La rengaine du jour :  » Reverie / Harlequin Forest » par Opeth

Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas fait part de mon humeur musicale. A vrai dire, sur un blog consacré à 98% à mon expérience en Chine, très rares sont ceux qui trouvent de l’intérêt à mes chroniques musicales. D’autant plus que ces chroniques traitent d’une musique très peu appréciée (Grou Grou Grou le méchant « METAL »).

Peu importe à vrai dire, car c’est mal comprendre la place que la musique, le rock en général et la musique metal en particulier, joue dans ma vie. Non, je n’en vis pas mais c’est comme un second souffle, un système sanguin parallèle sans lequel je ne pourrais m’accomplir en tant qu’être. Et non je ne vais pas trop loin en disant ceci : sans cette musique, peut être que ce blog n’existerait pas. C’est pour cela que même si personne ne lit ces récits musicaux (merci Sarah de me l’avoir bien fait comprendre), je me dois de rendre hommage ponctuellement à ce que je considèrerais quasiment comme une drogue. Fermez le ban!

Avec le groupe Opeth, on entre dans le vaste monde du death-metal progressif : mouvance musicale mariant savamment les structures alambiquées voire spatiales de la musique progressive avec la rudesse et l’âpreté du chant « growlé » du death metal. L’un de ses dignes représentant est le groupe suédois Opeth. Groupe que j’avais commencé à rejeter totalement en les découvrant lors d’un live du « Progressive Nation » au Zenith de Paris (avec Dream Theater et Big Elf). Et puis, m’interrogeant sur un tel succès, je me suis un peu plus intéressé au groupe, et je n’ai pas été déçu : puissance, inspiration, énormément d’alternance musique apaisée/musique enragée. C’est un groupe très étonnant et d’une richesse musicale très rare, et cela se ressent sur leur discographie. Voici donc ce que j’écoute actuellement :

Qui : Opeth

Titre : Reverie / Harlequin Forest

Album: Ghost Reveries (2005)

Une chanson qui résume parfaitement les qualités et la diversité musicale d’Opeth, sur un album qui pourrait parfaitement résumer leur carrière musicale. L’intro est tout simplement magnifique, avec un lick de guitare entêtant voire épique. Le chant clair d’ Akerfeld se fond totalement dans ce qui semble être le début d’un songe, jusqu’à ce que sa voix ne change subitement à partir de 2,30 minutes. On retrouve ce chant hargneux qui accompagne quasiment tous les compositions d’Opeth, un chant rageur mais jamais haineux (lisez les paroles bon sang!). Une batterie aux petits oignons d’apparence simple mais au niveau des plus élevé. Enfin, la boucle musicale répétitive est un véritable casse tête rythmique et, est une des signature du groupe. Laissez vous portez par le titre, sans aprioris, ça vaut le coups d’oreille. Une fois encore, le titre joué en concert est toujours plus énergique mais l’écoute de la version album est hautement recommandable pour bien cerner l’ambiance du titre en question.

BONUS:

Nombreux sont ceux qui connaissent mes penchants plus que prononcés pour la musique brutale. Voici donc le morceau d’Opeth par lequel tout a commencé, morceau entendu la première fois sur une webradio metal, et qui m’a donné envie de m’intéresser au groupe. Une fois encore, j’ai cherché la prestation en « live » et je n’ai pas été déçu par « Wreath » ( Album : Deliverance – 2002). Surement le morceaux le plus brutal du groupe et pourtant que de nuances. Le riff de guitare principal est bluffant de mélodie, et est, encore une fois, particulièrement entêtant sans être désagréable. Laissez vous tenter par les deux solos guitare qui suivront, un pur bonheur pour les connaisseurs. Et que dire de cette descente de toms de batterie en intro ?

BONUS of THE BONUS:

Je ne pouvais pas ne pas ajouter un ultime morceau du groupe pour illustrer la diversité musicale qu’il représente. Voici « Windowpawne » (Album : Damnation – 2003). Un pur bijou : point de saturation, point de hurlement, tout est douceur. L’ensemble de l’album est composé de titres similaires : guitares douces, arpèges multiples, chants harmonisés (et harmonieux), une facette inimaginable pour les non connaisseurs. Envolez vous avec les nappes de claviers, je n’en redescends toujours pas!

Qu’est ce qu’on mange : immangeable ?

Au fil de mes chroniques culinaires, certains d’entre vous on pu constater une partie de la richesse de la gastronomie chinoise. Loin des poncifs erronés type « rouleaux de printemps » et autres « nems » (des mets vietnamiens), je dirais que la cuisine chinoise est l’une des plus variée au monde.

Si dans mes dégustations j’ai bien l’impression de reconnaitre certains fils conducteurs (du fait notamment des aromates systématiquement utilisés), la diversité des plats ne permet pas vraiment de constater un aspect homogène à la cuisine chinoise. Il existe bien des « familles » de cuisine chinoise, souvent catégorisées par leur région d’origine, mais même là, on passe aisément du 饺子 (Jiao Zi – Ravioli) au flanc de coques (bucardes).

Le Nord de la Chine se distingue par une cuisine plus riche (s’entend par la, plus grasse), à base de nombreux bouillons, ragouts en tout genre. Le tout accompagné de nouilles ou de 馒头 (Man Tou – boule de pain cuite à la vapeur). La dureté du climat et ainsi qu’une aridité plus marquée qu’au Sud explique la faible implantation du riz dans le repas quotidien. Une cuisine bien plus roborative (globalement), moins distinguée et, à mes yeux, avec plus de caractère, plus tranchante…plus mieux!^^

La cuisine du Sud est déjà plus adaptée au palais des occidentaux, avec des plats plus variés, à l’élaboration plus fine (même si l’on retrouve des composantes qui peuvent être rébarbatives pour les européens ; par exemple : le piment). Le bol de riz est incontournable pour accompagner la fin du repas (et pas le début comme on a tendance à le croire). Et en se rapprochant du Vietnam et de la Thaïlande, on croise effectivement des plats semblables aux rouleaux de printemps, porc au caramel ou encore bœuf sauce loklak (saveur Khmer) . En avançant sur Hong Kong (香港 – Xiang Gang), on retrouve les Dims Sums, et autre petites bouchées à la vapeur ou raviolis aux crevettes. Bref, tout une cuisine plus familière aux européens, de part une immigration chinoise essentiellement en provenance du Sud Est de la Chine.

Tout ça pour vous dire que les Chinois ont également la particularité de cuisiner plus de choses, de manger plus d’éléments relatifs à la viande ou au poisson. J’entends par là : si en France, « tout est bon dans le cochon »,  en Chine cette apophtegme est applicable à tous les animaux. D’ailleurs, n’y a-t-il pas une expression en Chine qui dit que « Hormis les chaises et les tables, les chinois mangent tout ce qui a 4 pattes« . Cette citation souffre de nombreuses variantes et adaptations locales, sans entrer dans les détails, c’est la version la plus populaire.

Mais au fait, qu’est ce que les chinois mangent et que nous ne sommes pas instinctivement prêts à manger ?

La tête de la bête, tu mangeras

Je vois déjà ceux de mauvaise foi me répondre : « Oui, mais en France, il y’a bien la tête de veau ravigote « . Tout à fait ! A ce détail près, qu’il s’agit en réalité d’une préparation à base de morceaux de la tête de veau, roulés sous forme de rôti. On est loin de certaines représentations populaires.

En Chine, quand on dit « la tête de l’animal », c’est la tête en entier! Il me semble que je vous avais déjà parlé de la tête de canard dont mon copain se repait sans modération…à mon grand désarroi! A l’occasion d’un diner avec des camarades de classe, nous nous sommes rendus dans un restaurant spécialisé dans la cuisine du 四川 (Si Chuan – réputée particulièrement épicée), et plus particulièrement….dans la tête de lapin!! Oui! Oui!

Eurgh!!

Eurgh!!

Les chinois ont vraiment cette particularité de « grignoter« , ils aiment ça et cela entre en adéquation avec un principe de médecine chinoise (ch’ais plus lequel!)! Ils raffolent donc particulièrement de tout morceau de viande (aussi petit soit-il), entourant un morceau d’os ou de cartilage (encore que le cartilage est aussi particulièrement apprécié, médecine chinoise etc. moi je laisse tomber au bout d’un moment hahah…hum…). Dépiauter, grignoter des têtes de canard, des pattes de poulet, des têtes de lapin, tout y passe. Dubitatif au début, je me suis dit « On y est, tant qu’à faire, autant gouter ça! Ça sera toujours un truc de warrior à raconter lors de mes passages en France« . Allez, je goûte! Et quelle fut pas ma surprise de trouver les têtes de lapin tout à fait à mon gout. La langue est tout particulièrement savoureuse

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Bwaaaaaa!

J’en aurais bien mangé une deuxième mais « Bwaaa », c’était Âchement piquant! J’ai cru que j’avais les dents qui se déchaussaient, un peu comme lorsque tu bois de l’alcool blanc en Chine…

Des viscères et abats, tu te régaleras

La cuisine française actuelle semble faire de moins en moins cas des morceaux les moins nobles de la bête. Hormis quelques plats à base de foie ou de rognons, rare sont les gens qui semblent encore apprécier un plat à base d’abats. Prononcez le mot « tripes » ou encore « ris de veau », et vous êtes à peu près sur de provoquer la révulsion de votre interlocuteur. Et c’est bien dommage! D’un tempérament curieux, et n’ayant jamais vraiment eu l’occasion d’en déguster plus petit (merci papa et maman-_-), les abats sont apparus comme une évidence en Chine. Car oui, les chinois en raffolent comme jamais. Est ce parce que c’est moins cher que les parties « nobles » de la bête ? Je ne sais pas trop mais il est  difficile de passer au travers de plats sans abats.

En Chine, en plus du tripier habituel, on trouve également des chaines de magasins spécialisés dans la triperie de volaille : on trouve donc des cœurs de poulet, des tripes de canards, des pattes de poule etc… Y’en a à tous les coins de rue! Les abats se mangent à tous les sauces : en ragout, en brochettes, sautés etc…

J’admets tout à fait que ce sont des parties du corps de l’animal qui, à première vue, ne suscite pas l’engouement. Je ressens cela à chaque fois, quand bien même j’en raffole (mais qu’est ce que je suis bavard….pffff…). Quand on mange un plat avec des tripes, rien qu’à l’odeur, y’a pas de doute sur l’origine de la marchandise et encore moins sur la partie de l’animal en jeu, c’est certain.

Ragout d'intestins aux germes de soja, piment et sang de porc! Le Quarté + dans l'ordre!

Ragout d’intestins aux germes de soja, piment et sang de porc! Le Quarté + dans l’ordre!

Alors là, j’ai cru m’effondrer en lisant la carte de ce que l’on allait nous servir. Le ragout de tripes au piment, germes de soja et….morceaux de sang de porc…BOURK!! Mais en fait non, c’est délicieux et je ne plaisante pas. Alors oui, l’odeur y est, la couleur aussi, mais la saveur également et c’est vraiment très bon pour peu que l’on se sorte un peu les œillères que l’on se fixe (consciemment ou non). Bon, le sang de porc ou de tout autre animal, je n’en raffole pas particulièrement : ça a un goût un peu métallique et j’ai l’impression que mes dents crissent par la suite. Mais abstraction de cela, ce type de plats a un valeur gustative non négligeable, que je recommande donc 🙂

Vous en reprendrez bien une louche ?

La Chine qui dort

Comme dans tout pays que l’on considère comme « étranger » (vu que ce n’est pas chez nous, tiens!), il convient de découvrir et de s’adapter rapidement à un environnement, aux us et coutumes souvent forts différents de ceux de notre mère patrie. La Chine ne fait pas exception, et je dirais qu’elle renforce cette impression. Tant de gens semblent blasés, déçus voir haineux de ne pas avoir trouvé leur place en Chine. Ces gens sont ainsi prompt à cracher leurs ressentiments directement à la face des chinois et de la Chine : « Pourquoi ne me comprennent-ils pas ? » « Pourquoi ne font-ils pas l’effort d’essayer de faire comme NOUS, les Européens, LE standard de tout mode de vie ?« . C’est vrai après tout, pourquoi se remettre en question quand on débarque dans un pays étranger, qui plus est est doté d’une population de près d’un milliard et demi de gens ? Ce n’est pas comme si on avait la même exigence à l’égard des milliers d’immigrés qui aspirent à vivre en France… Bref, je ne m’égare pas plus longtemps, puisque initialement je souhaitais vous parler du rapport des chinois au rythme de vie, au sommeil, au « farniente », à la sieste, bref, à toutes activités particulièrement productives!

Les chinois à l’heure anglaise

A bien y réfléchir, la Chine et l’Angleterre partagent plus d’un point commun. Pour ce qui intéresse mon post, j’en retiendrais deux : le thé et un caractère de « lève-tôt ».

Revenons sur ce dernier critère. Ne trouvant pas mes mots, voilà ce que j’entends par « lève-tôt » : une propension à commencer très tôt une journée, provoquant ainsi une prise des repas également très tôt. Vous ne comprenez pas ? Plus simplement : en Chine, on mange tôt! Voire très tôt…même trop tôt!

J’ai effectivement pu constater que la société chinoise était plutôt habituée un démarrage très matinal contrairement à certains pays européens comme l’Espagne par exemple, où l’on n’hésite pas à prendre le petit déjeuner entre 10h30 et 11h. La nouvelle génération chinoise fait un peu tomber mon constat à l’eau, puisque la jeunesse chinoise est aussi friand du « couche tard, lève tard » (ça a un côté rebelle aussi), mais en gros, une journée en Chine commence très tôt le matin. J’en veux pour preuve, la majorité des bui-bui et autres échoppes mobiles qui s’installent sur le macadam et ouvrent leurs portes dès 5h du matin afin de rassasier les premiers travailleurs se rendant au boulot. Donc oui, en Chine, tout se passe plutôt que chez nous.

On me reprochera un raisonnement empirique, et je l’assume tout à fait : les « vérités » populaires et la réalité du quotidien ne se trouvent pas dans de savants calculs ou autres traités philosophiques (sagement planqués dans une bibliothèque poussiéreuse), non!

Quand je me rends tous les jours en cours et que je m’aperçois que certains prennent leur déjeuner dès 10h45, c’est bien parce que la journée a commencé très très tôt. Globalement et du point de vue de la restauration, un service « déjeuner » débute vers 11h pour atteindre le pic de fréquentation à 12h-12h15, jusqu’à la fin du service vers 13h. C’est très court mais comme je le disais déjà, les chinois mangent à la vitesse de la lumière et le turn-over est donc énorme en terme de clients/gourmands. Combien de fois je ne me suis pas retrouvé dans le noir à la cantine, à 12h45, parce que les serveuses éteignaient la lumière  pour faire partir les derniers étudiants ? C’est dire…

Pour ce qui est du diner, c’est pareil! Tout commence à partir de 17h! Quel ami chinois ne m’a pas appelé vers les 17h – 17h30 pour me demander si je n’avais pas mangé ? A ma réponse négative, ils me répondaient qu’ils avaient déjà diné…à 17h30! Voilà bien un rythme auquel je ne me suis toujours pas habitué, mais qui ravirait certainement les habitudes cloisonnées de mon cher papa ^^ . Et dans la majeur partie des petits restaurants, si vous débarquez après 19h30, vous pouvez être sur que la moitié de la carte des plats ne sera plus disponible car votre arrivée est un peu tardive pour le cuistot.

En France, tu vas en boite de nuit à 00h ? En Chine, la soirée au bar-karaoké (KTV) commence à 20h!! C’est encore quelque chose qui m’hallucine (mais que je respecte): un rythme de vie donc un peu décalé par rapports aux us méditerranéens  (dont je me revendique un peu).

Mais pourquoi est-ce que je vous parle de tout ça après tout ? D’une part, pour vous éclairer (bande d’ignares!) sur un certain point de la vie quotidienne de très nombreux chinois. D’autre part, comment vous croyez que les chinois tiennent de 6h du matin jusqu’à 22h-23h ?

La sieste : une institution culturelle

En Europe, notre perception biaisée des Chinois se traduit jusque que dans certaines expressions comme « Travailler comme un Chinois » pour exprimer un travail long, fastidieux et souvent peut rétribuant . Nous avons un peu l’image de Chinois comparables à des machines, déshumanisés et travaillant tous à la chaine. Dans certains cas, et c’est particulièrement regrettable, c’est une réalité (Usine Foxxconn dans le Sud Est etc.) mais qui en masque une autre. Les chinois ne sont pas fainéants mais ils assument un moment de leur journée qui pour nous, occidentaux, est le parfait symbole du lambin, du fainéant, à savoir : la sieste.

Car pour tenir une journée qui commence très tôt et se terminant bien après le couché du soleil, les chinois ont bien compris qu’un temps de repos était nécessaire pour assurer une productivité, une efficacité (au travail mais pas seulement) dans le déroulement de la journée. Je soupçonne que cette habitude doit être rattachée à un précepte de médecine chinoise, mais je n’en suis pas certain. Après le repas, la digestion accaparant une grande partie de notre énergie, il n’est pas anormal de se sentir « fatigué » et d’avoir envie de piquer un somme. Hé bien les chinois ne se gênent pas pour le faire!

Mes amis chinois à l’université m’ont toujours dis qu’ils devaient faire une sieste après manger, avant de commencer les cours de l’après midi, sinon « ils sont trop fatigués »! CQFD! Personnellement, je pense la même chose mais durant mes années de travail en tant que juriste, cette idée ne semblait pas faire l’unanimité au sein de la direction des RH….allez savoir pourquoi ; cela ne m’empêchait pas pour autant de piquer un roupillon après un déjeuner fort en émotions ^^.

Mais les chinois ne semblent pas se contenter de la sieste car en cas de « blanc » dans leur journée, nombreux sont ceux qui n’hésitent pas à piquer un roupillon, à toute heure!

Scène de romance en plein centre commercial

Scène de romance en plein centre commercial

En Chine, on mange à toute heure mais on dort également à toute heure. Si bien que je n’ai pas été surpris de voir certaines personnes dormir (ou continuer leur nuit) dès potron-minet. Et je m’étonnerai toujours aussi de cette faculté que certains ont pour dormir, entourés d’une foule oppressante et turbulente.

Au départ pour 十堰 (Shiyan) en gare de 西安 à 8h30 du matin!

Au départ pour 十堰 (Shiyan) en gare de 西安 à 8h30 du matin!

Et en plus de dormir à tout moment de la journée, certains chinois (j’évite les amalgames, hein ?!) ont également une faculté à dormir dans des positions les plus improbables qu’il soit. Ce qui les rend ainsi adaptés au transport en train durant de très longues heures. Ces scènes de vie me paraissent tellement touchantes même si je ne peux réfréner un petit sentiment de pitié quand je vois certaines positions inconfortables : leur repos en est-il vraiment un, entre les chaos du transport et le foule environnante ?

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Dans certains cas, cela peut parfois s’avérer assez drôle voire mignon. Quoiqu’il en soit, les chinois et leur façon de vivre me feront toujours autant sourire tant d’amusement que de plaisir, à voir un peuple vivre différemment de nous, et de le vivre loin des poncifs misérabilistes de certains européens peu enclin à comprendre les charmes et mystères cachés de la Chine. Tant pis pour eux car personnellement, mon amour pour ce pays est renouvelé chaque jour…et à la moindre occasion, fusse-t-elle aux yeux de certains, complètement anecdotique. Preuve en est, je vous ai tenu en haleine sur le seul thème de la sieste en Chine ^^.

Pour le mot de la fin, je laisserai la parole à mon compagnon de voyage, lors de mon retour de 十堰 après le nouvel an. Train de nuit de 00h30, 7h de trajet assis.

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« Foutez moi la paix, je dors! » (traduction approximative)

Le nouvel an chinois vu de l’intérieur VI : la visite de 武当山 (Wu Dang Shan – La Montagne Wudang)

Nouvel an ou pas, on ne vient pas à 十堰 (Shiyan) pour rien. A vrai dire, si l’on ne connait personne dans cette région du 湖北 (Hubei), rien ne prédestine à la visite et encore moins à la visite de sa banlieue (modeste). Non, ceux qui se prennent la direction de 十堰 (Shiyan) ont un but principal : visiter la fameuse montagne Wudang (武当山 – Wu Dang Shan).

« Jamais entendu parlé! » me répondrez vous. Je serais tenté de dire « faux!« . Oui, si je vous dis « Tai-chi-chuan » (太极拳 – Tai Chi Shuan) ? Hé bien ce style de combat est originaire du 湖北 (Hubei) et plus précisément, de la Montagne Wudang, et vous avez déjà certainement vu certains chinois pratiquer cet art ancestral, notamment très tôt le matin dans les parcs publics.

Si je vous dis « Tigre & Dragon » ? Le film de Ang Lee qui a fait un carton au cinéma en Europe, et tout particulièrement en France ? Hé bien le héro principal, Li Mu Bai, est issu de l’école de Wudang, véritable pendant de l’école de Shao Lin (少林). Preuve en est en vidéo, ce sont les premiers mots qu’il prononce :

Donc la montagne Wudang (武当山) n’est pas  totalement inconnue dans l’imaginaire européen, même si l’image du Temple de Shaolin (少林寺 – Shao Lin Si) est bien plus vivace. A ce sujet, je me permettrais d’émettre un avis très personnel (Si, j’ai le droit! C’est mon blog après tout!) : ayant visité le Temple de Shaolin il y’a 3 ans, je peux vous assurer que c’est certainement l’une des plus grande arnaque touristique de toute la Chine! Ticket d’entré hors de prix, site de visite des plus indigent, c’est un véritable supermarché du Kung Fu à ciel ouvert, avec prestations d’élèves de Shaolin dans un amphithéâtre etc (même dans « Le plus grand cabaret du Monde » de Patrick Sébastien, on apprécie mieux le spectacle)! Bref, ce site est une honte et je déconseille très vivement la visite, il n’y a vraiment RIEN A VOIR! Mais je m’égare!

Contrairement au Temple de Shaolin, le montagne Wudang (武当山) mérite amplement le détour…

Une visite en pleine période des vacances nationales chinoises

A croire que visiter la Chine en pleine période de vacances nationales est devenu un sacerdoce. L’occasion fait le larron à vrai dire : étant dans les parages de la dite montagne, pourquoi se priver d’aller y jeter un coups d’œil ? De plus, les cours à l’université reprenant le 3 mars 2014, je n’aurais peut être pas d’autre occasion de m’y rendre, alors tant pis pour la foule!

Le site de Wudang se trouve à une quarantaine de kilomètres depuis la ville de 十堰 (Shiyan). L’accès par la route est possible, tout comme l’accès par train puisqu’il y a même une station qui lui est dédiée, à 30 minutes de la station de 十堰 (Shiyan). L’attraction est classée patrimoine de l’UNESCO depuis 1994.

Une fois arrivé sur le site principal, on se trouve en réalité à la base de la montagne et il convient d’acheter un ticket d’accès pour l’ensemble du parc : 246Y (30€) en plein tarif, c’est 146Y (17,50€) pour les personnes âgées et handicapées et 126Y (14,50€) pour les étudiants (still I am ^^). Les locaux peuvent même profiter d’une entrée à 100Y (12€) s’ils présentent une carte spéciale leur donnant accès à de nombreux sites touristiques gratuitement, bien vu! Encore une fois, et c’est l’une de mes principale et récurrente critique à l’égard des sites touristiques en Chine : les tarifs d’accès sont exorbitants au regard du coût global de la vie et des salaires. A 庐山 (Lu Shan), l’entrée plein tarif était à 180Y, à 南京 (Nanjing), l’accès à la Montagne pourpre était de 115Y en plein tarif…

Les tickets achetés, nous devons ensuite prendre un petit bus qui nous mènera à la base du sommet de la montagne, car il n’est tout simplement pas possible de procéder à une quelconque ascension du mont depuis là où nous nous trouvons (à tout le moins, c’est ce qu’il m’a semblé à première vue, le cas échéant n’hésitez pas à me corriger). C’est parti pour une ascension de près de 30 minutes de virages en lacet, largement comparable au trajet Toulouse – Perpignan par Quillan (les amateurs me comprendront).

Les premiers arrêts nous permettent de visiter les anciens bâtiments, succession de temples aux murs ocre et tuiles d’un vert de jade magnifique. Le temps jouait en notre défaveur puisque l’ensemble de la montagne était recouverte d’une épaisse brume d’humidité, qui néanmoins renforçait l’atmosphère mystérieuse, mystique…très « Tigre & Dragon » (c’est de circonstance).

Le Palais du Paradis Violet (rien que ça...)

Le Palais du Paradis Violet (rien que ça…)

Le début de la visite est donc une enfilade (j’ose le mot) de petits temples et de succursales, le tout relié par de très nombreux escaliers, tantôt montants, tantôt descendants. On finit par s’y perdre mais après 2 heures à déambuler dans le brouillard, nous finissons par retrouver la voie principale qui devrait nous permettre d’accéder au sommet, à 5 km. En attendant, plus nous montons, et plus la brume s’épaissit, si bien que les flans de la montagne disparaissent complètement dans une mère de coton ne laissant rien apparaître du vide qui nous entoure.

"Attention à la marche"...

« Attention à la marche »…

« Mon royaume pour un ascenseur »

La foule est nombreuse et le début de l’ascension est loin d’être facile, entre ceux qui ont eu la bonne idée d’amener leurs enfants de 2 ans, sachant à peine marcher, ceux qui ont emmené leurs animaux de compagnie, ceux qui s’arrêtent en plein milieu de l’escalier pour prendre une photo en contre bas…, bref, visiter la Chine avec les chinois, c’est pas toujours gage d’une grande tranquillité d’esprit, mais ça forge indubitablement le caractère et la patience. Le problème étant aussi qu’avec une telle « animation » (热闹 – Re Nao) autour de soi, il est tout simplement impossible de profiter de la quiétude de la montagne Wudang, dommage.

Après une pause bien méritée, nous dégustons notre repas composé de nouilles instantanées ( l’adjonction d’eau bouillante étant facturée 3Y par le commerçant, no comment!), d’œufs durs, de concombres et …d’alcool blanc! (Malédiction!). Il est maintenant grand temps de s’attaquer à l’ascension des 4 derniers kilomètres…et s’annonce assez hard!

La brume se dissipe

La brume se dissipe

Effectivement, coincés entre 2 pics montagneux, nous apercevons de mieux en mieux les flancs grâce à une brume qui disparait soudainement. Les paysages sont magnifiques même si le manteau cotonneux persiste. Cette « aridité » hivernale donne réellement un sens particulier à ces paysages : pas de luxuriance verte mais des cailloux, des arbres sans bourgeons, entourés d’une brume mystérieuse et dévorante. Malgré le boucan généré par les autres visiteurs, la vue est extraordinaire …et ça continue de monter! les escaliers devenant de plus en plus pentus, de plus en plus irréguliers et élevés, c’est rude!

euh....

euh….

Tigre & Dragon

Le dernier kilomètre est le plus difficile, la fatigue s’ajoutant au poids de mon sac à dos plein de victuailles. Après presque 3h30 d’ascension totale, nous parvenons enfin à une grande plateforme donnant accès aux dernières centaines de mètres avant le plus haut sommet. Et là aussi, nous ne sommes pas les seuls, il faut donc faire la queue pendant presque 1h car l’entrée est fractionnée en raison de l’étroitesse des escaliers mais aussi par le fait qu’il faille passer par un tout petit temple pour monter au sommet. Petit temple qui, sans surprise, demandera un sus pour grimper au sommet, à raison de 26Y en plein tarif ou 15Y en demi-tarif (mais pourquoi cela ne m’étonne même plus….)

Nous touchons au but

Nous touchons au but

Après encore 20 minutes d’ascension en rang d’oignons, nous y voilà enfin : le dernier temple au sommet de la montagne Wudang (武当山), et quelle vue magnifique, les images (médiocres!) parlent d’elles-même , il faut le vivre!

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DSC07283La descente en télécabine (ça va, j’en ai bouffé des escaliers!) se fait sans encombre après s’être délesté de la somme de 80Y (10€)  (tarif haute-saison – 60Y en basse saison). La sorti de la station donne obligatoirement sur un centre commercial uniquement composé de boutiques souvenirs avec pour spécialité des épées et autres sabres de combat, des sculpture de jade etc. Pas moyen de passer à côté!

Nous prenons enfin le bus qui nous ramène au parking, et zou « Guigui téléphone maison« , retour à l’hôtel! Journée extraordinaire, riche en paysages mais toute aussi fatigante! La Chine n’en finit plus de me surprendre, et j’en redemande à chaque fois, et vous ?

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NB : n’oubliez pas d’aller visiter (enfin, si ça vous dit….) mes photos supplémentaires sur mon compte Flick’r, en bas à droite  du blog (cliquez « Plus de photos« ), ou en cliquant ici