’enrichissement de vocabulaire et de son utilisation.

Le cours de 口语 (Kou Yu – Oral) reste à 4h comme le semestre dernier et le cours de 写作 (Xie Zuo – Écriture) reste à 2h semaines (et c’est toujours aussi soporifique d’ailleurs).

Bref, rien de bien passionnant à première vue. Mais il reste donc 12h de cours qui ne sont pas plus en rapport direct avec la langue chinoise (en comparaison aux rentrées dernières)…vraiment aucun rapport ?

 

Le chinois comme les étudiants chinois et en chinois …tu étudieras.

La particularité de notre institut de langue chinoise est qu’il sert également de centre de formation pour les étudiants chinois cherchant à devenir professeurs de chinois à leur tour. Professeur de chinois s’entend aussi bien comme un prof de chinois pour les chinois (comme nos professeurs de français au collège, lycée) que pour les étrangers (l’équivalent de la matière Français Langue Etrangère – FLE). C’est aussi pour cela que j’avais choisi cette université, car elle est réputée pour son centre de formation des professeurs à l’enseignement du chinois sous tous ses aspects… Et les aspects sont forts nombreux comme le dévoile le planning de ce semestre.

 

Cours de lecture intensive de journaux (报刊阅读 – Bao Kan Yue Du) – 2h/semaine

L’intitulé parle de lui-même : cours de lecture de coupures de presse avec analyse du vocabulaire dédié et de certaines tournures grammaticales récurrentes. La semaine dernière, le professeur a préféré perdre mettre à profit les 2 premières heures de cours afin que nous nous présentions tous mutuellement…alors que nous nous connaissons déjà tous pour la plupart…je sens que le professeur me gonfle déjà…. . C’est d’ailleurs assez dommage étant donné que le contenu de l’ouvrage semble vraiment très intéressant et utile. Nous verrons bien demain.

 

Le cours de chinois moderne (现代汉语 – Xian Dai Han Yu) 2h/semaine

Voilà le cours que je ne vais pas aimer! Après déjà 4h à essayer de comprendre le but ultime du cours, je pense avoir déjà laissé tomber. Il s’agit en fait d’un cours à la croisée de la phonétique et de la linguistique pure. Les timbres, les sons, la structure des syllabes. Parfaitement indigeste, même si cela avait été enseigné en français d’ailleurs! Je me rendrais toujours en cours mais honnêtement, en tant qu’auditeur passif. Dommage car les 2 premières heures laissaient entrevoir un contenu plus intéressant et moins aride, vu que le professeur nous avait présenté les différentes sonorités des dialectes chinois.

Cours d’histoire ancienne de Chine (中国古代历史 – Zhong Guo Gu Dai Li Shi) 2h/semaine

Cours dispensé par notre professeur d’histoire de l’année dernière. Sauf que là, le cours est en chinois et l’on commence au temps de la préhistoire chinoise jusqu’en 1840. Le professeur a au moins le mérite d’avoir une locution claire et compréhensible et d’ étayer son cours avec une rétroprojection, ce qui rend la compréhension bien moins difficile. Un de mes cours préféré.

Le cours de « Écoute, observation et conversation » (高级视听说 – Gao Ji Shi Ting Shuo) 2h/semaine

Petit aperçu de ce cours avait été fait au semestre dernier. La trame de base est la suivante : visionnage d’un dessin animé ou d’un passage de film puis on discute de ce que l’on a vu avec la classe. D’apparence trivial, le semestre dernier, cette matière s’est révélée être un pur calvaire : professeur démotivant et idiot, dessins animés intéressants mais tous muets, vocabulaire étudié extrêmement compliqué et inutilisable au quotidien et enfin, un livre pourri! Donc ma participation à ce cours pour ce semestre était pleine de préjugés. Vite envolés avec un professeur dynamique, un livre bien ficelé avec des rappels grammaticaux et surtout une approche « utilisable au quotidien » des structures et du lexique. C’est également un de mes cours préféré. Les dessins animés en question ont été élaborés expressément pour les apprenants en chinois et permettent donc également de comprendre certains pan de la culture populaire chinoise. Également un de mes cours préférés.

Le cours de culture des caractères chinois (汉字文化 – Han Zi Wen Hua) 2h/semaine

Voici mon cours préféré et certainement le plus compliqué. Intéressant parce que grâce à ce cours, on retrace l’histoire de l’écriture et de l’élaboration de chaque sinogramme (par famille). Formes évoluant au travers des siècles, voire des millénaires, avec des changements de styles aux noms bien particuliers (chez nous on parlerait de l’écriture gothique etc…). Être attentif à ce cours, c’est aussi comprendre tout le cheminement de pensée de la langue chinoise mais aussi la culture chinoise. Ce cours illustre parfaitement bien mon propos qu’en à l’apprentissage de cette langue. Comprendre la Chine c’est d’abord apprendre à la parler et ainsi en découvrir les secrets historiques et culturels ; pourquoi passer à côté d’une telle aventure ?

Ce cours est aussi le plus difficile car il nous confronte à un pan culturel qui n’est pas évident pour les occidentaux. Ajoutez à cela que le cours est enseigné dans un chinois plutôt académique. Au moins le professeur est motivé et tente d’être le plus pédagogique possible même si ce n’est pas évident.

Le cours de géographie (中国地理 – Zhong Guo Di Li) 2h/semaine

Tout est dans l’intitulé du cours, j’aurais du mal à digresser dessus hormis le fait que ce cours recoupe également quelques éléments de culture chinoise. Le professeur est de bonne volonté mais relativement soporifique et se contente de nous faire lire le livre dont la structure éditoriale me paraît très bizarre : on prend les 23 régions chinoises et autres districts autonomes puis pour chacun, on lui dédit un chapitre qui résume son histoire, sa géographie, ses lieux remarquables, ses spécialités culinaires et le tempérament de ses habitants….un catalogue de banalités plus qu’un vrai livre d’étude géographique…Bref, je n’exclus pas pour autant d’y apprendre quelque chose mais j’aurais plus vite fait en lisant l’ouvrage par moi même.

Voilà donc mon programme (fort chargé) pour ce semestre….mais je m’en sortirai ^^

2 petites expériences typiquement « Made in China »

Cette semaine, j’ai eu le droit à un double combo façon « uniquement possible en Chine ». Coups sur coups j’ai eu le plaisir (bien malgré moi) de vivre deux expériences qui pourraient être assez « propres » à la Chine. Loin de moi l’intention de généraliser et de théoriser la sociologie ou encore l’histoire de la Chine au travers de ces deux petites expériences ; mais celles-ci révèlent spectaculairement certains maux que l’on pourrait dire typiquement « Made in China ».

When Karl Marx rules the world

Désolé pour l’emploi de l’anglais, mais je ne vois pas meilleure phrase pour décrire le récit qui va suivre. On pourrait traduire ça par « Quand Karl Marx dirige/gouverne le monde »…mais ça sonne mieux en anglais (surtout si la phrase est tirée d’un morceau du groupe de death metal Deicide « When Satan rules his World »…mais je m’égare ^^).

Ce jeudi matin, j’ai eu le droit à mon premier cours d’histoire ancienne de Chine. Le cours est bien évidemment en chinois et est délivré par le professeur qui avait ouvert un module d’introduction à l’histoire de Chine en anglais. Un professeur que je connais déjà et dont les qualités scientifiques et pédagogiques sont indiscutables. Lors de ce cours introductif, j’avais toutefois bien noté que la pensée communiste guidait son raisonnement scientifique tant sur le contenu que sur la forme, mais soit.

Pour le premier cours du semestre, nous avons donc commencé par nous présenter mutuellement puis de fil en aiguille, nous évoquons le cas des minorités ethniques. Le professeur m’interroge et je luis indique qu’en France, nous n’avons pas de « minorités ethniques » au sens que les chinois lui prête : minorité distincte et demeurant sur le territoire depuis des siècles. Je ne suis pas spécialiste, mais notre histoire universaliste et assimilationniste ne semble pas permettre de reconnaitre les Bretons, Alsaciens et autres Catalans comme des minorités « ethniques » (mais corrigez moi si je me trompe). Quand à parler des Français issus de l’immigration, j’aurais clairement parlé dans le vent car pour de nombreux chinois => Noir = Afrique et Maghrébins = Arabes et rien d’autre.

Elle m’interroge néanmoins sur la présence de différents partis politiques (je n’avais pas bien compris au début, faut dire que je ne vois pas bien le rapport avec les minorités ethniques, mais bon…). Je lui réponds pour schématiser, qu’en France, 2 forces politiques principales s’opposent :

Moi – « Le Parti Socialiste donc… »

Le Professeur –  » Voilà, c’est tout! Donc il y’a un Parti Socialiste que l’on appelle 社会党 (She Hui Dang)… »

Moi – « Mais… »

Le Professeur –  » et le Président Hollande est issu du Parti Socialiste, un peu comme ici. »

Moi – « ………………..-_-‘………… »

Bon, je résume un peu mais c’était bien le fond de la conversation. Après une introduction au cours en question où le nom de Karl Marx apparaissait à chaque ligne du cours rétro-projeté, je me retrouve vaguement complice d’un raccourci idéologique sur la situation politique de mon pays. Je n’ai pas cherché à polémiquer, à vrai dire ma première pensée était plutôt du genre « Si seulement elle savait ce qui lie encore le Parti Socialiste à ses vieilles racines communistes….« . Sciemment ou non, le professeur n’a pas cherché à aller plus loin que sa démarche scientifique entièrement basée sur l’idéologie communiste.

Le plus étonnant (ou pas d’ailleurs), c’est que contrairement à ce que l’on pourrait croire, la référence idéologique est directement puisée dans les écris de Karl Marx, là ou j’aurais pensé que Mao avait une plus grande légitimité intellectuelle pour les enseignants. Là encore, un préjugé tombe même si l’on reste dans le courant du communisme, tant sur le fond que sur la méthode.

Mais bon, le fond du cours d’histoire restera antérieur à 1840, donc peu probable que l’imminence barbue répondant au nom de « KALEMASK » (comme dirait Coluche dans son sketch du « Blouson noir ») s’infiltre dans les développements historiques. Mais j’avoue avoir été très très étonné par la rapidité du raccourci employé par le professeur mais surtout par cet aura idéologique encore plus inattendu donc semble jouir la France via le parti socialiste, comme quoi. J’anticipe les critiques : je n’ai rien contre Karl Marx, je ne suis ni pour ni contre, bien au contraire….

« La moissonneuse batteuse ? Oui, elle est la-bas! »

Système de triche et réseaux sociaux

Titre pompeux pour dire : tricher en utilisant les réseaux sociaux chinois. Il faut savoir que la triche aux examens est presque un sport national en Chine. Je caricature (oui, j’ose!)…à peine! Les cas de triches pullulent dans les journaux ou encore aux travers de récits de chinois via les forum, les rencontres etc. Mon colloc’ me disant pas plus tard qu’hier qu’il avait participé à un examen en lieu et place d’une de ses cousines (cherchez pas, j’ai pas compris non plus comment cela se pouvait….).

Lors des examens de fin de semestre, nous assistons au plus grand concours de triche parmi mes camarades de classe, avec une prédominance évidente chez mes très jeunes camarades originaires des ex-républiques soviétiques d’Asie Centrale. Ils ne font que reproduire le schéma qui domine en Chine : la fin justifie les moyens dans une application cynique (consciente ou non) du proverbe chinois 入乡随俗 (Ru Xiang Sui Su – A Rome fait comme les Romains).

Mais cette fois-ci, c’est moi qui suis en cause et un peu malgré moi (préparez vos pierres!). Un ami chinois qui étudie le Français m’indique qu’il est en train de poser sa candidature pour un échange avec l’Université de Grenoble III. Jusque là rien de suspect. Ce mercredi 5 mars, il me demande si je pourrais l’aider pour une composition en français. Pas de problème et je suis dispo pour le lendemain 13h comme il me l’a demandé, sans trop savoir de quoi il retourne.

Le jeudi 6 mars à 13h02, il m’envoie donc un message pour que je confirme que je suis disponible, je réponds par l’affirmative. Pensant qu’il allait me rejoindre à l’université pour que je l’aide, à 13h06 je reçois une photo via la messagerie Wechat (微信 – Weixin) : cette photo (mal prise…) est la copie d’un énoncé d’examen sur l’impact de la consommation de viande sur l’environnement. Composition devant être effectuée en 200 mots. Il me demande de « l’aider ». Ne comprenant toujours pas bien ce qu’il attend de moi (mais qu’est ce que je peux être con moi des fois!), je lui demande quand doit-il rendre ce que je croyais être un devoir maison. Il me répond « dans 1 heure« …et là, j’ai enfin compris de quoi il retournait : mon ami était tout simplement en examen, il avait photographié l’intitulé de la question et me demandait tout bonnement de lui pondre la composition par messagerie interposée.

Je ne suis pas du genre à laisser les gens dans la merdre, mais j’étais bien tenté de le laisser dans son caca bien puant, si ça n’avait pas été pour son dossier d’échange universitaire international. Merde son avenir dépendait un peu de moi BORDAAAAYYYYLE! Ravalant mes scrupules (j’avais jamais gouté auparavant, c’est pas terrible, je déconseille!), je lui ponds une réponse argumentée se basant sur l’exemple du touffu comme source possible de substitution de la viande. Comme cela, son discours revêt plusieurs aspect susceptibles de plaire au correcteur :

  • « La protection de l’environnement, c’est trop d’la balle! » = amuse toi à dire autre chose, et t’es mort!
  •  » Le touffu est tellement chinois qu’en fait la Chine est en avance sur son temps…mais l’ignore encore » = un peu de nationalisme, ça ne fait pas de mal…en espérant que le correcteur soit chinois.
  •  » Oui, je suis prêt à changer mes habitudes alimentaires pour sauver la planète » = 1 point Greenpeace supplémentaire!

Si avec ça, son dossier n’est pas sélectionné, ben je boufferai…du touffu!

Et le pire, c’est quand je lui ai indiqué en fin de journée que je n’avais pas trop apprécié participer à un système de tricherie, il m’a répondu avec une candeur non feinte : « Mais non, parce qu’après j’ai modifié un peu les réponses que tu m’a données, tu m’as juste aidé. Et puis le surveillant nous a autorisé à garder non téléphones portables.« 

CQFD! Non seulement la triche est endémique mais elle est limite institutionnelle (mais non, ça n’a rien à voir avec la corruption…oh wait!) puisque « le surveillant nous a autorisé à garder nos téléphones portables« . Affligeant! Et que la Chine ne vienne pas s’étonner que ses diplômes sont peu valorisés en Europe (hormis certains diplômes des grandes universités de Pekin ou Shanghai) : tant que cette mentalité permissive et poreuse sur l’intégrité du déroulement des examens en tout genre ne disparaitra pas, la qualité des diplôme ne grimpera pas, même à coups d’opérations de marketing.

C’est un portable qu’il a entre les mains….(bande de dégueulasses!)