« Dépolitisons la Chine ! »

Préambule ad lucem

Loin de moi l’idée de venir étaler le peu de confiture (ma science quoi!) sur une large tartine de pain rassi (le débat sur la Chine), j’ose publier une tribune. Une tribune volontairement dénuée de sources et de quelconques articles ou citations pour étayer mes dires. Car cette tribune, libre de quasiment toute référence, me permettra de donner corps à un coups de gueule concernant la Chine, ou plus exactement, sur l’image que les Européens (veulent?) se font de la Chine. Je ne supporte plus cette avalanche d’anathèmes dont la Chine est en permanence victime, que ce soit auprès des médias, des politiques (non engagés « aux responsabilités », c’est tellement plus courageux), ou les blogueurs en tout genre (dont je fais également parti à vrai dire). Je ne supporte plus cette nuée de crachats que l’on se complait à balancer sur la Chine sous prétexte de biaiser volontairement notre prisme d’analyse, j’ai nommé : le prisme des droits de l’Homme, et la question tibétaine.

Alors je vous rassure, je suis totalement ouvert au débat et la critiques de ceux et celles qui s’estiment fondés à nourrir (ou affamer) mon argumentaire. Je ne suis pas un sinologue comme on l’entend académiquement par chez nous (non, désolé je n’ai pas appris le chinois à l’INALCO, mais directement en Chine…ça m’a paru plus cohérent..). Je ne suis qu’un pauvre juriste de formation qui est tombé amoureux de la Chine il y’a 3 ans et qui a décidé d’y vivre aussi longtemps qu’il me sera donné, car oui, j’aime la Chine et je vais vous dire pourquoi (une nouvelle fois, mais avec des exemples plus mieux!)

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La Chine : un territoire uni ?

L’une des première pierre d’achoppement est surement la même pour les occidentaux comme pour la Chine : la maitrise de ses frontières. Où commence et se termine la Chine ? Ce qui est sur, c’est que derrière les positions très tranchées du pouvoir politique chinois se cachent éminemment une certaine fébrilité quand la notion de territoire uni, l’Empire du Milieu. De tout temps (une bien belle introduction pour évoquer un poncif…), le territoire de la Chine a bougé et s’est dilaté / rétracté au fil des guerres et alliances multiples. Je ne suis pas historien, je ne rentrerais donc pas dans le détail. Mais la réflexion sur le territoire appelle à un peu plus d’honnêteté intellectuelle mais surtout de rigueur. Des exemples ? C’est parti!

Taïwan ? Ben c’est Taïwan!

Ben oui, je suis con moi! Pourquoi s’interroger plus longuement : c’est une île, avec sa propre monnaie, son propre système démocratique [sic] …ha ben tiens, ça me rappelle le système d’ Hong Kong prôné par 邓小平 (Deng Xiao Ping) « Un pays, 2 systèmes ». Hong Kong qui appartient pleinement à la Chine depuis la rétrocession par le Royaume Uni en 1997.

Que n’ai-je pas dit! J’en vois déjà certains me tomber dessus à bras raccourcis (certains l’ont déjà fait sur Twitter d’ailleurs). « après 1949, la Chine s’est séparée en deux : PRC et ROC à TW. Les deux sont bien distincts et séparés ! » ou encore «  la RPC n’a jamais exercé sa souveraineté sur Taïwan depuis sa création en 1949. », fermez le ban! Voilà, l’argument tombe comme une massue et bien évidemment, malheur à qui serait tenté d’avancer le contraire…comme j’essaie candidement de le faire, juste histoire de nourrir un peu le débat en somme (nan parce que 2 pauvres phrases balancées en moins de 140 caractères pour justifier cet état de fait, je peux vous dire qu’il y’ a des historiens qui doivent se demander encore pourquoi ils font leur job…mais je m’égare).

Taïwan a une histoire complexe et je vous incite à vous cultiver sur cette question, c’est honnêtement très intéressant même si cela soulève des points de vue divergents selon le parti pris. Mais pour faire très simple (et en caricaturant à outrance, désolé) : Taïwan est devenu la terre de refuge du Général Chiang Kai Chek , suite à sa défaite contre le pouvoir communiste. Ne pouvant reconquérir son pouvoir qu’il estimait légitime, il a donc décidé de faire sa « propre Chine » sur l’île de Formose, avec son propre système dictatorial (si si) sous l’égide du Kuo Min Tan (longtemps allié au PCC). Le résumé est outrancier mais ne nous voilons pas la face, c’est le fil rouge de l’histoire de l’île! De là à dire que cela fait un pays indépendant ? Il n’y a qu’à voir la quasi absence de reconnaissance internationale pour s’en convaincre. On me répondra que la présence du mastodonte chinois empêche une telle reconnaissance. Et je réponds une nouvelle fois que si l’existence d’un État Taïwanais était si évident, si incontestable, cela ferait belle lurette que ce territoire serait unanimement reconnu. En attendant, on navigue toujours dans le statu quo même si récemment, le mouvement estudiantin dit « des tournesols » semble redonner vigueur à la frange nationaliste taïwanaise, sur fond d’accord de libre échange Sino-taïwanais concernant le secteur de la télécommunication. Soit dit en passant, leurs beaux slogans du style « Taïwan ne se vendra pas à la Chine » devrait faire plus échos au fait que l’entreprise taïwanaise Foxconn fait construire et assembler des téléphones mobiles sur la Chine continentale, en bafouant les règles les plus élémentaires des droits humains (de l’esclavage moderne en somme)…mais ça, ça semble moins choquer les étudiants « taïwanais »…allez comprendre pourquoi… . Quoiqu’il en soit, ce dilemme est loin d’être fini.

Les chinois ne réfléchissent même pas autrement que par le fait que Taïwan appartienne à la Chine, il n’y a pas de débat sur ce point. Et quand je parle des chinois, je parle de ceux que je rencontre tous les jours, jeunes et moins jeunes, et dont je ne remets absolument pas en doute l’honnêteté des propos. Loin d’avoir l’impression de parler sous la contraintes, c’est un sentiment réel d’appartenance qu’ils expriment. Imaginez qu’un chinois arrive en France et vous dise: «  Nan mais la Corse, c’est pas la France. », vous réagiriez comment ? (oui je caricature mais réfléchissez à l’idée de la question)

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Pour un Tibet libre ?

Haaaaaa LE SUJET FAVORI des occidentaux! C’est même le plus facile! Pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas à réfléchir : tous les éléments du problème t’obligent à être pro-tibétain, le cas contraire ? Tu passes pour un ignorant, un complice voire (si certains sont en formes), un assassin indirect de la cause tibétaine. Et quand 95% de la population européenne (je suis tenté de dire occidentale, mais j’ai peur que cela fasse amalgame, non ?) t’avance pareils arguments, comment être contre ? Tu as un ultime doute ? L’ultime carte qui compose la quinte flush de l’argumentaire pro-tibétain : le Dalaï-lama! Merde, un prix Nobel de la Paix bordel! Comment ne peux tu pas être d’accord avec lui ??

Et c’est là que le bas blesse. Car ces 95% de « béni oui oui » sont quasiment incapables d’avancer d’autres arguments, ne serait-ce qu’évoquer la guerre sino-tibétaine dans les années 50s au soutien de leurs thèses. Rien, nada !

Allez, je me fais l’avocat du diable, parce que cela me fait plaisir (et qu’en plus, je vais donner quelques arguments supplémentaires aux pro-tibétains…je me sens l’âme chevaleresque!).

L’aspect culturel mais aussi ethnologique, religieux et historique poussent à la reconnaissance d’un État Tibétain indépendant. D’ailleurs Mao Zi Dong ne s’y est pas trompé puisqu’il a voulu rapidement faire revenir la Terre des Lamas dans le giron de la République Populaire de Chine, en cours d’élaboration. Bilan aujourd’hui ? 1/5 de la population tibétaine tuée et l’on pourrait même évoquer l’existence d’un génocide. Après tout, pourquoi les tibétains n’auraient-ils pas le droit à cette indépendance tant voulue ?

Enjeu stratégique, le Tibet est la cruelle victime de la loi du plus fort, qui a finalement toujours guidée les pas de tout dirigeant politique ( si si , regardez le cas de la Crimée qui revient dans le giron de la Russie). La Chine a voulu s’approprier cet empire, originellement sous la coupe d’un pouvoir mi séculier, mi régulier. Le Tibet, c’est aussi une position très sensible d’un point de vue géo-stratégique, frontière avec le Népal et l’Inde mais aussi d’accès à l’eau avec la chaine montagneuse que domine l’Himalaya.

La Chine a également permis à une « région » de bénéficier de progrès non négligeables notamment en terme d’hygiène, d’espérance de vie, d’éducation ou de développement économique. Mais ça, on n’en entend jamais parler…. . Ceux qui sont allés dans les bleds paumés du Tibet (zone historique ou non), vous dirons à quel point ce peuple de nomade est loin d’avoir une hygiène de vie qui pousse à la prospérité d’un peuple qui cherche pourtant à s’autodéterminer.

La Chine a surtout mis fin à un système proche de nos anciens systèmes féodaux : avec un clergé tout puissant, fondant son pouvoir sur la toute puissance de la foi bouddhiste insufflée auprès d’une population pieuse. Bouddhisme, que son fondateur Siddhārtha Gautama dit « Shākyamuni » a toujours voulu loin de l’exercice du pouvoir ou de toute utilisation politique… . Et à ce titre, un Dalaï-lama prompt à utiliser ce ressort politique pour faire avancer sa cause (noble de part le fait) quitte à ne pas condamner (voire inciter ? « Voyons, vous voyez le mal partout! ») les immolations à répétition de tibétains, désespérés par le comportement désinvolte et irrespectueux du pouvoir chinois en place (ça peut se comprendre aussi). Sauf que si je me souviens bien, le suicide (qu’importe la raison) est particulièrement mal vu par la doctrine bouddhiste car réintégrant inéluctablement la personne dans le cycle infernal des réincarnations (la loi du Karma), souvent inférieures à celle de la condition d’être humain. En tant qu’autorité religieuse avant tout, le Dalaï-lama n’aurait-il donc pas le devoir de se prononcer sur ce point plutôt que celui de la politique interne à la région ?

Maintenant, à chacun à se forger son opinion sur une problématique aussi complexe qu’épineuse que le Tibet. Mon souhait ? Avoir le droit d’exprimer ce point de vue sans avoir à subir opprobres des défenseurs de la cause, qui me demanderont de justifier mon point de vue scientifiquement, historiquement voire géologiquement (tant qu’à faire) ligne pas ligne, alors que eux ne s’en donnent même pas la peine, surfant sur la vague favorable du sentiment « pro-tibétain ».

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Le Xinjiang et autres régions autonomes.

La problématique est assez similaire à celle du Tibet, et je ne vais pas en rajouter une couche. Il est clair que la question et plus stratégique que nationaliste. Quand vous conversez avec les chinois, les gens du Xinjiang sont … « les habitants du Xinjiang » (新疆人), ce ne sont pas des chinois au sens, de la minorité Han. Et histoire de s’assurer une certaine homogénéité ethnique, le gouvernement chinois a tôt fait d’inciter aux migrations internes pour assurer un mélange entre Han et populations Ouïghours, Tadjik et autres turcophones.

Et c’est vrai que quand vous croisez des personnes issues de cette région, on a du mal à croire qu’elles sont chinoises (au même titre ?) que les autres. Mais c’est le cas. Pourquoi ? Comme pour le Tibet, région stratégique et hautement pétrolifère, la Chine fait preuve de ce qui semble avoir toujours animé sa façon d’être, et ce, jusqu’au plus profond de sa population : le pragmatisme. Certains me répondront « cynisme »…il y en a un peu, mais c’est ainsi ; et je pense qu’il faut se sortir de cette idée complètement bisounours du monde dans lequel on vit. Les Chinois agissent ainsi mais c’est surtout les dirigeants de tout pays qui agissent de cette manière : appelez cela pragmatisme , cynisme, on en revient au même « Qu’est ce qui est bon pour moi et dont je peux prendre possession ? ».

La région du Xinjiang, tout comme d’autres régions, est dite « autonome ». Et face à une telle autonomie (de façade ?), on pourrait s’interroger aussi sur la raison pour laquelle la Chine ne laisse pas le Xinjiang voler de ses propres ailes, tout en nouant un partenariat privilégié. L’intégrité du territoire est surement la cause principale : si le pouvoir lâche le Xinjiang, c’est la Mongolie Intérieure, le Ningxia, le Tibet, Hong Kong, Taïwan qui feront immédiatement sécession …vous voyez la situation ? La Chine n’est pas folle car elle sait aussi que si elle lâche cette région, les Russes y jetteront immédiatement leur dévolu par l’entremise du Kazakhstan (inféodé au pouvoir de Moscou). La situation serait-elle vraiment meilleure . Finalement la question serait « A qui re-appartiendrait le Xinjiang ou « Turkestan Oriental  [sic] ?». Dans cette optique, il est certain que la Chine ne s’en séparera pas de sitôt…et c’est peut être mieux ainsi (même si je suis le premier à dire que la politique menée sur place est loin d’être « optimale », pas mal l’euphémisme, hein ?!)

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Lavage de cerveau ou pas ?

Lavage de cerveau ?

Voilà ce que l’on serait tenté de me répondre eu égard à mes positions que l’on pourrait placer sur l’échiquier politique chinois comme « nationalistes ».

Tout d’abord je tiens à repréciser l’amour que je porte pour ce pays, porte avant tout sur le Pays, et non son pouvoir ou son régime politique. J’y vis depuis 1 an et demi et ce n’est que le début. Je serais bien mal venu de ramener ma fraise sur la politique en Chine (bon allez, un peu quoi!) car ce n’est pas le but de mon voyage. Je serais étonné que les gens qui s’installent en France par exemple, se gargarisent à outrance de notre jeu politique. N’est ce pas le cadre de vie (certes réglé par la politique, mais pas seulement), les infrastructures, le patrimoine qui attirent les étrangers à s’installer en France, plus que savoir si c’est l’UMP ou le PS qui a envoyé son candidat à la présidentielle ?

Je vais tous les jours à l’université pour étudier le chinois, et je n’ai jamais eu à subir (sauf en histoire ce semestre) un quelconque discours de propagande pro gouvernemental. J’étudie tout simplement la langue. Et pour apprendre le chinois, on ne nous fait pas réciter le petit livre rouge ; bien au contraire, l’apprentissage passe souvent par de nombreuses expressions bien antérieures au parti communiste. Mencius et Confucius sont plus abondamment cités que Mao Zi Dong.

Mes cours de culture chinoise ne traitent que de la partie antérieure à la République Communiste, donc bien malin celui qui arriverait à démontrer un quelconque lavage de cerveau. Et je crois honnêtement que l’on cherche à tout prix à nous éloigner de l’information relative à cette période de la Chine : cela permet d’éviter le débat je suppose.

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Lavage de cerveau!

Finalement, peut être que le lavage de cerveau est plus insidieux que cela. Voyons ça : je ne regarde pas les news officielles, je n’écoute pas la musique chinoise, je ne discute jamais politique avec mon entourage chinois, je flâne en permanence sur twitter pour dégoter l’information censurée en Chine… . Mais alors d’où viendrait ce supposé lavage de cerveau ?

Après tout, le fait d’habiter dans un nouveau pays, s’adapter aux mœurs et coutumes, s’adapter au niveau de vie quotidien, découvrir le pays comme nouvelle terre d’accueil, n’est ce pas ça, le meilleur lavage de cerveau ? Pourrais-je blâmer les occidentaux qui s’installent et apprennent le chinois à Taïwan et qui me disent ensuite que Taïwan n’est pas la Chine ? Bien sur que non! Peut-être que si j’avais adopté une démarche identique, j’adopterais un point de vue similaire. Mais mon projet de vie m’ayant transporté en Chine continentale, je ressens évidemment les choses différemment et tiens à faire part de mon opinion, forcément divergente.

Donc oui, tous les matins et tous les soirs, je lave mon cerveau avec l’expérience du quotidien de la Chine, en y ajoutant l’adoucissant que sont mes voyages en Chine, à discuter avec les jeunes et les moins jeunes, dans les villes comme dans les villages, dans les restaurants miteux comme dans les restaurants de luxe (c’est plus rare déjà…-_-). Et c’est avec ce cerveau fraichement « nettoyé » que j’ai envie de dire à quel point je suis très remonté par le prisme au travers duquel on se contente de parler de la Chine.

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Quel prisme pour parler de la Chine ?

 

L’inévitable prisme des Droits de l’Homme.
Si tu n’as jamais parlé de la Chine en évoquant le problème des droits de l’Homme…t’as râté ta vie! Voilà comment je pourrais résumer le spectre analytique des conversations qui traitent de près comme de loin, de la Chine. C’est un peu le « point Droit de l’Homme ». Lors d’une discussion sur la Chine, ça revient toujours sur le tapis. Même si tu parles simplement de la beauté des paysages, des racines culturelles de tel ou tel dicton, ..PAF! Y’ a un moment, ton interlocuteur occidental te sortira un truc du genre « Mais sinon tu peux t’exprimer librement ? », « Quand même les droits de l’Homme en Chine » etc. C’est AU-TO-MA-TIQUE!

Alors oui, il faut en parler c’est certain, c’est même évident. Car oui, c’est un problème important en Chine. Certaines libertés fondamentales sont réprimées, certaines minorités sont brimées etc. Qu’il faut que la Chine procède à de considérables progrès sur le sujet ? Entièrement d’accord, c’est même vital dirais-je. Mais de là à en parler à toutes les sauces ?

Que les journalistes en traitent en large et en travers, je le conçois, c’est leur boulot mine de rien, et ça ne doit pas être des plus évident en Chine. Mais de là à ramener la Chine sur cette seule problématique, est-ce bien sérieux ? La Chine n’est-elle que le pays des problèmes ? Problèmes auxquels de nombreuses associations (occidentales pour la plupart) se sentent investis de placarder sur tous les fronts, quitte à blâmer un chef d’État pour ne pas avoir PUBLIQUEMENT sermonner le Président chinois sur la question des Droits de l’Homme (alors que ce problème pourrait peut être plus efficacement discuté en privé.). Mais non, la quête de l’image forte prédomine ; il faut du symbolique en montrant ses muscles devant la délégation chinoise, quitte à lui faire perdre la face (honte suprême en Chine). Conséquences ? On fait ensuite la politique de la serpillère pendant 3 ans, en faisant l’aumône de 2-3 contrats avec la Chine et en attendant, la question des Droits de l’Homme n’a pas plus avancée.

Est ce que l’on parle du massacre des Indiens d’Amérique chaque fois qu’un Président américain vient faire une visite en France? Est ce que l’on sermonne systématiquement et publiquement le Premier Ministre indien pour l’existence « de fait » des castes en Inde ? Pourquoi se focalise-t-on autant sur la Chine (et aussi la Russie un peu) ? Est ce que l’on critique le gouvernement japonais pour les crimes atroces commis lors de l’invasion de la partie orientale de la Chine et que ce gouvernement peine encore à reconnaître ?

Parler de la Chine, pas de la politique chinoise.
Peut-on parler de la Chine sans nécessairement évoquer son régime politique actuel et ce, sans tomber dans la complaisance et le gnangnan ? Je pense que oui et c’est ce que j’essaie de démontrer dans chacun des posts de mon blog. La Chine est riche d’une histoire plusieurs fois millénaire, d’une gastronomie aussi variée voire plus que la gastronomie française, de paysages oscillant entre le désert de Gobi prompt à la contemplation et le printemps éternel dans le Yunnan.

Les voyages m’ont permis de découvrir la culture populaire via ses dictons, ses coutumes lors des différentes étapes de la vie (mariage, naissance…). Ouvrir les yeux sur la Chine, c’est aussi accepter d’y ouvrir son cœur tout autant que sa raison, et pas seulement celle-ci. Pourquoi parler de tout cela serait-il secondaire par rapport aux seules enjeux politiques ? J’oserai même dire que ces enjeux devraient passer au second plan car contemporains à cette diversité patrimoniale chinoise. On peut parler de la Chine sans tomber dans la guimauve mais en soulignant d’autres aspects de la beauté de ce pays, et pas seulement les méfaits d’une politique même pas vieille de 100 ans.

La France et l’Europe se sont-elles faites en 50 ans ? La France n’est-elle pas retombée dans un système d’Empire après une Révolution Française qui n’a même pas duré 20 ans ? La Révolution Française était-elle si vertueuse que l’on veut bien nous le faire croire, là où le pouvoir a été arraché à la noblesse pour mieux le donner à la bourgeoisie, le Tiers-Etat restant ce qu’il est : au bas de l’échelle ? Pourquoi estimer notre système institutionnel le mieux à même de réguler notre mode de vie, là où l’Orient et l’Occident divergent grandement sur la conception du monde, et ce, depuis des centaines années ?

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Conclusion

Voilà, j’ai vidé mon sac! C’est grotesque, caricatural et certainement mal informé mais j’ai dit ce que j’avais sur le cœur. Certains spécialistes n’y trouveront qu’un tissu de bêtises, d’inepties, d’énormités ou de fautes historiques etc…. Et bien à ce titre, je leur demande de nourrir ce débat, car je suis ouvert à tout avis. Il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis et je ne demande que ça, à me sentir moins con 😉 Merci d’avoir pris le temps de lire cette petite tribune et en espérant avoir réussi, à défaut de vous convaincre, à vous faire comprendre mon point de vue

Un grand remerciement à ma très chère Sarah JACOB pour l’idée du titre de la tribune…le reste, c’est moi!! (hé toc!)

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La Chine qui dort

Comme dans tout pays que l’on considère comme « étranger » (vu que ce n’est pas chez nous, tiens!), il convient de découvrir et de s’adapter rapidement à un environnement, aux us et coutumes souvent forts différents de ceux de notre mère patrie. La Chine ne fait pas exception, et je dirais qu’elle renforce cette impression. Tant de gens semblent blasés, déçus voir haineux de ne pas avoir trouvé leur place en Chine. Ces gens sont ainsi prompt à cracher leurs ressentiments directement à la face des chinois et de la Chine : « Pourquoi ne me comprennent-ils pas ? » « Pourquoi ne font-ils pas l’effort d’essayer de faire comme NOUS, les Européens, LE standard de tout mode de vie ?« . C’est vrai après tout, pourquoi se remettre en question quand on débarque dans un pays étranger, qui plus est est doté d’une population de près d’un milliard et demi de gens ? Ce n’est pas comme si on avait la même exigence à l’égard des milliers d’immigrés qui aspirent à vivre en France… Bref, je ne m’égare pas plus longtemps, puisque initialement je souhaitais vous parler du rapport des chinois au rythme de vie, au sommeil, au « farniente », à la sieste, bref, à toutes activités particulièrement productives!

Les chinois à l’heure anglaise

A bien y réfléchir, la Chine et l’Angleterre partagent plus d’un point commun. Pour ce qui intéresse mon post, j’en retiendrais deux : le thé et un caractère de « lève-tôt ».

Revenons sur ce dernier critère. Ne trouvant pas mes mots, voilà ce que j’entends par « lève-tôt » : une propension à commencer très tôt une journée, provoquant ainsi une prise des repas également très tôt. Vous ne comprenez pas ? Plus simplement : en Chine, on mange tôt! Voire très tôt…même trop tôt!

J’ai effectivement pu constater que la société chinoise était plutôt habituée un démarrage très matinal contrairement à certains pays européens comme l’Espagne par exemple, où l’on n’hésite pas à prendre le petit déjeuner entre 10h30 et 11h. La nouvelle génération chinoise fait un peu tomber mon constat à l’eau, puisque la jeunesse chinoise est aussi friand du « couche tard, lève tard » (ça a un côté rebelle aussi), mais en gros, une journée en Chine commence très tôt le matin. J’en veux pour preuve, la majorité des bui-bui et autres échoppes mobiles qui s’installent sur le macadam et ouvrent leurs portes dès 5h du matin afin de rassasier les premiers travailleurs se rendant au boulot. Donc oui, en Chine, tout se passe plutôt que chez nous.

On me reprochera un raisonnement empirique, et je l’assume tout à fait : les « vérités » populaires et la réalité du quotidien ne se trouvent pas dans de savants calculs ou autres traités philosophiques (sagement planqués dans une bibliothèque poussiéreuse), non!

Quand je me rends tous les jours en cours et que je m’aperçois que certains prennent leur déjeuner dès 10h45, c’est bien parce que la journée a commencé très très tôt. Globalement et du point de vue de la restauration, un service « déjeuner » débute vers 11h pour atteindre le pic de fréquentation à 12h-12h15, jusqu’à la fin du service vers 13h. C’est très court mais comme je le disais déjà, les chinois mangent à la vitesse de la lumière et le turn-over est donc énorme en terme de clients/gourmands. Combien de fois je ne me suis pas retrouvé dans le noir à la cantine, à 12h45, parce que les serveuses éteignaient la lumière  pour faire partir les derniers étudiants ? C’est dire…

Pour ce qui est du diner, c’est pareil! Tout commence à partir de 17h! Quel ami chinois ne m’a pas appelé vers les 17h – 17h30 pour me demander si je n’avais pas mangé ? A ma réponse négative, ils me répondaient qu’ils avaient déjà diné…à 17h30! Voilà bien un rythme auquel je ne me suis toujours pas habitué, mais qui ravirait certainement les habitudes cloisonnées de mon cher papa ^^ . Et dans la majeur partie des petits restaurants, si vous débarquez après 19h30, vous pouvez être sur que la moitié de la carte des plats ne sera plus disponible car votre arrivée est un peu tardive pour le cuistot.

En France, tu vas en boite de nuit à 00h ? En Chine, la soirée au bar-karaoké (KTV) commence à 20h!! C’est encore quelque chose qui m’hallucine (mais que je respecte): un rythme de vie donc un peu décalé par rapports aux us méditerranéens  (dont je me revendique un peu).

Mais pourquoi est-ce que je vous parle de tout ça après tout ? D’une part, pour vous éclairer (bande d’ignares!) sur un certain point de la vie quotidienne de très nombreux chinois. D’autre part, comment vous croyez que les chinois tiennent de 6h du matin jusqu’à 22h-23h ?

La sieste : une institution culturelle

En Europe, notre perception biaisée des Chinois se traduit jusque que dans certaines expressions comme « Travailler comme un Chinois » pour exprimer un travail long, fastidieux et souvent peut rétribuant . Nous avons un peu l’image de Chinois comparables à des machines, déshumanisés et travaillant tous à la chaine. Dans certains cas, et c’est particulièrement regrettable, c’est une réalité (Usine Foxxconn dans le Sud Est etc.) mais qui en masque une autre. Les chinois ne sont pas fainéants mais ils assument un moment de leur journée qui pour nous, occidentaux, est le parfait symbole du lambin, du fainéant, à savoir : la sieste.

Car pour tenir une journée qui commence très tôt et se terminant bien après le couché du soleil, les chinois ont bien compris qu’un temps de repos était nécessaire pour assurer une productivité, une efficacité (au travail mais pas seulement) dans le déroulement de la journée. Je soupçonne que cette habitude doit être rattachée à un précepte de médecine chinoise, mais je n’en suis pas certain. Après le repas, la digestion accaparant une grande partie de notre énergie, il n’est pas anormal de se sentir « fatigué » et d’avoir envie de piquer un somme. Hé bien les chinois ne se gênent pas pour le faire!

Mes amis chinois à l’université m’ont toujours dis qu’ils devaient faire une sieste après manger, avant de commencer les cours de l’après midi, sinon « ils sont trop fatigués »! CQFD! Personnellement, je pense la même chose mais durant mes années de travail en tant que juriste, cette idée ne semblait pas faire l’unanimité au sein de la direction des RH….allez savoir pourquoi ; cela ne m’empêchait pas pour autant de piquer un roupillon après un déjeuner fort en émotions ^^.

Mais les chinois ne semblent pas se contenter de la sieste car en cas de « blanc » dans leur journée, nombreux sont ceux qui n’hésitent pas à piquer un roupillon, à toute heure!

Scène de romance en plein centre commercial

Scène de romance en plein centre commercial

En Chine, on mange à toute heure mais on dort également à toute heure. Si bien que je n’ai pas été surpris de voir certaines personnes dormir (ou continuer leur nuit) dès potron-minet. Et je m’étonnerai toujours aussi de cette faculté que certains ont pour dormir, entourés d’une foule oppressante et turbulente.

Au départ pour 十堰 (Shiyan) en gare de 西安 à 8h30 du matin!

Au départ pour 十堰 (Shiyan) en gare de 西安 à 8h30 du matin!

Et en plus de dormir à tout moment de la journée, certains chinois (j’évite les amalgames, hein ?!) ont également une faculté à dormir dans des positions les plus improbables qu’il soit. Ce qui les rend ainsi adaptés au transport en train durant de très longues heures. Ces scènes de vie me paraissent tellement touchantes même si je ne peux réfréner un petit sentiment de pitié quand je vois certaines positions inconfortables : leur repos en est-il vraiment un, entre les chaos du transport et le foule environnante ?

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Dans certains cas, cela peut parfois s’avérer assez drôle voire mignon. Quoiqu’il en soit, les chinois et leur façon de vivre me feront toujours autant sourire tant d’amusement que de plaisir, à voir un peuple vivre différemment de nous, et de le vivre loin des poncifs misérabilistes de certains européens peu enclin à comprendre les charmes et mystères cachés de la Chine. Tant pis pour eux car personnellement, mon amour pour ce pays est renouvelé chaque jour…et à la moindre occasion, fusse-t-elle aux yeux de certains, complètement anecdotique. Preuve en est, je vous ai tenu en haleine sur le seul thème de la sieste en Chine ^^.

Pour le mot de la fin, je laisserai la parole à mon compagnon de voyage, lors de mon retour de 十堰 après le nouvel an. Train de nuit de 00h30, 7h de trajet assis.

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« Foutez moi la paix, je dors! » (traduction approximative)

Bienvenu dans le Jiangxi (江西) : la ville de Jiujiang (九江)

Voici la raison pour laquelle j’ai aussi expérimenté une petite traversée du territoire chinois en train : découvrir la ville de 九江 (à l’occasion) des célébrations de 端午节 (Duan Wu Jie – « Fêtes des bateaux dragons »). Bénéficiant de 3 jours de congés (dont 2 jours avaient été rattrapés le week end précédent), moi, 刘帅 et mon camarade Tchèque 施文, nous nous sommes embarqués dans un voyage de 18h30 de train pour rejoindre une région assez méconnue et plutôt pauvre qu’est le 江西. Pourquoi cette région ? Honnêtement, je l’ai choisi un peu au pif, du moment que nous étions proche d’un point d’eau. Le fait aussi que ce soit une région relativement peu touristique m’a également séduit. Je dois vous avouer que je n’ai pas été déçu le moins du monde, j’ai même été particulièrement conquis par la quiétude et la beauté de la ville de 九江 (Jiu Jiang).

Bon, 1er étape : sortir de la gare et rejoindre à pied notre hôtel, au bord du lac 🙂

La gare de 九江...admirez l'architecture

La gare de 九江…admirez l’architecture

Nous bordons un lac assez étendu mais qui crée immédiatement une atmosphère très paisible et très verte par la multitude de platanes (appelés en chinois les « arbres français ») source d’ombre, plus que bienvenue. Tout au long des rives du lac, on croise de nombreux pêcheurs à la ligne ainsi que des « pêcheurs » de coquillages et autres crustacée. 刘帅 n’a alors pu s’empecher de faire comme eux et de s’approcher du bord pour saisir, sans rien d’autre que ses mains, une écrevisse! Bluffant!

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"T'as le bonjour du Capt'ain Crabs!" (presque)

« T’as le bonjour du Capt’ain Crabs! » (presque)

Une fois reposé, mon camarade Tchèque et moi-même entreprenons un petit tour de la ville de 九江 qui ne se distingue pas énormément des autres villes chinoises à vrai dire. Mais elle jouit tout de même d’une situation géographique assez prompte à la rendre singulière : au Nord, le fleuve Yangtze (长江 – Chang Jiang), au Sud le lac Gantang. La population est aussi moins nombreuse et moins « dynamique » que celle des grandes villes chinoises. Si bien que dans certains quartiers, on peur réellement se « balader » s’en être bousculé en permanence. On peut flâner quoi! J’ai même aperçu des configurations de ruelles faisant typiquement penser à nos passages commerçants.

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A la balade s’ajoute l’observation des scènes de vie quotidienne chinoises par excellence :

Calligraphie à même le sol et à l'eau

Calligraphie à même le sol et à l’eau

Le coiffeur de rue - Coupe à moins de 10Y

Coiffeur de rue – Coupe à moins de 10Y

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Voilà bien ce que j’aime en Chine : les gens se laissent vivre de façon fort simple.

Le lendemain, sous un ciel bleu et un soleil écrasant, nous nous sommes tous dirigés sur les bords du Yangtzé, histoire de voir un peu la Bête! Il faut convenir que c’est assez impressionnant, ne serait-ce qu’en apercevant la taille des bateaux qui naviguent dessus ; on se demande comment la coque ne touche pas le fond. Le spectacle reste époustouflant!

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On profite également du beau temps pour visiter une petite pagode adossée au fleuve (à ne pas confondre avec le Temple de 能仁, sur le bord du lac du centre ville). Là aussi, ne serait ce que pour la vue sur le fleuve (surtout par beau temps), cela vaut le coups d’y laisser 20Y de ticket d’entrée (demi-tarif…pour les natifs!).

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Belle surprise que cette visite de la ville, même si j’ai tout de même peine à croire qu’il y’a 4,5 millions d’habitants selon le dernier recensement. Je suppute des quartiers neufs placés un peu partout autour de la ville. Le plus étonnant c’est que j’ai réussi à trouver un café qui venait juste d’ouvrir ses portes, tenu par un Chinois qui avait étudié 5 ans le français en France. Le plaisir de déguster un bon verre de rouge en terrasse, en plein 九江, ça n’a pas de prix (si en fait : 50Y la demi-bouteille)!

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Découvrir la Chine par le voyage en train

Vivre en Chine c’est un peu la re-découvrir chaque jour! Vivre « la » Chine, c’est se remettre en cause en permanence : accepter l’inconnu, appréhender le différent et surtout comprendre. Au quotidien, c’est un exercice permanent mais certains évènements permettent aussi d’avoir un éclairage un peu différents que les expériences du quotidien (voire les tracas).

Voyager en train, c’est être au plus près des chinois. Derrière ce poncif (fort lourd je vous l’accorde mais bien réel), se cache une forme de réalité quotidienne des Chinois. Le transport ferroviaire est LE transport chinois par excellence tant son réseau est particulièrement développé et son accès abordable, d’un point de vu tarifaire. Même si l’avion prend un place de plus en plus conséquente, le train garde la préférence de la population et ce pour plusieurs raisons :

  • Le prix : très variable en fonctions des classes (cela va du ticket « debout » au confort de la cabine VIP 2 places avec WC privatifs), il en reste pas moins particulièrement compétitif. Par exemple : 西安 ->上海 (Xi’an jusqu’à Shanghai) 180Y en place assise soit 20€ pour 14h de train et 1 600 km.
  • Les bagages : les Chinois ont pour habitude de transporter beaucoup de choses quand ils voyagent : souvent des denrées alimentaires, des boites de gâteaux en tout genre, de la farine, des jerrican d’huile de cuisine etc…! J’ai toujours été extrêmement impressionné par cette capacité (et cette volonté) de transporter « un peu » tout et n’importe quoi. De vraies mules à 2 pattes! Le contrôle du poids n’étant pas (encore) de mise dans les trains, ils ne se privent donc pas contrairement au transport aérien.
  • La convivialité : et c’est sur ce point que j’appuierai tout particulièrement. Même si les chinois ont tendance à accepter d’endurer les pires conditions de transport, ils n’en restent pas moins très attachés à une forme de « mode de vie » très interactive: on regarde ce que lit le voisin, on regarde la rangée d’à côté qui joue au carte, on se lève pour fumer ou remplir son bol de nouilles instantanées, fraichement acheté au vendeur ambulant etc… Choses quasi impossible dans un avion où tout semble plus oui moins aseptisé.

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Ayant prévu de prendre 4 jours de vacances pour visiter la région du 江西 (Jiang Xi), et notamment la ville de 九江 (Jiu Jiang), j’ai donc naturellement choisi le train pour m’y rendre (en fait c’était pas non plus possible en avion). Les finances jouant un rôle, le choix économique s’est vite opéré : 124Y pour 18h30 de train (1 100km) en place assise « dure ». Le choix « roots » par excellence, mais surtout, le choix de la majeure partie des chinois qui prennent le train. Je ne pouvais rêver meilleure immersion! Mais avant d’embarquer et n’étant pas la première fois que je prends le train en Chine dans ces conditions, voici mes conseils :

  • Faîtes vos courses avant d’arriver à la gare : nouilles instantanées, saucisses « knacki », oeufs dures sous vides, tofu en brochettes conservées sous vides, petits gâteaux, bonbons, quelques fruits et des rafraichissements. Cela vous reviendra nettement moins cher que d’acheter cela à un vendeur ambulant (salarié de la compagnie ferroviaire chinoise) à même le train. Vous semblerez ainsi parer à toutes éventualité car le meilleur moyen de passer le temps dans le train, c’est encore de grignoter et de manger en permanence. Et pour ça, les Chinois sont champion du monde. => Le conseil en plus : si vous voulez vraiment la jouer à la chinoise, munissez vous de graines de tournesols et autre pépins de pastèques grillés et partagez votre grignotage avec vos voisins, effet garanti!
  • Munissez vous d’un jeu de cartes : bon moyen pour briser un peu la glace, à condition de savoir jouer à quelques jeux chinois type « le pouilleux » qui se joue à 4. Plutôt à destination des « jeunes » que des vieux briscards, mais qui sait…chaque fois que j’ai pris le train, la moitié de mes voisins étaient des étudiants. Dès que vous commencerez à jouer, je peux vous dire que tout le monde se retournera pour assister à la partie. En effet, doublés d’une grande curiosité, les chinois y verront un bon moyen de briser la monotonie du voyage.
  • Faites ce que vous avez à faire niveau gestion du transit, car les toilettes d’heures en heures, deviennent de moins en moins praticables. Le conseil en plus => si vous fumez, allez-y avec la clope au bec, c’est permis (sauf dans les TGV) et chaudement recommandé ne serait-ce que pour l’odeur.

Dès les premières heures, en compagnie de 刘帅 et de mon collègue Tchèque 施文, on a fait la connaissance de 2 étudiantes chinoises originaires de la ville où l’on se rendait. On partage donc un peu nos victuailles, on discute un peu (surtout 刘帅) puis on commence une partie de carte. Succès garanti, tout le monde vient nous regarder jouer.

Y'avait un peu de rotation au niveau des joueurs ^^

Y’avait un peu de rotation au niveau des joueurs ^^

Le grignotage est permanent et continuera jusqu’au bout de la nuit (comme la chanson), faute de trouver une position confortable pour s’assoupir. C’est encore ce qui reste de mieux à faire pour tuer le temps.

刘帅 en pleine distribution de gateaux. Vous noterez en arrière plan les différentes façons de dormir dans un train chinois

刘帅 en pleine distribution de gâteaux.
Vous noterez en arrière plan les différentes façons de dormir dans un train chinois

Pour ce qui est de dormir, en additionnant mes temps de somnolence, j’ai du arriver à cumuler 3h de sommeil (très partiellement réparateur). Certains ayant de simple billet « debout », se réfugient dans l’inter-wagon fumeur pour se reposer comme ils peuvent.

Scène classique de la vie nocturne d'un train en Chine

Scène classique de la vie nocturne d’un train en Chine

L’aube finit par pointer ses rayons et l’animation reprend progressivement l’ensemble des wagons. Le défilée des vendeurs ambulants fait de même : ici des produits « secs », là des plats préparés à base de riz avec légumes, tofu ou autres, le menu coutant de 10Y à 20Y, ici aussi le vendeur de fruits et légumes, celui de magazines,cartes routières et cartes à jouer. Ceci sont incontournables. Mais on trouve également des vendeurs un peu plus originaux : le vendeur de batteries préchargées pour téléphone mobile et autres MP3 (les chinois sont littéralement scotchés à leurs téléphones en permanence), le vendeur de ceinture (si si) et ….le vendeur de chaussettes!! (là je comprends pas, mais il a du succès). La Chine comme je l’aime, mine de rien, ben ça brise la aussi un peu la monotonie.

刘帅 préférant utiliser son ordinateur portable pour recharger ses 2 téléphones, il va avoir droit à une admiratrice un poil agaçante (quoique tout mignonne). Mais tout comme moi, il supporte moyennement la compagnie des 儿童 ( Er Tong – enfants de 4 à 14 ans).

"Moi aussi j'veux jouer"!

« Moi aussi j’veux jouer »!

"Et toc!"

« Et toc! »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous voyons enfin le bout du voyage avec plus de 40 minutes de retard puisque on avait choisi le train le plus lent ( le 1218) parmi les 3 seules lignes qui reliaient 九江…le plus rapide mettant 16h30…. . Heureusement, y’avait la clim, car il fait sacrément chaud et l’humidité est de moins en moins supportable à mesure que l’on s’enfonce dans le Sud de la Chine.

Ainsi arrivés à 九江, nous allons pouvoir nous reposer : partis la veille à 17h20, nous sommes donc arrivés le lendemain matin à 11h40. Le temps de dire au revoir à nos compagnons de route (à qui j’ai offert mon bracelet bouddhiste, suite à une demande particulièrement appuyée de l’une d’elle), il reste encore 1,5km de marche pour rejoindre l’hôtel en traversant le lac, mais ça, c’est une autre histoire.

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Comment…je suis rentré de Shanghai en train

Suite et fin de mon périple à Shanghai…bon ça fait déjà 2 semaines à vrai dire. La période de révision pour les examens, qui se déroulent actuellement, ne m’a pas trop permis de mettre à jour rapidement le blog.

Les prix exorbitants de l’avion (minimum 500Y) m’ont convaincu de prendre le train pour le retour. Cela ne me déplait pas finalement, et ce n’est pas la première fois que je le prends, donc l’effet « aventure » est faible. Il faut savoir que le train en Chine ne brille pas par sa rapidité, hormis pour les lignes TGV spécifiques. D’ailleurs, il existe 4 types de train circulant sur le réseau ferroviaire chinois. Les trains sont identifiés par une lettre précédent son numéro :

  • Les trains « K » , abréviation de  快速  (Kuai Su => rapide) : le train le plus lent (sic) mais aussi le moins cher. C’est donc le train ROOTS!

En fait la Chine, c’est comme le train indien…mais à l’intérieur des wagons, pas à l’extérieur ^^

  • Le train T, abréviation de 特快 (Te Kuai => particulièrement rapide) : s’entend le train  » le plus rapide », hors ligne TGV….ne vous attendez pas à dépasser les 150km de pointe… »particulièrement rapide » qui disait

Tient, Depardieu pense comme moi ^^

  • Le train Z, abréviation de 直达 (Zhi Da => direct) : le train avec le moins d’arrêt. On reste toutefois loin de la vitesse de pointe tant espérée

Hoo le Raincy, l’ilôt des riches en terre (pelée) de Seine Saint Denis

  • Le train D, abréviation de 动车 (Dong Che =>voiture qui se meut) : que de poésie pour désigne un train qui peut atteindre à l’aise les 300km/h. C’est l’équivalent du TGV mais avec le plus grand réseau ferroviaire au monde : Beijing <-> Canton en 8 heures (2 300km).

Tout ça pour dire que j’ai eu le droit à un train « T » c’est à dire, le « plus » rapide. S’entend en chinois : 16 heures pour faire 1 600km….100km/h de moyenne, on a déjà vu plus rapide. L’avantage du train en Chine est qu’il part rarement en retard et est même susceptible d’arriver un peu en avance. Vu la durée du voyage, j’ai opté pour le train couchette.

Voici mon ticket

Voici mon ticket

Le ticket se décryptant comme suit :

上海 à 西安 ; Train numéro T 138

Départ : 27 décembre 2012 – Départ (开始) 15:56

Voiture (车) 6, compartiment n°18 (号), couchette inférieur (下铺)

– Nouvel air conditionné (新空调) et couchette « dure » (硬卧)

Tarif : 333Y (les couchettes inférieures étant les plus prisées, donc plus chères, car plus pratiques)

Let’s go pour la gare, sous une pluie battante! Les gares chinoises étant particulièrement grandes, des salles d’attente entièrement aménagées permettent d’attendre dans une ambiance « électrique  » . Avant cela, obligation de passer l’ensemble des bagages au rayon X et portique de sécurité…mais les contrôles sont plus formels qu’autre chose.

Dans les startings blocks

Dans les startings blocks

Hop! Hop! En Chine, fais comme les chinois donc j’applique : je pousse, je bouscule et je piétine les impudents qui m’empêcheraient d’atteindre au plus vite mon compartiment pour poser mes affaires dans le porte bagage le plus « safe ». A l’entrée de chaque wagon, on montre son ticket à une froide et moche charmante et souriante agent ferroviaire. En échange  de quoi, elle échange votre ticket comme une carte en plastique….pourquoi ? j’ai jamais compris pourquoi.

A vrai dire, un train en Chine c’est comme un train en France, notamment les trains couchettes. La différence majeure étant que les compartiments ne sont pas fermés.

Dans le ventre de la Bête!

Dans le ventre de la Bête!

Comment ça, "pas exotique" ?

Comment ça, « pas exotique » ?

Normalement, dans un train pareil, je suis censé être l’attraction pendant tout le voyage. Les questions les plus classiques y passent : d’où tu viens, est-ce que tu es marié (L.O.L…), depuis combien de temps tu apprends le chinois etc. Normalement, on m’invite à grignoter des graines de tournesols dont les « coquilles » jonchent le sol en guise de moquette. J’ai même un fois (Belgique Power) été invité à boire le débouche chiotte qu’ils osent appeller 白酒 (Alcool blanc). Ca c’est d’habitude….

Mais cette fois_ci, makache bolo ! Il ne s’est rien passé pendant 16 heures : même pas un bonjour dans les entres wagons (« salles fumeur »), lieu où j’échange cigarette sur cigarette en général. Personne ne se parlait. Bref, un voyage plutôt chiant. Au moins, ça aura été reposant à défaut d’être passionnant.

L’autre particularité du train en Chine, ce sont les vendeurs ambulants (acrédités par la société ferroviaire nationale) qui passent toutes les 20 minutes : l’un vend des magazines, des livres et des cartes, l’autre des fruits frais, encore un passe avec ces plats tout préparés. Le plus courant étant le vendeur « épicier ambulant » : boissons, cigarettes, nouilles instantanées, saucisses, gateaux. Le tout dans une chariote étroite pouvant passer entre la paroi et les couchettes.

A manggggeeeeeerrr!!

A manggggeeeeeerrr!!

Le mieux étant de faire comme les chinois avant de monter à bord : acheter tout plein à boire et à manger, et tout consommer pendant le voyage. Perso j’adore, et cela revient moins cher que d’acheter chez le vendeur ambulant. En plus, manger pour passer le temps, y’a pas mieux!

Bref, arrivé le lendemain matin à 8:30 à Xi’an, mon partenaire de langue 刘帅 était gentiment venu me chercher. A Xi’an, voici à quoi ressemble la gare l’été :

Directement sur les remparts :), magnifique!

Directement sur les remparts :), magnifique!

En tout cas, pas mécontent d’être rentré à la « maison »

Bye Bye Shanghai

Bye Bye Shanghai

Premier bilan après 1 mois en immersion à Xi’an (Chine)

Je me lance dans l’art délicat du « premier » bilan, après seulement 1 mois de pure immersion. Immersion, je vous le rappelle, qui a pour but de me rendre totalement bilingue en Espéranto (sic)… . Première expérience pour moi dans la mesure où je n’ai pas eu le plaisir de partager les joies de « Erasmus » durant mes années d’Université et de surcroit, après avoir gouté aux joies du monde du travail. Loin de la famille, de mes amis, de mes habitudes, de ma langue maternelle, de ma nourriture préférée…bref, loin de TOUT! Arrivé le 23 août 2012 à Xi’an, je vais donc tenter de faire un petit bilan, provisoire, avec des tops et forcément des flops mais aussi les choses qui ne m’ont en rien étonnées.

          1. « Honnêtement, je suis DE-GOU-TAAAYY! »

C’est pô juste!

  • Je ne progresse pas assez vite en chinois….mais je sens tout de même que les choses avancent. Je rêve de temps en temps en chinois (bon signe, surtout quand on rêve que l’on commande à manger, comme ce que je fais tous les jours, no comment!), je me mets à parler automatiquement en chinois avec mes coreligionnaires, s’entrechoquant avec l’anglais voire le français. L’étude intensive devrait porter ses fruits mais ne remplace en rien une écoute permanente du chinois et des débats enflammés avec les locaux
  • J’ai toujours pas pris une seule douche chaude….mais il parait que c’est prévu pour octobre-novembre. En attendant, tous les matins, c’est douche glacée et je sens que la température est en train de doucement diminuer jours après jours. Il fait encore 20°C facile l’après midi avec un beau ciel bleu, mais quand le brouillard et la pluie s’en mêlent cela devient vite moins drôle. Même en allant à la piscine hier, il n’y avait plus d’eau chaude dans les douches ; maudit que je suis! Y’a plus qu’à prier Saint Leblanc (mais si, de « ELM Leblanc »…nul, je sais!)
  • Revenir d’un lieu touristique par les transports « publics » relève toujours autant du tour de force….mais c’est souvent l’occasion d’expérimenter la débrouille « made in China », même si le confort et la sureté sont à revoir.
  • J’ai expérimenté toutes les souffrances pathologiques qu’un touriste lambda endure en arrivant et pendant plus de 3 semaines (aphtes géant, tourista, et plus…si nécessité)…mais je me dis que maintenant je suis globalement immunisé et que tout ce bordel ne devrait pas revenir de si tôt.
  • Les tensions palpables entre Chine et Japon à l’approche de la fête nationale (caillassage de bagnoles nippones, molestages…)…. mais cela a permis aussi de souligner la véritable unité qui se dégage de tout un peuple quand bien même celui-ci sait se montrer (à raison) très critiques contre certaines dérives politiques (inévitables dans tout gouvernement à vrai dire)

          2. « Ca ne m’étonne même plus. »

  • Les gamins de moins de 3 ans avec le pantalon fendu jusqu’à la raie (notez le champ lexical plein de subtilités : raie, fendue, pantalon…) et qui s’arrêtent devant toi ou sur un bord de trottoir pour se soulager…si seulement je pouvais faire pareil (le manque de souplesse surement).

Ah ben bravo la pudeur….

  • Le « Tofu fermenté » ou 臭豆腐  (chòu dòufu). Petite douceur chinoise qui consiste en du tofu longuement fermenté puis frit et qui dégage une odeur à la croisée de la fausse sceptique et de la bouse d’éléphant (et non de Munster comme ose le dire Wikipedia)

Ouah la vache, ça schmouke!

  • Les toilettes chinoises, toujours aussi ragoutantes avec leur camaïeu de couleurs et d’odeurs de toutes sortes…on en oublierait presque parfois que ce sont des toilettes…

A taaaaable!

           3. « Putain que c’est BOOON! »

  • L’apprentissage du chinois avec enfin des cours réguliers et un professeur devant soi. Même si j’ai eu le droit à quelques cours (de très bonne qualité, soit dit en passant) via l’Institut Japonais (hééé ouais, ça ne s’improvise pas non plus…la cohérence), là j’y ai le droit tous les matins, 5 fois par semaine. Les objectifs sont différents et vous obligent à user des différents ressorts de la langue : écoute intensive, conversation etc. Un cadre universitaire comme je les aime vu que que je ne le perçois pas comme une contrainte mais comme un support inégalé à l’assimilation du langage. Rares sont les mots prononcés en anglais, tout n’est que chinois et chinoiseries. Et même si parfois l’on rit jaune (hahaha, ça fait ton sur ton => je suis sorti!), le plaisir d’apprendre est là.
  • Les chinois sont d’une chaleur humaine et d’une cordialité qui en ferait palir plus d’un. C’est sur, le côté  » je suis étranger » joue indubitablement et on ne va pas cracher dessus tellement ce ressort est un formidable atout pour lier de nouvelles relations et de nouvelles amitiés. J’ai eu le plaisir de rencontrer plus d’une dizaine de nouvelles personnes et je passe à chaque fois des moments inoubliables. Les chinois ont un vrai sens de l’accueil et de la réception. Se faire inviter à manger par des étudiants infortunés, ça n’a pas de prix! Mais au delà de la blague, cela démontre encore à quel point ils ont plaisir à converser avec des étrangers…voire plus si affinités (on se détend!). Moi je suis tout simplement FAN (comme dirait Obispo…-_-)

Puisque je vous dis que c’est possible!

  • Les paysages en Chine (hors de la ville, encore que à Xi’an) sont tous simplement magnifiques et largement méconnus. Et que l’on arrête de me parler simplement de la Grande Muraille et du Palais d’Eté à Beijing. Je peux vous garantir qu’il y’a plus beau à voir et à contempler dans toutes autres régions de Chine que ce soit au Sichuan, en Mongolie Intérieure, dans le Henan ou encore dans le Hubei. Pour peu que la curiosité aiguise votre appétit, vous aurez tôt fait de tomber sur de véritables paysages de Cocagne et qui n’usurperaient par un classement au Patrimoine de l’Unesco. Et je compte bien profiter de mon séjour pour visiter ces endroits dont certains ne sont signalés dans aucun guide. Laissez vous porter!

Feng Huang ( 凤凰县)

  • Ce voyage me permet aussi de me redécouvrir, de changer, d’apprendre à évoluer dans un environnement totalement différent. Même aidé par de nombreux amis, ce n’est pas toujours évident mais quel super défi que la victoire sur ses démons et la quête de soi! Là aussi, je ne suis pas déçu et reviendrais indubitablement changé de ce voyage…qui ne sera pas le dernier, loin s’en faut! C’était la minute « ma gueule »!

Bondour!!

  • Et puis que serait ce voyage sans l’émerveillement culinaire. Même si je savais que j’allais adorer, je ne pensais pas découvrir de nouvelles saveurs aussi variées, quand bien même le régime de base est la nouille (je parle des pâtes de blés….) : toujours faites main, les nouilles sont tantôt frites, sautées, bouillies, accompagnées de légumes ou encore de viandes diverses, de piment etc.. il y en a pour tous les goûts et essaierais de vous les faire partager au travers du blog! D’ailleurs, c’est l’heure de manger!

Zoubi!

J’en profite pour vous remercier pour l’ensemble de vos commentaires. Quelques qu’ils soient, ils sont toujours un plaisir à lire voir à y répondre. N »hésitez pas à communiquer l’adresse de mon blog à toutes les personnes qui seraient intéressées de prés ou de loin par la Chine. En espérant pouvoir les aider (ainsi que vous même) à concevoir et à percevoir la Chine et les Chinois différents que ce que l’on veut bien nous faire croire. Merci public!!!

Je vais quand même pas mettre une légende sur un message aussi évident…oh wait!

PS: quand je pense que j’ai des lecteurs des USA, du Cambodge…. dénoncez vous, ça m’intéresse ^^